II. LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION AUX
VARIABILITES CLIMATIQUES
Les populations burkinabè en général et en
particulier les riverains de la forêt de Gonsé font difficilement
face aux variabilités climatiques.
La prise de conscience de la dégradation des ressources
est significative. Cependant, les populations adoptent des comportements face
à ces changements de l'environnement. La mauvaise pluviométrie
est perçue comme la cause principale de la dégradation du milieu.
Le secteur d'activité le plus touché par cette situation est
l'agriculture. Face à cette situation les producteurs développent
des stratégies locales (traditionnelles) pour supporter la
précarité pluviométrique. Ils modifient leurs techniques
de culture pour s'adapter. De ce fait, l'utilisation de la fumure est la
méthode la plus pratiquée. Certains riverains qui ont
bénéficié de formations à travers les projets de
gestion forestière entreprennent la sylviculture.
II.1. Les système de culture
Les systèmes de culture constituent les
procédés par lesquels le paysan exploite ses terres. Dans la zone
de Saaba, il est principalement basé sur la rotation de cultures,
l'assolement, l'association de cultures et la culture en ligne (disposition des
semis en lignes), etc.
La rotation de cultures est plus pratiquée. C'est un
système de culture qui consiste à alterner
périodiquement les cultures sur une même
parcelle.
L'association, quant à elle, permet de cultiver sur une
même parcelle, différentes cultures. Il est plus fréquent
de voir sur une même parcelle, le sorgho associé au
niébé.
Ce procédé permet de réduire le risque
climatique sur les cultures. Ainsi, lorsque la rigueur climatique empêche
le sorgho ou toute autre céréale d'atteindre la maturité,
on peut avoir la possibilité de faire des récoltes sur le
niébé dont le cycle est plus court.
La monoculture prend également des proportions dues
à l'inadaptation des cultures et la qualité médiocre des
sols. De ce fait, le sorgho, le mil, le niébé sont plus
cultivés. Le maïs est généralement cultivé
dans les jardins de case. Les populations pratiquent aussi la culture en
lignes. La plupart des paysans construisent des diguettes pour limiter l'action
des eaux de ruissellement sur le sol. La contribution des animaux à la
fertilisation des sols est également connue et pratiquée par les
populations. L'amendement, est le procédé consistant à
apporter des éléments nutritifs aux sols lessivés et
improductifs est pratiqué.
II.1.2. L'agroforesterie
Associer les cultures et les arbres, est une pratique que la
plupart des paysans pratiquent depuis des temps immémoriaux. C'est un
système dynamique de gestion des ressources naturelles basé sur
des fondements écologiques qui intègrent des arbres dans les
exploitations agricoles. Il permet ainsi de diversifier et de maintenir la
production afin d'améliorer les conditions sociales, économiques
et environnementales. Cette pratique séculaire répondait au souci
de préserver les essences utiles (Butyrospermum parvitelaria
paradoxa, Parkia biglobosa, Bombax costatum) pour les besoins de la
famille. Cette technique évolue maintenant vers la culture d'autres
espèces importées. Ainsi les zones totalement
dénudées « zipélcés 5»
sont souvent colonisées par des plantes exotiques. L'espèce
la plus utilisée est Eucalyptus camaldulensis. Ce processus de
régénération du couvert végétal par les
populations permet à certains riverains d'éviter l'exploitation
des ressources de la forêt. Selon un groupe de paysans dans le village de
Tensobtenga, la forêt n'est plus favorable pour la recherche de bois.
D'après les enquêtes, 65,78 % de la population affirment
s'investir dans la création des bosquets personnels car cela les
dispense de l'exploitation de la forêt. Certains paysans, conscients de
la disparition de nombreuses espèces, ont choisi de les cultiver. Il est
alors très fréquent de voir dans les champs l'Andropogon
gayanus. Cette espèce est utilisée par les populations dans
l'alimentation des animaux et pour la confection des nattes (secco).
Généralement associé aux cultures, elle sert de haie vive
dans les champs. Toutes ces pratiques sont des stratégies locales
d'adaptation aux variabilités climatiques. Mais les populations manquent
souvent
![](Variabilite-climatique-et-gestion-des-ressources-naturelles-Cas-de-la-fort-classee-et-reserve106.png)
5 Nom usuel des zones nues en langue mooré
80
![](Variabilite-climatique-et-gestion-des-ressources-naturelles-Cas-de-la-fort-classee-et-reserve107.png)
d'encadrement et de moyen pour mieux les mettre en pratique.
La péjoration climatique accrue, couplées aux mauvaises pratiques
humaines ont contribué à accélérer la
dégradation des ressources naturelles, notamment forestières.
Cependant les populations ont su développer des stratégies
locales pour faire face à ces changements. Mais leur faible implication
et la mauvaise compréhension de la gestion concertée rendent
inefficaces les politiques de gestion des ressources naturelles. Ainsi, la
vulnérabilité des populations face aux crises climatiques ne fait
que s'accentuer. Le schéma n°1 donne une explication de
l'accélération de la dégradation des ressources naturelles
dans le contexte des variabilités climatiques.
Schéma n°1: Processus de dégradation
des ressources forestières
![](Variabilite-climatique-et-gestion-des-ressources-naturelles-Cas-de-la-fort-classee-et-reserve108.png)
Modifient
FAIBLE IMPLICATION DES POPULATIONS RIVERAINES
(Absence décisionnelle)
VARIABILITES CLIMATIQUES (Variabilites
des pluviometrie-instabilite temperatures extremes- vents violents)
DEFICIT DES POLITIQUES DE GESTION DES RESSOURCES MISES EN
PLACE (incohérence entre les politiques et la
réalité du terrain, manque de concertation locale entre les
différents ministères en charges de l'aménagement et de la
gestion des forêts)
Accélère
Accél
Incide
FRAGILITE DES RESSOURCES NATURELLES
(pauvreté des sols, pertes de la biodiversité, etc. )
CONCENTRATION DES GAZ A EFFET DE SERRES DANS
L'ATMOSPHÈRE
Baisse des rendements de production (Faibles économies des
populations)
Recherches de meilleures conditions de vie
MANQUE OU INSUFFISANCE D'ENCADREMENT DES ACTEURS A LA
BASE (méconnaissances des textes)
Entraine
FORTES DEMANDES EN RESSOURCES NATURELLES
Provoque
FAIBLESSE DES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION
(méthodes
traditionnelles)
Accelerent
Entraine
EXPLOITATION
EXCESSIVES DES
RESERVES (mauvaises
pratiques culturales, deforestation)
Source: SANKARA T. Bakari, 2009
![](Variabilite-climatique-et-gestion-des-ressources-naturelles-Cas-de-la-fort-classee-et-reserve109.png)
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