Enquête dans les régions de Constantine et
de Oum-El-Bouaghi.
1-A- Introduction.
L'exploitation de la main-d'oeuvre infantile, fléau que
l'on croyait inexistant, commence au contraire à se propager et à
prospérer. Les causes de cette exploitation de l'enfant, il faut les
chercher parmi les causes du sous développement économique ou
dans l'inadaptation des méthodes de travail moderne à la
production. Si l'on veut protéger réellement, efficacement
l'enfant contre toute forme d'exploitation, il faut d'abord libérer les
parents en leur permettant de satisfaire leurs besoins essentiels : de
nourriture, de santé d'instruction, de logement etc. Nous ne pouvons
nous empêcher de revenir, aux causes mêmes qui engendrent les
effets les plus néfastes pour les enfants. Et face à ce cercle
vicieux de la misère, pendant combien de temps continuerons nous
à formuler des voeux pieux ? Ainsi, dire au paysan, à l'ouvrier,
au chômeur, qu'ils n'ont qu'à avoir moins d'enfants n'est pas la
meilleure manière de les aider à résoudre leurs
problèmes.
Il n'est pas suffisant de promouvoir un âge minimum du
travail. Il faut surtout lutter contre la pauvreté par la mise en place
d'une politique susceptible de permettre aux populations d'avoir des raisons de
vivre là où elles sont. La protection de l'enfant est devenue
indispensable : comment peut-on l'assurer ? Avec quels moyens ? Par quel
miracle fera-t-on changer d'avis aux exploiteurs toujours assez adroit pour
contourner la loi ? Le mal n'est- il pas plus profond qu'on ne le pense, et
l'enfant dans notre société aliénée sera-t-il mieux
préparé à une vie heureuse que son ami des pays
respectueux et respectables ?
1. B. Enfants et adolescents sur le marché du
travail.
Cette enquête traite, la question du travail des enfants
et préconise des mesures en vues d'instaurer des lois incitatives voire
coercitives, pour les familles qui empêchent leurs enfants d'aller
à l'école, revalorisant ainsi le statut des enfants afin de les
soustraire à l'exploitation aveugle. L'enquête préconise
encore d'autres mesures pour éviter que les enfants soient mis au
travail subrepticement, ou fortuitement. Elle vise aussi à
déterminer dans quelle mesure la réglementation en vigueur qui
interdise le travail des enfants est en accord avec les normes et les
valeurs de la société concernant la place
qu'occupe l'enfant. [(Statut général du travailleur, loi n°
78-12 du 05 Août 1978)](11).
Cette enquête effectuée pendant la période
1996-97 a porté sur 2016 enfants et adolescents de 13 à 18 ans et
sur les activités auxquelles ils consacraient plus de 30 jours par
an.
Pour savoir si les adolescents avaient travaillé, des
questions leur ont notamment été posées sur des
activités allant du travail saisonnier dans les champs, les
carrières, dans les magasins, dans les pizzerias ou autre. Une
définition très large du « travail » a donc
été adoptée pour tenir compte de la forme
(l'enquête) et de la définition en droit, du travail à
l'intérieur d'une entreprise : « un poste de travail désigne
un ensemble déterminé de taches qui sont à accomplir
régulièrement par un travailleur dans le cadre d'une
répartition de toutes taches qui incombent au collectif dont ce travail
fait partie » (art.99).(12) Par ailleurs, il est
précisé que « la raison d'être d'un poste de travail
doit être défini avec le maximum de précision, notamment en
ce qui concerne les taches, y afférente. » (art.
101)(13).
Il n'a pas été tenu compte en cours de
l'enquête de la période pendant laquelle les activités se
sont exercées, pendant l'année scolaire, ou pendant les vacances.
En d'autres termes il est tenu compte dans les pourcentages indiqués, du
lavage d'une voiture fait trois à quatre fois dans l'année, ou
encore de la vente de journaux. Il convient aussi de faire observer que
l'échantillon utilisé dans cette enquête n'est pas
représentatif de tous les jeunes des deux régions sus
citées.
Les résultats obtenus ne peuvent être
étendus à l'ensemble du pays en raison de la façon dont le
groupe étudié a été composé. En effet, d'une
part l'échantillon a été sélectionné dans
les régions. Il n'a jamais été question de procéder
à un échantillonnage aléatoire. Les jeunes
scolarisés ont été contactés directement par
l'intermédiaire des enseignants, pour ce qui est des jeunes non
scolarisés, il ne nous a pas été difficile de les
contacter. Les répartitions dans les différentes
catégories d'établissement d'enseignement ne sont pas
numériquement représentatives de la répartition nationale
ou régionale des jeunes qui fréquentent les mêmes
catégories d'établissement. Cette remarque vaut également
pour l'âge des jeunes interrogés.
Les limites indiquées ci-dessus quant au
caractère représentatif de l'enquête ne signifie cependant
pas que ces résultats soient sans valeurs. Les informations recueillies
permettent d'avoir une bonne idée du point de vue qualitatif des
nombreux aspects du travail des jeunes. Les limites ont été
indiquées clairement afin que l'on ne recherche pas à tirer des
conclusions précises sur les enfants et les adolescents à partir
des données numériques de cette enquête.
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