I.2.3.Approche
néo-classique sur la formation des prix
L'analyse néoclassique marginaliste donne une
explication sur ce qui pousse les agents économiques sur la
décision de production, de vendre, de consommer, etc. Ces
décisions sont très importantes car elles ont des
conséquences sur l'ensemble de l'économie (niveau des prix,
approvisionnement en denrées alimentaires, etc.).
Dans la théorie néoclassique, les prix orientent
les choix des producteurs (vendeurs). Le marché fournit les indications
nécessaires : qualité et la quantité pour ajuster
l'offre et la demande. C'est ainsi que dans une économie de
marché, le marché et les prix qui s'y forment guident les
décisions des offreurs en fonction de la demande.
Quand diverses conditions se trouvent réalisées,
la concurrence des vendeurs et celle des acheteurs aboutissent à un
équilibre qui s'établit à tous, à un instant
donné, par légalité de l'offre et de la demande au niveau
d'un prix qui est le même pour tous les points du marché.
L'offre des vendeurs à chaque instant, ne serait
excédée par un produit donné, le stock existant et la
demande des acheteurs est elle-même limitée par le pouvoir d'achat
disponible. Le prix du marché est donc un prix d'équilibre. Si le
prix était élevé, l'excès de l'offre par rapport
à la demande le ramènerait au niveau d'équilibre ; si
le prix était inférieur, l'excès de la demande le
relèverait jusqu'au niveau d'équilibre.
Cependant, certains économistes ont donné le
rôle prédominant dans la fixation du prix tantôt à
l'offre, tantôt à la demande. Aujourd'hui, cette querelle qui a
opposé les partisans de l'offre et les partisans de la demande est
apaisée.
I.2.4.La formation des prix :
Marx face à Walras, Marshall et Smith
Il faut d'abord constater un élément commun
à tous ces auteurs, comme d'ailleurs à la grande majorité
des économistes depuis qu'ils s'interrogent sur la théorie des
prix. Chez Marx aussi, l'agent économique individuel n'a pas le pouvoir
de fixer le prix effectif (« réalisé »)
auquel se déroule l'échange. Ce qu'on désigne chez
d'autres sous le nom de « concurrence parfaite » se
retrouve ici, et plus que chez eux il ne s'agit d'une hypothèse
particulière sur le type de marché ; c'est simplement la
traduction de ce que le prix est un « fait social » qui
échappe au contrôle des agents particuliers, quels qu'ils soient.
A partir de ce point commun, les divergences peuvent alors apparaître
avec Léon Walras d'abord. Chez celui-ci, l'absence de contrôle des
agents individuels sur les prix est interprétée d'une
manière radicale : les prix sont annoncés aux agents par un
« crieur » qui n'est ni vendeur ni acheteur ;
autrement dit qui n'est pas lui-même. La différence avec Marx
réside donc dans l'absence de « prix idéal »
annoncé par le vendeur. Cette représentation du marché a
pris une forme exacerbée dans la théorie moderne de
l'équilibre général Walrasien (le « monde
à la Arrow-Debreu »), où la figure envahissante du
«commissaire priseur» s'accompagne d'une séparation
complète en trois problèmes réunis chez Marx : La
formation des prix, la réalisation des échanges et la circulation
de la monnaie.
Avec Alfred Marshall, la proximité paraît plus
grande. Le côté offre s'y manifeste par un « prix
d'offre », qui est le prix qu'exigent les offreurs pour produire une
quantité donnée de la marchandise. Si le « prix
d'offre » ressemble ainsi au prix
« idéal » de Marx, il y a néanmoins une
différence essentielle : lorsque le prix d'offre et le prix de
demande ne sont pas égaux (donc en déséquilibre),
le « prix de marché » (c'est-à-dire le
prix auquel se déroule l'échange, et qui correspond au prix
« réalisé » chez Marx) est le
« prix de demande ». Du point de vue de Marx, ce serait
arbitraire car cela supposerait que la société s'incarne dans le
comportement des demandeurs. Or, ce qui chez Marx confère à la
demande un caractère social, la détention de « monnaie
réelle », c'est-à-dire d'un pouvoir d'achat
général est absent de l'analyse du comportement des demandeurs
chez Marshall, où ils sont dans une position rigoureusement
symétrique de celle des offreurs.
La conséquence en est que la présence de monnaie
n'a rien de nécessaire dans la théorie Marshallienne des prix,
et qu'elle est intégrée, non à travers une analyse de
réalisation des échanges sur chacun des marchés des biens,
mais à travers l'équilibre sur un marché particulier,
celui de la monnaie, où se manifeste la demande globale d'encaisses.
Alfred Marshall a ainsi montré à juste qu'on ne
saurait plus dissocier l'action conjointe de l'offre et de la demande dans la
détermination du prix, qu'on ne pourrait séparer celle des deux
branches d'un ciseau.
C'est avec Smith que la parenté semble la plus grande,
en tout cas si l'on suit Benetti et Cartellier (1998). Selon eux, on peut
compléter la théorie de Marx par l'application de la règle
de « Cantillon-Smith » selon laquelle le prix sur le
marché d'un bien i se forme comme le rapport entre la quantité
totale de monnaie affectée par les acheteurs à la dépense
sur ce marché et la quantité i apportée au marché
par ses vendeurs. Cette interprétation a l'avantage de fournir une
détermination du prix de marché susceptible d'être
rattaché à la tradition classique (et significativement
différente de celle du prix d'équilibre dans la tradition
marginaliste, que son expression soit Walrasienne ou Marshallienne) et de
surcroît, une détermination monétaire, c'est-à-dire
conforme à la définition par Marx du mode de socialité du
prix. Ce modèle concurrentiel a engendré beaucoup de critiques.
Il fournit en effet des solutions satisfaisantes au problème de
l'efficience car l'économie fonctionne avec l'efficience la plus grande
possible.
Le problème du pouvoir économique est d'autre
part résolu de façon satisfaisante car aucune unité
économique ne dispose d'influence suffisante pour agir sur le
marché et le prix. Il en résulte qu'un pouvoir public
destiné à réglementer ou à limiter le pouvoir
économique privé est inutile.
Puisque l'efficience du système économique est
déjà à son maximum sans interférence
étatique, on doit présumer que toute intervention du gouvernement
réduirait l'efficience de l'économie.
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