2.5. La distraction
Les prémices de la distraction voient le jour en 1971,
avec un jeune médecin, Dr Hunter << Patch >> Adams, qui
prône, entre autres, les vertus thérapeutiques du rire. L'un de
ses principes est de réaliser les soins pour procurer du plaisir et de
la joie.
En 1988, Caroline Simonds, intègre une <<
unité de soins clown >> à New-York. Trois ans après,
elle décide de créer l'association Le Rire médecin afin
que des clowns professionnels permettent aux enfants et à leur famille
de mieux vivre les hospitalisations.
Depuis, cette association s'est développée au
niveau national et d'autres ont vu le jour. A Toulouse, l'association
Hôpital sourire s'inscrit dans le même projet depuis 15 ans.
En parallèle, et depuis plusieurs années,
l'association PEDIADOL (association pour le traitement de la douleur de
l'enfant) aborde le thème de la distraction dans les soins au cours de
séances thématiques et d'ateliers de formation à travers
ses journées annuelles sur la douleur de l'enfant.
Cette année, une conférence aura lieu sur la
distraction virtuelle (le 6 décembre 2012) et deux ateliers seront
proposés sur le thème : << la distraction pour les soins
>> et << De la distraction à l'hypnoanalgésie pour
les soins >>
2.5.1. Definition
La distraction a plusieurs significations. Celle que je
retiendrai est << l'action de détourner l'esprit d'une occupation
ou d'une préoccupation : diversion >>24.
Dans le cadre des soins, distraire un enfant n'est pas le
faire rire ou le faire simplement jouer mais détourner son attention de
façon efficace. La distraction est une médiation
éducative, une animation ludique qui permet à l'enfant d'avoir
son attention ailleurs et d'avoir du plaisir qui primera sur l'angoisse ou la
douleur.
24 VINCIGUERRA, M., op.cit., p.341.
La distraction comprend << [...] toute technique ou
approche qui vise à diriger l'attention de l'enfant vers un
événement ou un stimulus non agressif de l'environnement
immédiat >>25. Les 5 sens (vision, odorat, toucher,
ouïe, gout) sont exploités pour diversifier les perceptions.
2.5.2. Les différentes techniques
La distraction peut être utilisée lors des soins
douloureux, inquiétants ou impressionnants.
La distraction doit être une démarche
individualisée, en adaptant la méthode utilisée à
l'âge de l'enfant26, à son développement
psychomoteur et à ses préférences. Il faut
également prendre en compte son état de santé, sa
sensibilité à la douleur et son expérience
antérieure face aux soins. Le choix d'une technique dépend aussi
de la pratique du soignant, des ressources disponibles et surtout de la
réponse de l'enfant. Le soignant doit employer un ton calme, chaleureux,
il doit utiliser des suggestions positives et adopter une attitude
bienveillante.
Les moyens de distraction sont très variés et se
regroupent en 2 catégories :
- La distraction active :
Elle implique une participation de l'enfant. Elle doit être
attractive pour l'enfant, compatible avec son niveau d'énergie et
d'attention et son aptitude à se concentrer.
Les stratégies de distraction doivent pouvoir s'adapter.
Elles sont regroupées sous le nom de << de techniques
psychocorporelles >>.
Elle peut prendre de nombreuses formes : utilisation de
jouets, s'appuyer sur la personne clé pour rassurer l'enfant (parents,
soignants...), souffler des bulles, technique du rêve accompagné,
conte, chant, jeu...
- La distraction passive :
Elle est liée à différents
éléments extérieurs à l'enfant: décoration
(mobile, kaléidoscope...) ; aménagement de la salle ; habillage
du matériel médical (tensiomètre, toise, bouteille de
MEOPA); ambiance calme, musicale ; odeur (huiles essentielles...) ;
éclairage particulier ; respect de l'intimité de l'enfant.
25 COHEN-SALMON, D., op.cit., p. 2
26 Cf. Annexe D : Approches distractives en fonction
de l'âge de l'enfant
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