I.6. L'importance du
pétrole dans l'économie et les marchés
Les produits pétroliers revêtent d'une importance
considérable aussi bien dans l'économie que sur les
marchés. En effet, la hausse de leurs prix entraîne souvent des
effets néfastes dans les économies de divers pays. L'idée
d'une hausse structurelle des prix des matières premières
s'impose déjà depuis fort longtemps, sans doute plus de 5ans. A
l'horizon 3 ou 18 mois, on ne voit pas bien ce qui pourrait favoriser une
détente franche et durable du prix du pétrole. On peut estimer,
depuis 5ans, que l'impact macroéconomique restrictif du choc
pétrolier actuel est probablement faible à l'échelle
mondiale. Cette analyse est toujours valable (moindre intensité
énergétique et pétrolière de la croissance dans les
pays riches, poids élevé des pays exportateurs du pétrole
dans le PIB mondial, impact favorable sur les taux, expansion des
liquidités par les pays pétroliers, choc relativement
graduel, ...)
Dans l'ensemble, le choc pétrolier est
modérément négatif au niveau global avec les pays riches
(Etats-Unis, Europe, Japon) assez perdants(avec quelques exceptions comme le
Canada et la Norvège) et au sein du monde émergent quelques
gagnants (Russie, Golfe, quelques pays d'Amérique Latine,...) et les
Perdants (Inde, une petite partie de l'Amérique Latine, quelques pays de
l'Asie de l'Est comme Singapour, Taiwan ou la Corée, Afrique
subsaharienne sauf les pays du Golfe de Guinée,...).
I.7.
La fixation des prix du pétrole par les marchés
internationaux.
La fixation des prix des produits pétroliers au
marché mondial est le privilège des grands producteurs et surtout
les pays de l'OPEP. Cependant, au début des années 1980, l'offre
mondiale de pétrole tendait à augmenter avec l'exploitation de
gisements nouveaux notamment en Mer du Nord, et la part de l'OPEP dans les
exportations mondiales tendait à diminuer.
Par ailleurs, l'augmentation des besoins en énergie
liée à la croissance des pays industrialisés et à
l'industrialisation des pays émergents était largement
compensée, d'une part par les progrès technologiques dans
l'utilisation de l'énergie (équipements plus performants et
moins « énergétivores »), et d'autre
part par le recours à de nouvelles sources d'énergie
(électronucléaire, gaz naturel, énergies
renouvelables).
Dans ces conditions, l'OPEP ne pouvait contrôler la
tendance à la baisse du prix du pétrole qu'en limitant sa propre
production à travers la fixation de quotas pour chacun de ses membres.
Pourtant, certains pays membres de l'OPEP ne respectaient pas leur quota, et
malgré les efforts de l'Arabie Saoudite qui, de 1982 à 1984,
avait limité sa production au-delà de son quota pour compenser
les dépassements de ses partenaires, les prix tendaient à baisser
(de36$ en 1981à 28$ le baril en 1985). Devant l'impuissance de l'OPEP
à surmonter ses divisions interne, l'Arabie Saoudite décida en
1985 d'augmenter sa production pour reconquérir les parts de
marché qu'elle avait perdues au cours des années
précédentes, suscitant ainsi dès l'année suivante
une chute brutale du prix du pétrole de 28 à moins de 10$ le
baril). Ce contre-choc pétrolier marque le début d'une
période au cours de laquelle, malgré une tentative avortée
de l'OPEP de reprise en main du marché en 1987, le prix du marché
va se fixer sur les marchés internationaux (marché au comptant et
marché à terme), avec les fluctuations de prix inhérentes
aux marchés internationaux des produits de base (entre 10 et 20$ le
baril).
La crise du Golfe, liée à l'invasion du
Koweït par l'Irak en Août 1989, a fait craindre un troisième
choc pétrolier, le prix du pétrole ayant atteint en octobre de la
même année plus de 40$ le baril. Très vite cependant, les
incertitudes relatives à l'approvisionnement en pétrole provenant
du Moyen-Orient furent levées grâce au rapide succès de
l'opération militaire « Tempête du
Désert » et à l'augmentation de la production de
l'Arabie Saoudite dont le pétrole s'est substitué au
pétrole Irakien et Koweitien sous embargo.
Dès la fin de l'année 1990, le prix du
pétrole a retrouvé les niveaux de prix antérieurs à
la crise, se maintenant de 1991 à 1998 entre 15 et 25$ le baril. Au
cours de l'année 1998, le prix du pétrole descendra jusqu'aux
alentours de 10$ le baril, du fait d'une offre pléthorique face à
une demande déprimée par les crises asiatiques, russes et
latino-américaines. Il croîtra ensuite en 1999 et 2000 pour
atteindre au début du mois de septembre 2000 près de 35$,
suscitant les inquiétudes des Pouvoirs Publics des pays importateurs
quant à l'incidence de ce prix sur l'inflation et entraînant en
Europe la fronde des professions dont le prix du carburant constitue un prix de
revient important dans leur activité (pêcheurs, transporteurs
routiers, agriculteurs...). Cet accroissement important du prix du
pétrole était essentiellement lié à l'augmentation
d'une demande stimulée par la croissance économique des
principaux pays importateurs : les Etats-Unis (31,9% de la consommation
mondiale), les pays industrialisés asiatiques se relevant de la crise
qui les avait frappés en 1997 et 1998 (27,2%) et l'Europe (19,6%).
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