Section 2 : Le choix ou la rencontre du conjoint.
180 Pasteur OGOULA-M'BEYE, op.cit., p.89.
181 Ibid., p.82.
182 Ibid., p.83.
183 Steeve Thierry BALANDJI, op.cit., p.2.
184 Louis ROUSSEL, Le mariage dans la société
contemporaine. Faits de population, données d'opinio Préface
d'Alain GIRARD, Paris, Puf, (coll. « Travaux et
documents »), cahier n°73, 1975, p.290.
Le choix ou la rencontre du conjoint est, selon nous,
l'étape première qui peut déboucher au mariage et donc
à la formation d'une famille. Cette étape nous
révèle deux dimensions : d'abord la place de la famille dans le
choix du conjoint ; puis le choix ou la rencontre de celui-ci comme affaire
individuelle.
1. La place de la famille dans le choix du conjoint.
En ce qui concerne la place de la famille dans le choix du
conjoint dans cette société traditionnelle gabonaise, nous dirons
que la famille a toujours eu une influence considérable dans le choix du
conjoint ; voire de la conjointe surtout. Dans la mesure où le mariage
sous-tend un arrangement familial, particulièrement pour une
stratégie patrimoniale, et vu que « l'importance du patrimoniale,
le souci de sa transmission ou de son accroissement, la nécessité
de trouver un successeur capable de le gérer, peuvent en effet rester
déterminant dans le choix d'un gendre ou d'une
bru. »185
Pour rester dans le même ordre d'idée selon
lequel, dans la société traditionnelle, la place de la famille
dans le choix du conjoint est prépondérante, BOURDIEU pense que
« l'initiative du mariage revenait non aux intéressés mais
aux familles, les valeurs et les intérêts de la "maison" et de son
patrimoine avaient plus de chances de triompher contre les fantaisies ou les
hasards du sentiments. »186
Ceci nous permet de dire que dans la société
traditionnelle gabonaise, le choix du conjoint n'était pas une "affaire
individuelle", libre, du ressort exclusif des intéressés ;
plutôt celui de la famille ; en quête d'une préservation
d'un éventuel patrimoine. C'était le temps des mariages
"arrangés" dans l'intérêt de la famille d'abord et
permettaient, si possible, d'éviter le désordre, les disputes par
la suite.
Pour renchérir notre propos, lequel propos met en
évidence la place prépondérante de la famille pour le
choix du conjoint, nous nous appuyons sur le
185 Ibid., p.206.
186 Pierre BOURDIEU, Le bal des célibataires. Crise de
la société paysanne en Béarn, Paris, Editions du
Seuil, (coll. « Points »), 2002, p.231.
Pasteur OGOULA-M'BEYE pour qui, « l'homme qui voulait
prendre une femme pour epouse ; après s'etre entendu tous les deux,
soumettait alors la question à son oncle maternel surtout, et
exceptionnellement à son père, si celui-ci vivait encore avec sa
mère. L'oncle ou le cas échéant le père du
fiancé partait avec les deux amoureux chez les parents de la future pour
leur dire : ces deux personnes s'aiment, ils veulent se marier. Si les parents
de la femme acceptent la proposition, le pretendant liait alors un bracelet de
ficelle autour du bras droit de sa promise. »187
Tout cela nous amène finalement à tirer la
conclusion selon laquelle, dans la societe traditionnelle gabonaise, les
parents, la famille en general a toujours eu une place
prépondérante quant au choix du conjoint, et qu'en
définitive, « ni le mariage ni la vie conjugale n'étaient
donc vécus comme affaires privees. »188
En definitive, nous retenons ici que le choix du conjoint et
partant, le mariage concretise et officialise un arrangement familial. Les
demarches en vue du mariage sont amorcees par les parents. A près tout,
cette preponderance de la famille dans le choix du conjoint dans cette societe
traditionnelle est aussi mise en exergue par Simon David YANA189
pour qui, le choix du conjoint est quasi-inexistant ; il parle plutôt
d'accepter celui fait par les parents parce que le mariage est un arrangement
entre familles. Il ajoute que « le mariage est conçu comme une
alliance entre deux individus, bien qu'il soit arrangé par les deux
familles alors que les futurs conjoints, surtout la femme, n'ont pas encore
atteint la puberté. »190
En un mot, « traditionnellement le mariage comme base de
la procreation representait un processus prolonge qui concernait les deux
familles et pas uniquement les deux individus. Le choix même des deux
epoux etait du ressort de la famille. Ce processus refletait le rôle
fondamental de la famille en tant que moteur
187 Pasteur OGOULA-0 IN < ,-1rm awa-1m-1 G(Q1
-1GI1nX4-1op.cit., p.84.
188 Louis ROUSSEL, op.cit., p.30.
189 Simon David YANA, « Statuts et
rôles féminins au Cameroun. Réalités d'hier, images
d'aujourd'hui », pp.35-47 in Politique Africaine. L'Afrique des
femmes, n°65, 1997, 165 p.
190 Simon David YANA, « Statuts et rôles
féminins au Cameroun. Réalités d'hier, images
d'aujourd'hui », ibid., p. 37.
des évènements du cycle de la vie.
»191 C'est un point de vue qui rencontre notre assentiment.
Toutefois, puisque cette même société
traditionnelle gabonaise subit les influences de la colonisation et ses
corollaires, il va de soi que le choix du conjoint connaisse des mutations, des
altérations ; pour devenir une affaire individuelle.
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