3- Les enfants de la ville :
L'exode rural a eu des conséquences néfastes,
également dans les villes la situation de guerre et
d'insécurité, à l'instar d'autres facteurs, y sont pour
beaucoup. Celles-ci, surpeuplées, ne peuvent accueillir les nouveaux
arrivants des campagnes, ailleurs, que dans des bidonvilles et des taudis.
Généralement, c'est la génération active qui quitte
les douars. Ces jeunes n'ont aucune chance de travailler. Les nouveaux
chômeurs ne font qu'amplifier le nombre très élevé
de chômeurs dans les villes.
Ces jeunes, en chômage, vivent misérablement dans
les bidonvilles des quartiers périphériques, où les
conditions d'hygiène sont telles qu'on pourrait avancer que la
mortalité serait extrêmement élevée. Les personnes
âgés et les enfants, restés aux douars subissent le
dépérissement de la communauté rurale.
Pour les jeunes de 15 ans et plus, la ville n'est qu'une
vitrine de consommation, où la chance de trouver une embauche est
minime. Pour pouvoir se réinsérer, ils ne leur restent que les
moyens illégaux non pas pour vivre, mais pour survivre.
Ces jeunes et ces moins jeunes, vivant dans les villes,
souffrent de l'exiguïté du logement. On peut se poser la question
sur l'espace qui leur ait réservé ? Les enfants de la ville n'ont
pas leurs place, même dans les lieux qui leur reviennent de droit :
l'école, la crèche, la maison. Seul la rue leur appartient. Car
souvent, il est chassé du logement, ses jeux sont trop bruyants et
provoquent des conflits avec les voisins... Il est temps de leur rendre leur
place de rêve et de poésie, de leur permettre d'affirmer leur
autonomie et leur liberté et, avant tout de leur rendre l'espace
(crèche, école, espace vert), où dépenser leur
énergie vitale à bon escient, et redécouvrir leurs corps
et leurs potentialités, où vivre l'épanouissement, le
grandissement par le jeu et l'exploit. La famille agressée de toute
part, s'est repliée sur elle même. L'enfant est coupé du
monde naturel. Ses parents ne l'amènent plus à toucher, à
voir, entendre, à garder le contact direct et immédiat avec le
monde
concret. L'école, avec son programme abstrait, renforce
le fossé entre l'enfant et la réalité amère
vécue au quotidien. Il se retrouve tiraillé entre un curriculum
formel, dispensé dans une école sanctuaire, et un curriculum
réel totalement contradictoire. Plus tard, adulte frustré, il
sera la proie de toutes les influences, il sera nourris de fatalisme qui,
poussé à l'exaspération, fera rejaillir toute sa haine et
sa rancoeur envers la société.
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