II.5.2. Attitude à prendre face à la hausse des
prix
Face à une situation de la flambée des prix de
carburant, les autorités politiques devraient être trop
proactives, et précéder les événements, notamment
en mettant à profit toutes les opportunités d'investissement dans
ce domaine et toutes les ouvertures en matière de coopération et
de politiques étrangères.
a) Fonds Africain du Pétrole
Le sixième sommet de l'U.A, tenue à Khartoum, en
Janvier 2006, a décidé de créer un Fonds Africain du
Pétrole dont l'objectif principal est de mobiliser les ressources
destinées à assister les pays africains importateurs de
pétrole pour contenir les chocs pétroliers et faciliter le
financement de leurs importations pétrolières.
Le septième sommet qui s'est tenue à Banjul du
premier au deux juillet 2006, s'est penché à nouveau sur cette
problématique et a demandé à la commission de l'U.A, de
faire un examen complet de la question et de présenter une
stratégie détaillée pour la coopération et la
solidarité entre les pays africains producteurs de pétrole et les
pays qui n'en produisent pas en vue notamment d'atténuer les effets du
prix élevé du pétrole sur les économies des pays
africains pauvres qui n'en produisent pas.
Le fonds utilisera les ressources mobilisées
auprès des donateurs pour fournir une assistance aux pays à
faible revenu importateurs nets du pétrole qui subissent de façon
sévère les effets de l'augmentation du prix du pétrole.
L'assistance a pour but de permettre à ces pays de faire face à
des difficultés temporaires de la Balance de paiement.
Le FAP intervient au moyen d'octroi des dons non remboursables
ou à des prêts concessionnels ou d'un panachage de ces deux types
d'instruments. Parmi les documents accompagnant la demande, se trouve la
justification du besoin d'un appui pour soulager la Balance des paiements, le
cadre institutionnel et de gouvernance du secteur pétrolier ainsi que le
système de passation des marchés d'achat de pétrole.
L'allocation des disponibilités du Fonds dépend
de trois facteurs à savoir :
· Premièrement, il y a un facteur qui
reflète le niveau de l'appui à la Balance de paiement du
bénéficiaire. Ce facteur représente le poids des besoins
en devises occasionnés par les prix élevés du
pétrole sur la période bien définie. Une utilisation en
est la proportion des recettes d'exportation dépensées pour
l'importation du pétrole l'année précédente. Ce
critère devrait être aisément rempli par le Burundi, vu
que la totalité de nos recettes d'exportations ne couvrent pas les
seules importations des produits pétroliers (BRB, 2008).
· Le deuxième paramètre est le niveau de
bonne gouvernance. Ce paramètre vise à encourager les pays ayant
de solides indicateurs ou qui connaissent des progrès en la
matière.
· Le troisième facteur enfin prend en
considération la situation géographique en relevant plus
particulièrement le cas des pays enclavés.
D'autres pièces en rapport avec le système de
change, de passation des contrats d'importation, la structure des prix, les
programmes d'assistance similaires, politique sectorielle pourront être
demandées pour appuyer la demande. Par ailleurs, l'entrée du
Burundi au sein de l'Association des Pays Africains Non Producteur de
Pétrole (APNPP) ayant comme siège au Dakar et créée
en juillet 2006 sur l'initiative du Président Wade, lui permettrait de
bénéficier d'une tribune et d'un forum de discussion et de
plaidoirie pour les problèmes spécifiques à ces Etats
économiquement fragiles face à des chocs exogènes.
b) Utilisation des instruments
financiers pour gérer la volatilité des prix du
pétrole
Les systèmes multilatéraux de financement
compensatoires existant ne répondent pas pleinement aux besoins des pays
en développement, car ils sont souvent d'une portée insuffisante
par rapport à l'ampleur des chocs et sont généralement
mis à disposition. Une des solutions additionnelles à envisager
serait d'avoir recours à l'utilisation des instruments financiers
dérivés.
La gestion des risques liés au prix du pétrole
n'est pas un enjeu à somme nulle pour les pays en développement.
Il n'est pas facile d'amortir les conséquences d'une évolution
défavorable des prix en puisant dans l'épargne ou encore en
procédant à des augmentations d'impôts. Faute de quoi, le
plus souvent, il est impossible de régler à temps les sommes dues
à tel ou tel groupe, ce qui introduit des distorsions économiques
et aggrave le profil « risque » du pays, rendant par
conséquent plus chère l'obtention des crédits
internationaux.
