I.5.2.
Les effets des variations du prix du pétrole dépendent du cycle
conjoncturel
Une autre théorie proposée dans la
littérature pour expliquer la perte de significativité de la
relation entre les variations du prix du pétrole et le taux de
croissance du PIB est celle de Raymond et Rich (1997). Ces auteurs proposent
d'étudier l'influence des variations du prix du pétrole en
fonction du cycle économique. Notons que, si l'on montre que les
variations du prix du pétrole n'ont un effet qu'en bas de cycle, alors
on peut expliquer l'affaiblissement de la relation depuis le milieu des
années 1980. Les hausses majeures récentes du prix du
pétrole, en particulier celle des années 2000, ont en effet eu
lieu lors de périodes d'expansion économique. Comme les
défenseurs des effets asymétriques du prix du pétrole ne
tiennent pas compte des périodes de baisse du prix dans leurs
estimations, il serait logique de ne pas prendre en compte les périodes
d'expansion économique si l'on croit à l'effet
différencié du prix du pétrole selon la phase du cycle
conjoncturel.
D'un point de vue théorique, peu d'articles donnent une
justification à cet effet différencié. Citons tout de
même Lescaroux (2006), qui propose la piste suivante fondée sur le
partage de la valeur ajoutée. L'idée est qu'en période
d'expansion, il y a différentes possibilités pour payer le
surplus de la facture pétrolière, alors qu'en période de
récession, seule la baisse des salaires réels et/ou la hausse du
chômage permettent de compenser les effets de la hausse.
Si les modèles macroéconométriques ont
permis de clarifier la relation entre le choc pétrolier et les
fluctuations du PIB, elles se heurtent toutefois aux critiques de Sims (1980)
et de Lucas (1976). Selon Sims, les modèles
macroéconométriques imposent des contraintes sur les variables et
des priori économiques non justifiés du point de vue
statistique, et propose à la place les modèles VAR. Lucas, pour
sa part, estime que les modèles macroéconométriques ne
sont pas invariants à la forme de la politique économique, et
propose en lieu et place les modèles d'équilibre
général intertemporels stochastiques (MEGIS).
Hamilton (2001), à l'aide d'un modèle VAR,
soutient que les perturbations dans l'économie qui font suite à
un choc pétrolier ne sont pas directement dues à celui-ci, mais
plutôt à la réaction de la Réserve
Fédérale. Ainsi, au moyen du VAR structurel, Hamilton montre que
cette conclusion erronée tient en partie au nombre insuffisant de
retards considéré dans la modélisation.
De même, Bernanke, Gertler et Watson (1997) ont
démontré, à l'aide d'un modèle VAR, que les effets
négatifs du premier choc pétrolier étaient essentiellement
dus à la hausse du taux d'intérêt alors que ceux du second
provenaient bien de la hausse du prix du pétrole. Par ailleurs, Frank
Kleibergen et al utilisent le modèle VAR pour analyser les
mécanismes par lesquels la hausse du prix du pétrole agit sur le
niveau des prix et la demande des biens d'importation.
A travers ces différentes revues documentaires, nous
constatons nettement qu'il y a peu d'études qui analysent les effets des
chocs du prix du pétrole pour les pays africains en l'occurrence celles
qui utilisent les nouvelles techniques d'analyse telle que la
modélisation VAR.
Au regard de toute cette littérature, nous pouvons dire
que l'impact de la hausse du prix du baril sur l'économie a fait l'objet
de nombreuses études, chacune avec ses spécificités en
terme de méthodologie mais également d'approches, lesquelles
présentent chacune des avantages et des limites.
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