I.3. L'impact socio-économique de la gestion
intégrée
Les changements socioéconomiques des populations
riveraines par la mise en place de la gestion participative de 1974 à
2004 est perceptible à travers l'analyse que ceux-ci font lors de
l'étude. Selon les enquêtes près de (55 %) de la population
affirment préférer que l'on confie la gestion de la forêt
à un projet.
Pendant la phase projet, la population a été
considérée comme pourvoyeuse de main d'oeuvre. Et cette situation
a été l'option des différents modes de gestion
appliqués à la forêt depuis l'ère coloniale
jusqu'à la période des indépendances. Selon le MEE.
(1999), les populations riveraines ont une longue expérience du travail
en forêt (25 ans) ; il s'est développé en elles une
mentalité d'ouvriers agricoles salariés, payés en
numéraire, en vivres, etc. Les riverains ont été
organisés dans la surveillance et dans la vente du bois de feu par
stère. D'autres activités rémunératrices ont
été également développées dans le but de
dispenser la dépendance totale des structures de gestion aux
retombées économiques issues de la vente des produits
forestiers.
76
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Dans les objectifs assignés à
l'aménagement de la forêt, il est prévu que cette nouvelle
forme de gestion devrait contribuer au développement durable et à
lutter contre la pauvreté des ménages. Les recettes
générées par les activités selon le plan
d'aménagement se répartiraient entre les partenaires
impliqués dans la gestion. Le tableau n°6 montre la
répartition annuelle des recettes prévisionnelles qu'engendrerait
l'exploitation des ressources forestières entre les différents
acteurs par an. « Si les travaux d'aménagement ont pu se
réaliser, c'est grâce aux retombées financières que
chacun percevait pour une journée ou deux jours de travail dans la
forêt », nous confie un notable. Cette analyse confirme la
préférence des acteurs locaux d'avoir un gain salarial que
d'être les vrais acteurs de la gestion durable de la forêt. De ce
fait, le développement d'un esprit de salariat chez la population a
constitué une entrave pour l'assimilation de l'approche
participative.
Tableau n°2: Répartition par an des recettes
prévisionnelles (FCFA) de la vente de bois
Années
|
Volume de
stère exploité
|
Membres du
groupement (1000F/ stère)
|
Fond d'aménagement (700fr/
stère)
|
villages (500fr/ stère)
|
Trésor public (300fr/ stère)
|
2000
|
4551
|
4551000
|
3185700
|
2275500
|
1365300
|
2001
|
3343
|
3343000
|
2340100
|
1671500
|
1002900
|
2002
|
3991
|
3991000
|
2793700
|
1995500
|
1197300
|
2003
|
4316
|
4316000
|
3021200
|
2158000
|
1294800
|
2004
|
4342
|
4342000
|
3039400
|
2171000
|
1302600
|
Total
|
20543
|
20543000
|
14380100
|
10271500
|
6162900
|
Source : MEE. 1999 (Plan d'aménagement de la
forêt classée de Gonsé)
L'observation du tableau n°6 permet de comprendre que la
forêt offre une opportunité de création d'emplois.
Plusieurs ménages enquêtés reconnaissent l'apport que
l'exploitation de la forêt fournissait pour l'amélioration de
leurs conditions de vie.
Les activités menées par les GGF
(pépinière, apiculture, teinture, etc.), offraient des revenus
aux populations. Mais le manque de débouchés et le renouvellement
du matériel de travail constituent une entrave à l'essor des ces
micro projets villageois.
I.2.2. L'aperçu des institutions locales de
gestion
Depuis l'arrêt du projet en fin 2004 début 2005,
la population est restée en marge de tout travail d'aménagement
dans la forêt. Cette situation justifie en partie le manque d'information
sur la réalisation des travaux des GGF dans la forêt après
le projet. L'ouverture des pare-feux était réalisée en
début de chaque saison sèche pour éviter les feux de
brousse mais depuis près de cinq ans, cette
activité n'est plus réalisée.
L'inactivité des structures locales de gestion montre le
désengagement ou le désintérêt des populations
riveraines à la gestion.
Nombreuses (78,93 %) sont celles qui disent ne plus
s'intéresser à la protection de la forêt. Néanmoins
l'optimisme existe au sujet de la venue d'un nouveau concessionnaire pour la
gestion. Un concessionnaire dont le démarrage des travaux prévu
pour janvier 2009 n'est pas encore effectif. Mais la majorité de la
population attend de voir comment cette cogestion pourra être une
opportunité d'emplois pour l'amélioration de leurs conditions de
vie.
Tableau n°3: Situation des Groupements de Gestion
Forestière en 2003 et en 2009
Village
|
GGF en 2003
|
GGF actif en 2009
|
GGF non actif en 2009
|
Badnogo
|
2
|
0
|
2
|
Gampela
|
2
|
0
|
2
|
Gonse
|
3
|
0
|
3
|
Koala
|
2
|
0
|
2
|
Koanda
|
1
|
0
|
1
|
Komkaga
|
2
|
1
|
1
|
Manegsombo
|
2
|
2
|
0
|
Seuloghin
|
3
|
0
|
3
|
Tensobtenga
|
2
|
0
|
2
|
Tanghin
|
3
|
0
|
3
|
Zakin
|
4
|
1
|
3
|
Total
|
26
|
4
|
22
|
Source : SANKARA T. Bakari (enquête de terrain,
2009)
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A travers le tableau n°7, on constate une diminution du
nombre des GGF fonctionnels. De vingt six en 2003 lors de la mise en place, de
nos jours, il ne reste que quatre groupements qui continuent de fonctionner
mais difficilement. La disparition des groupements est
généralement justifiée par le manque de moyens (financier,
matériel, etc.). La fragilisation de la cohésion sociale autour
de la gestion de la forêt est de plus en plus perceptible. Les villages
situés entre 15 et 25 kilomètres de la forêt rejettent
catégoriquement leur appartenance à la gestion de la forêt.
D'après un paysan de Manegsombo (village situé à 15km
environ): « Nous ne sommes plus associés à la gestion de
la forêt il ya près de 5 ans. La forêt appartient
actuellement à ceux de Gonsé, de Gampéla et de Godin
». Cette affirmation montre que la proximité des villages joue
un rôle important dans l'attribution de l'appartenance de la forêt
par les populations. Les villages proches sont considérés les
plus utilisateurs des ressources et par ricochet les plus destructeurs.
Cependant, la gestion concertée est capitale, voire nécessaire
dans la gestion durable des ressources naturelles. La complexité de ce
mode de gestion des ressources dans le contexte des variabilités
climatiques, nécessite une synergie d'actions de tous les acteurs. La
variabilité et le changement climatique
78
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compliquent de nos jours la gestion des ressources naturelles.
Les méthodes de gestion communautaires mal assimilées par les
populations ont contribué à dégrader davantage les
ressources malgré l'engouement que ces stratégies ont
suscité.
Les conséquences négatives les plus graves de
ces stratégies d'intervention ont été notamment l'absence
de prise en charge par les populations riveraines du suivi et de la gestion des
réalisations. En définitive, malgré le coût
élevé des ouvrages, ceux-ci n'ont permis ni d'inverser, ni de
stopper le processus de dégradation des ressources forestières.
La pauvreté et la précarité des conditions de vie ont eu
tendance à se maintenir. Alors, les défis sont énormes
à relever pour une gestion durable des ressources de la forêt de
Gonsé.
|