4- Enonciation de notre hypothèse de recherche
« L'hypothèse est une proposition de
réponse à une question posée. Elle tend à formuler
une relation entre les faits significatifs ».96 Partant ainsi
de cette définition, nous avons émis une hypothèse qui va
guider notre recherche. D'autant plus que la question de départ à
cette étude se décline comme suit : Pourquoi les tombes
sont-elles profanées à Mindoubé ?
A cela, notre proposition de réponse est la suivante :
la profanation des tombes en périodes électorales est
l'expression du fétichisme politique en vigueur au Gabon.
5- Définition et construction du concept
central
« Le concept en tant qu'outil, fournit non seulement un
point de départ, mais également un moyen de désigner par
abstraction, d'imaginer ce qui n'est pas directement perceptible
».97 Plus important encore, pour le sociologue ou le chercheur,
c'est qu'il doit « définir les choses dont il traite, afin que l'on
sache et qu'il sache bien de quoi il est question ».98
La définition du concept, bien qu'étant qu'une
simple « convention terminologique », opère un tri des faits
que cherche à rendre intelligible le sociologue. Après être
prêtés à cette exigence méthodologique, nous avons
retenu le concept fondamental suivant de notre travail: le
fétichisme politique.
96 Madeleine GRAWITZ, op.cit. , p.398.
97 Ibid., p.385.
98 Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode
sociologique, 11ème éd., Paris, PUF (coll.
« Quadrige »), 2002, p.34.
5.1. Définition du concept du «
fétichisme politique », comme concept fondamental de notre
étude
Alors que Pierre BOURDIEU, dans un entretien99
avec Didier ÉRIBON, parle de fétichisme politique pour traduire,
dans le champ politique la relation du mandant au mandataire. Nous posons le
concept de fétichisme politique pour rendre compte de deux dimensions
étroitement liées :
>Dans la première dimension, il s'agit d'abord de ces
objets
humains, ou restes humains, mieux ces « pièces
détachées »
humaines collectées pour servir dans les pratiques
fétichistes.
> Dans la seconde dimension, ces objets humains, ou
restes
humains, ces « pièces détachées
» collectées vont permettre à
l'entrepreneur politique, grâce à la
nécromancie et autres pratiques
fétichistes, d'acquérir, voire de conserver ou de
consolider le pouvoir
(économique, politique et social).
Le "fétichisme politique" que nous
décrivons dans le contexte gabonais, se manifeste finalement sous deux
dimensions : d'abord celle qui consiste à (re)collecter les
éléments du corps humains ou « pièces
détachées » via les profanations des tombes ; puis, leur
usage politique à savoir ; gagner les élections, les perdre, les
nominations, éliminer un adversaire politique ou pour durer au
pouvoir.
99 Entretien de Didier ERIBON avec Pierre Bourdieu. A
l'occasion de la publication de « Ce que parler veut dire », in
Libération, 19 Octobre 1982, p.28. Dans Hyperbourdieu : «
Dévoiler les ressources du pouvoir. Le fétichisme politique
».
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