I.1.2.
Querelles sur les prix
Les prix sont sujets à controverse et, plus encore,
les tentatives pour en assurer la stabilité. L'augmentation du
coût de la vie, à un rythme accéléré, a fait
des prix la préoccupation principale de la population dans plusieurs
pays, comme en témoignent les sondages d'opinion.
La hausse des prix y est désormais au centre des
conflits sociaux, des stratégies d'entreprise et des conflits
politiques.
Le problème de l'inflation considéré
auparavant comme réservé aux professionnels de l'économie
et de la monnaie, offre un terrain nouveau à la contestation
idéologique de la société contemporaine et aux
négociations internationales entre gouvernements. Soumis aux feux de
l'actualité, les prix restent néanmoins mal connus. La
dissociation entre les barèmes de vente et les prix réellement
pratiqués, la manipulation des prix dans le cadre des techniques
modernes de conquête du marché donnent un caractère de plus
en plus illusoire à la « Vérité des
prix » ; les indices statistiques qui en retracent
l'évolution ont un aspect fragmentaire. Ainsi, alors que le
problème des prix est porté sur la place publique, la
connaissance des prix reste-t-elle dans la pénombre.
Avant l'adoption des PAS prévalait une politique
d'Administration des prix, des taux d'intérêt et des taux de
change. Il s'en est suivi que les prix étaient fixés en dessous
du niveau d'équilibre auquel auraient conduit les forces du
marché. Ceci entraînant des pénuries, des
spéculations, des fil d'attente, la corruption, des administrations des
quotas, etc.... Il arrivait aussi que les prix soient fixés au-dessus du
prix d'équilibre, générant ainsi des stockages et parfois
des pertes des produits périssables ou la vente de la production dans
les pays voisins par des voies clandestines.
La libéralisation des prix qui était une
composante essentielle du PAS s'est heurtée à des
rigidités structurelles telle que l'existence de monopoles et de
quasi-monopoles, l'absence de protection des petits producteurs et des
consommateurs alors qu'elle postulait de favoriser l'accroissement de la
concurrence.
I.1.3. Les prix sur la place
publique
Dans l'opinion publique, les prix et leur évolution
suscitent généralement un étonnement teinté
d'indignation. La ménagère observe que les prix des marchandises
qu'elle achète varient, dans des proportions parfois
considérables, d'un magasin à l'autre. Certains
commerçants, pense-t-elle, font des profits illégitimes.
Le consommateur averti, quant à lui, croit savoir que
les prix sont, dans l'hypermarché de la périphérie
urbaine, nettement moins chers que dans la petite boutique de son
quartier ; tel produit de grande consommation est affiché,
là-bas, à un prix inférieur de 10% au tarif
pratiqué par son épicier. Mais en est-il de même pour tous
les produits ? Le consommateur ne peut, à lui seul, s'en
assurer ; d'ailleurs l'approvisionnement, au meilleur prix, dans des
points de vente parfois éloignés du domicile ne constitue pas une
solution aisément praticable par tous. Aux soupçons du
consommateur correspondent les protestations du petit commerçant qui
observe dans les « grandes surfaces » des prix de
vente au détail parfois inférieurs aux conditions d'achat qui
lui sont consenties par son fournisseur.
La concurrence par les prix est, selon lui, un jeu
truqué auquel il est sûr de perdre comme il risque de ruiner la
réputation de tel ou tel fabricant dont les produits, victimes
désignées du « prix d'appel » destiné
à attirer la clientèle, sont soumis à un bradage
tapageur. Les uns et les autres se tournent alors vers les pouvoirs publics. Le
consommateur s'étonne de l'inertie de l'administration et, soutenu par
le paysan qui voit les prix tripler entre sa ferme et l'étal du boucher,
il demande le châtiment des spéculateurs ; le petit
commerçant réclame des règles garantissant une concurrence
loyale, dénonce les ventes à perte et exige des conditions
d'achat égales pour tous les fabricants ;enfin , il refuse la
vente aux « discounters » et demande à l'Etat de
fixer des prix minimaux qui seraient imposés à l'ensemble du
réseau de distribution. Mais plus encore que ces « querelles
des boutiques », la hausse des prix préoccupe l'opinion
publique.
Selon Adam Smith, le prix de marché de chaque
marchandise particulière est déterminé par la proportion
entre la quantité de cette marchandise existant actuellement sur le
marché, et les demandes de ceux qui sont disposés à en
payer le prix naturel ou la valeur entière des fermages, profits et
salaires qu'il faut payer pour l'attirer au marché.
On peut les appeler « demandeurs
effectifs », et leur demande « demande
effective », puisqu'elle suffit pour attirer effectivement la
marchandise au marché. Elle diffère de la demande absolue.
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