2. Institution du mariage à l'état-civil et
à l'Eglise, évolution du mariage coutumier et persistance du
concubinage
Pour être en conformité avec l'administration
coloniale via la célébration du mariage à
l'état-civil d'une part, d'autre part, pour être en accord avec
Dieu et donc la célébration du mariage à l'Eglise, les
autochtones devaient respecter ces deux usages s'ils voulaient, ou du moins,
espéraient être pris en compte par le colonisateur et
bénéficier de certains avantages dans la société
tels le statut ; voir être pris pour modèle.
On pourrai prendre l'exemple sur la Bible ou parole de Dieu
où il est écrit : « c'est pourquoi l'homme quittera
père et mère et pour s'attacher à sa femme, et ils
deviendront tous deux un seul être. »178 Dans le
même ordre idée, et pour être en conformité avec la
loi divine, les futurs mariés devaient être baptisés et
suivre régulièrement le catéchisme, etc. Il ya lieu de
préciser ici que tout mariage célébré à
l'Eglise catholique ne connaît pas le divorce puisqu'il s'agit de deux
êtres unis par Dieu, seule la mort doit les séparer.
En ce qui concerne le mariage institué par le code
civil, « le mariage est un acte civil, le contrat par lequel deux
époux s'engagent à vivre ensemble, à se prêter
mutuellement assistance. Ce contrat stipule de manière plus ou moins
explicite, les droits et les obligations réciproques aux époux.
Par la même occasion, le mariage légitime la procréation au
regard de la société. »179 Sous l'influence de la
colonisation, la société gabonaise dans son ensemble,
particulièrement l'institution matrimoniale gabonaise, a connu de
grandes mutations ; introduction du mariage à l'état-civil et du
mariage à l'Eglise.
Le mariage coutumier n'est pas en reste dans ces mutations
puisqu'il a vu sa célébration évoluer avec l'introduction
de la dot ; en tant que nouvelle institution obligatoire qui « consolida
le mariage et pallia à beaucoup de lacunes. C'est ce qui fit
178 La Bible Expliquée. Ancien et Nouveau Testament.
Traduite de l'Hébreu et du grec en français courant, Paris,
société biblique française/Alliance biblique universelle,
2004, p.7.
179 Denise NGWAGANGA, Représentation sociale du
mariage chez la femme salariée, op.cit., p.14.
admettre cette coutume de doter la femme à toute
l'ethnie Ngwèmyènè »180 et à
l'ensemble des ethnies du Gabon comme indispensable.
Toutefois, devant cette institution du mariage à
l'état-civil et à l'Eglise, devant l'évolution du mariage
coutumier, il ya tout de même une persistance du concubinage.
En effet, on peut faire remarquer que cette persistance du
concubinage n'est pas un mythe, plutôt une réalité dans la
formation sociale gabonaise ; et demeure une question à l'ordre du jour.
Il ya lieu de rappeler qu'« avant la migration des
Ngwèmyènè, il n'existait pas de vrai mariage chez eux. On
vivait en concubinage. »181 Mieux, « aucun mariage vrai n'existait
mais du concubinage. »182
Il est à noter également qu'avec la
colonisation, les us et coutumes ont changé et Steeve BALONDJI nous le
rappelle aussi, d'autant plus qu« aujourd'hui bien des couples
décident de faire vie commune sans passer par le mariage, c'est le
domaine de l'amour sans formalité. »183
Après avoir effectué un constat, et
peut-être s'inscrivant dans la vision du Pasteur OGOULA-M'BEYE, et
malgré l'institutionnalisation du mariage à l'état-civil,
à l'Eglise et devant l'évolution du mariage coutumier, Steeve
BALONDJI tire la conclusion selon laquelle le nombre de couples vivant en union
libre ne cesse de croître. Enfin, « certains jeunes opteraient pour
l'union libre qui serait l'illustration d'un amour libre et
préférable sans contrainte.»184
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