Il est donc essentiel de changer les perceptions de nombre de
pays qui, ne voyant pas de solutions, ont souvent pensé qu'il n'y avait
pas d'échappatoire à la terreur des marchés. D'où
la nécessité de stimuler le recours par des pays en
développement à des instruments de gestion des risques
liés aux prix (CNUCED, 1998).
Toutefois, Ivan Zelenko, directeur des instruments financiers
dérivés de la trésorerie de la Banque Mondiale affirme que
les instruments financiers dérivés constituent la meilleure
manière de transférer les risques liés aux prix du
pétrole, à condition qu'ils soient utilisés dans le cadre
d'une gouvernance et d'une plateforme de transactions saines. Les instruments
financiers dérivés sont très efficaces pour
atténuer les risques liés aux prix du pétrole à
court terme et à moyen terme. A long terme toutefois il est impossible
d'avoir recours à d'autres solutions « comme les fonds
pétroliers », (SINGEJE, C. : 2008).
Les instruments communément proposés sont les
contrats à terme, les futurs et les swaps afin de se couvrir à la
flambée des prix (CAHIER DE L'IDEC, 2008).
· Un contrat à terme est tout contrat entre deux
parties portant sur la livraison d'un bien (le produit pétrolier)
à une date future et pour un prix fixé à l'avance,
payé à la date de livraison. L'intervenant qui va acheter le
bien concerné est dit en position longue et l'intervenant qui va vendre
le bien est dit en position courte. Si le cours comptant à la date de
livraison est supérieur au cours à terme, l'intervenant qui est
long sur le contrat va gagner de l'argent et l'inverse dans le cas contraire.
Ces contrats sont négociés entre deux parties et
peuvent être faits « sur mesure » en fonction des
exigences des parties. Ce côté, « sur mesure »
présente des inconvénients, car si l'une des deux parties
décide de sortir du contrat avant son échéance, elle ne le
peut pas : le contrat n'est pas liquide, c'est-à-dire qu'il est
difficile, voir impossible de le transférer à quelqu'un
d'autre.
· Les contrats futurs sont des contrats
standardisés qui s'échangent sur des marchés financiers.
Le marché détermine précisément quel est le bien
échangé, le montant du contrat, et où et quand la
livraison aura lieu. Il est donc plus facile pour les intervenants de
« dénouer » c'est-à-dire terminer, ou se
dégager de leurs positions avant la date de livraison.
· Un swap est un autre type de contrat qui facilite la
couverture des risques. Dans un contrat swap, deux parties s'échangent
(to swap : faire un troc) une série de cash flow sur une
durée déterminée. Les versements sont fondés sur un
montant de capital qu'on appelle le montant nominal, ou notionnel. Il n'y a pas
de versement d'argent immédiat et donc le contrat swap ne rapporte pas
de nouveaux fonds.
Théoriquement, on peut échanger tout par un
contrat swap. Cependant, dans la pratique, la majorité des swaps porte
sur des matières premières, des devises, des taux
d'intérêts ou des titres. Dans un swap sur matières
premières, un prix variable est échangé contre un prix
fixé. Il s'agit de l'un des instruments de couverture le plus courants
pour fixer le prix d'une matière première. L'utilisation des
instruments financiers dérivés longtemps réservée
aux entreprises est de plus en plus adoptée par des gouvernements des
pays envoie de développement afin de se couvrir contre la
volatilité des prix du pétrole (UNCTAD, 2005).
c) Réorganiser le marché national de
commercialisation des produits pétroliers
Le marché d'approvisionnement en produits
pétroliers a une configuration qui ne répond pas aux
nécessités stratégiques du pays. Les différents
intervenants dans le système d'approvisionnement ont un pouvoir
limité qui ne parvient pas à couvrir tous les besoins en stock
stratégique du pays. Le gouvernement devrait favoriser
l'émergence, le développement ou l'entrée sur le
marché burundais de groupes pétroliers ou pouvoir du
marché conséquent pouvant répondre aux besoins
stratégiques du pays. Ceci pourrait se réaliser de deux
manières : faciliter les intervenants locaux à atteindre une
taille critique ou intéresser les compagnies internationalement
reconnues à entrer sur le marché burundais.
d) Mécanismes régionaux
d'approvisionnement et de stockage
Le gouvernement devrait engager des discussions avec ses
partenaires régionaux dans le cadre de l'East African Community par
exemple, et plaider en vue d'une réalisation des investissements
régionaux ou sous-régionaux d'interconnexion d'infrastructures de
stockage en produits pétroliers et ainsi créer des
capacités de stockage stratégiquement situées au sein de
la sous-région.
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