I.5.
La littérature empirique
Bon nombre d'études réalisées jusqu'ici
ont révélé l'existence d'une corrélation entre la
hausse du prix du pétrole et les replis observés au niveau de
l'activité économique des pays importateurs de pétrole.
Hamilton (1983), Davis (1987), Mork (1989), Lee et alii (1995), Daniel (1997),
Raymond (1997), Brown (1999), Lee et Ni (1999) et Hamilton (2000) parmi tant
d'autres ont ainsi apporté leur contribution à ce qui
représente un très grand débat dans l'actualité
économique.
Il est ainsi observé que les variations à la
hausse du prix du pétrole sur les marchés mondiaux ont un effet
négatif sur l'activité économique des pays importateurs de
pétrole. Toutefois, malgré cette abondante littérature
empirique faisant état d'un effet important des chocs du prix du
pétrole sur l'activité économique, il y a peu de consensus
sur ce qui explique cet état de fait.
Des modèles reposent sur l'idée que le
logarithme du PIB réel est linéairement lié au logarithme
du prix réel du baril de pétrole. Une implication de cette
linéarité est que si le prix du baril baisse, alors la production
doit augmenter ; en d'autres termes, si une hausse du prix du baril
entraîne une récession économique, alors une baisse du prix
du pétrole devrait provoquer une expansion économique par le
même mécanisme.
BIZOZA, A. et NDIKUMANA, N. (2009) ont montré à
l'aide d'un modèle Autorégressif à retards
échelonnés que la hausse des prix des produits pétroliers
influence le taux de croissance de l'Indice des prix à la consommation
des ménages de Bujumbura.
MANIRAKIZA, P. C. (2005) a montré à l'aide d'un
modèle linéaire que la hausse du prix du pétrole a un
impact négatif et significatif sur les prix des autres produits en
Mairie de Bujumbura.
Hubert (2006) a montré à l'aide d'un
modèle linéaire que la hausse du prix du pétrole a un
impact négatif et significatif sur les finances publiques.
Néanmoins, l'argument selon lequel les chocs pétroliers
contribuent directement aux retournements conjoncturels suscite des
controverses en ce sens que la corrélation entre le prix du
pétrole et l'activité économique paraît faible
d'après une analyse faite sur la base de données de
l'économie américaine, observées depuis 1985 (Hooker,
1996). Nombreux sont les auteurs ayant amputé cette instabilité
de la relation empirique entre prix pétroliers et output à une
mauvaise spécification de la forme fonctionnelle. Loungani (1986), Mork
(1989), Lee, Ni et Ratti (1995), Hamilton (1996), Balke, Brown et Yucel (1999)
parmi d'autres, ont défendu la thèse qui voudrait que la relation
entre le prix du pétrole et l'activité économique soit non
linéaire.
D'un point de vue empirique, de nombreuses études ont
constaté que la relation entre le taux de croissance du PIB et les
variations des cours du pétrole s'est affaiblie après le
contre-choc pétrolier du milieu des années 1980 (Muriel et Laure
(2007). Dans la littérature américaine, diverses théories
ont été proposées pour expliquer cet affaiblissement,
notamment par Hamilton et Hooker.
I.5.1.
Les variations du prix du pétrole ont un effet asymétrique
Empiriquement, plusieurs articles Mork (1989), Hamilton
(1996), Hamilton (2005), Lee, Ni et Ratti (1995) ont mis en évidence sur
données américaines que seules les hausses du prix du
pétrole ont un impact sur le taux de croissance du PIB. Pour ces
auteurs, la baisse du prix du pétrole n'a aucun effet sur
l'activité. La prise en compte de la période du contre-choc
pétrolier dans les modèles réduit donc la précision
des estimations.
Ces effets asymétriques ont été mis en
évidence à trois niveaux. Des études sur données
américaines et britanniques Balke, Brown et Yucel (1998), Davis et
Haltiwanger (2001) montrent que les prix des dérivés
pétroliers réagissent plus rapidement en réponse à
une hausse du cours du brut qu'ils ne baissent avec le prix du brut. D'autre
part, les fluctuations du prix du pétrole nécessitent une
réorganisation de la production. Cette réorganisation
entraîne des coûts d'ajustement, qui viennent accentuer l'effet
négatif de la hausse du prix du pétrole et qui contrebalancent
les effets positifs lors de la chute des cours.
L'alternative proposée dans la littérature
à cette hypothèse d'effets asymétriques est la
présence d'une rupture dans la relation entre le PIB et le prix du
pétrole. En particulier, pour Hooker (1999), cette hypothèse
d'asymétrie n'est pas convaincante sur la période récente.
Selon cet auteur, la relation entre les prix du pétrole et
l'économie change qualitativement autour de 1980. A la fin des
années 1980, des études empiriques sur données
américaines, Hooker (1996) par exemple, ont montré que la
relation entre les variations du prix du pétrole et la croissance
étaient de plus en plus ténues.
|