Volatilité et accumulation du capital dans les économies subsahariennes( Télécharger le fichier original )par Arthur CHOPKENG AWOUNANG Université de Yaoundé II - Nouveau Programme de Troisième Cycle Inter universitaire (NPTCI ) - Diplôme d'études approfondies (DEA ) en sciences économiques 2012 |
CONCLUSION GENERALEEn conclusion, la volatilité reste un phénomène préoccupant pour la croissance des économies en développement, et en particulier pour celles au sud du Sahara (Ramey et Ramey, 1995 ; Van der ploeg et Poelhekke, 2009 ; CEA, 2011). Notamment, elle a été bien plus accentuée depuis le début des années 2000 que durant les deux décennies précédentes. Ceci est majoritairement dû aux chocs exogènes liés aux prix des matières premières, puisque la presque totalité de ces économies est grandement tributaire du commerce extérieur de ces ressources (FMI, 2010) ; en outre, elles sont toutes en situation de price taker. La volatilité des prix des matières premières se transmet donc à l?économie domestique en créant des incertitudes sur l?évolution du terme de l?échange, du taux de croissance du PIB, du niveau général des prix et donc du taux de change effectif réel (CNUCED, 2012). Les études concernant ses conséquences ont alors beaucoup évolué depuis le papier séminal de Ramey et Ramey (1995). Plus précisément, elle exercerait un effet direct, mais aussi indirect sur la croissance à travers ses principaux déterminants, à savoir l?accumulation de capital et la productivité totale des facteurs (Beck et al. 2000). Nous avons donc entrepris d?analyser l?influence de cette volatilité sur l?accumulation de capital dans les économies subsahariennes. Apres avoir balayé les faits stylisés, il apparait tant de manière chiffrée que graphique une corrélation négative entre l?accumulation du capital (humain et physique) et la volatilité de quelques indices macroéconomiques essentiels des économies considérées. Sur cette base, on est conduit à se poser la question centrale suivante : La volatilité influence-t-elle négativement l?accumulation du capital dans les économies subsahariennes ? Puisque l?accumulation de capital englobe l?aspect physique est humain, les deux parties de notre travail se sont donc construit autour de l?effet de la volatilité sur ces deux aspects. En particulier, la première partie tente de répondre à la question suivante : quel est l?effet de la volatilité sur l?accumulation du capital physique en Afrique subsahariennes? La deuxième partie est alors le symétrique par rapport à la volatilité sur l?accumulation du capital humain. Le point sur la littérature théorique effectué dans les Chapitre I et III a permis de mettre en exergue l?état du débat qui entoure la question centrale. En effet, concernant le signe du lien volatilité-accumulation du capital physique, certains auteurs pensent que la convexité de la fonction de profit assure qu?il soit positif ; en revanche, en prenant en compte le caractère irréversible des investissement dans le cadre du modèle néoclassique standard, puis celui plus général de l?aversion à la déception, d?autres démontrent que les investisseurs ont tendance à reporter leurs projets en situation de volatilité pour attendre des informations supplémentaires. Ils défendent donc l?hypothèse de la négativité. De méme, relativement à l?influence de la volatilité sur le stock de capital humain, deux groupes de théoriciens s?affrontent : d?un côté, certains pensent que si l?investissement en capital humain se fait de manière interne, la volatilité a un effet positif du aux motifs de précautions, de cout d?opportunité ou de possibilité de migration. De l?autre, le fait que l?apprentissage se fasse de manière externe réduit le stock de capital humain parce que sa vitesse d?amortissement en périodes de récession est plus élevée que le rythme de sa progression en périodes d?expansion. En outre, l?effet néfaste de la volatilité sur les finances publiques et donc les dépenses publiques sociales vient étayer cette hypothèse. Finalement, prendre position dans les débats susexpliqués nécessite l?application d?une étude empirique. Dans les chapitre II et IV, nous avons donc essayé d?évaluer empiriquement la causalité définie par la question centrale sur un panel de 18 pays d?Afrique subsaharienne couvrant la période 1980-2010. On a considéré la volatilité de la croissance du PIB/hab., du terme de l?échange, du taux d?inflation et du taux de change effectif réel. Elles sont calculées de deux manières : premièrement à l?aide d?un modèle à variance conditionnelle d?ordre 1, c?est-àdire un GARCH (1, 1), puis simplement à travers l?écart-type par périodes quinquennales. On obtient alors les résultats suivants : (1) quel que soit la mesure de volatilité choisie (conditionnelle ou pas), la volatilité du taux de change effectif réel a une influence significativement négative Sur le taux d?accumulation du capital physique. La volatilité du PIB exerce plutôt un effet positif, mais faiblement significatif et seulement dans le cas de la volatilité inconditionnelle ; (2) l?accroissement de l?ouverture commerciale peut annuler les effets négatif de la volatilité du taux de change réel (3) la profondeur du système financier domestique permet également d?atténuer ces effets, mais pas de manière significative. (4) les volatilités du PIB/ hab. et du taux de change effectif réel influencent négativement l?accumulation du capital humain quand c?est la mesure conditionnelle qui est utilisée. (5) en utilisant la mesure inconditionnelle de volatilité, celle de la croissance du terme de l?échange réduit également le stock de capital humain. Les mesures de politique économique à mettre en place devraient donc viser deux objectifs principaux : Premièrement, il est important d?assurer une plus grande stabilité économique, de manière à réduire les incertitudes des agents et ainsi inciter les investissements en capital humain et physique. Pour ce faire, il faut : - Diversifier la structure productive de manière à réduire la vulnérabilité aux chocs et accroitre l?intégration au commerce mondiale - Réduire la mise en oeuvre de politiques discrétionnaires de manière à conforter les agents économiques dans leurs anticipations. Ceci permet notamment de réduire les incertitudes sur le niveau de l?inflation et du taux de change effectif réel. Deuxièmement, il est également essentiel de faciliter la mise en place de mesures de protection ou d?assurance pour les agents économiques en période de volatilité. Pour ce faire, il faudrait : - Favoriser l?intégration financière, ce qui permettrait de financer plus facilement les investisseurs en situation défavorables, mais aussi les individus incapables de soutenir l?avancée de leurs études à cause des effets de la volatilité sur le revenu. En outre, ceci permettrait également à l?état de continuer la mise en oeuvre de projets sociaux en empruntant pour combler les déficits souvent dus à la volatilité. - Accroitre de manière progressive et rigoureusement contrôlée l?ouverture commerciale. Car une mauvaise implémentation de cette politique se traduira par l?absorption du tissu industriel « nourrisson » du pays. Rendu à la fin de notre travail, il est évident de remarquer que certaines pistes n?ont pas pu être explorées. En effet, nous avons mentionné le rôle de la possibilité de migration dans la détermination du signe du lien volatilité-accumulation du capital humain sans pour autant l?inclure dans l?analyse. Ensuite, nous n?avons considéré ici que la volatilité majoritairement liée aux chocs exogènes, sans tenir compte d?autres sources comme les politiques fiscales discrétionnaires, qui sont pourtant répandus dans la région considérée. En outre, le lien capital physique-capital humain a été quelque peu négligé, pourtant il est reconnu dans la littérature que l?un favorise l?autre (Greir, 2005). Enfin, il est important de considérer le fait que la plupart des pays de la zone se trouvent dans des unions. Quel pourrait donc être l?impact de la volatilité idiosyncratique sur les performances des autres membres ou de l?union ? Voilà autant de réflexions qui pourrons faire l?objet de recherches futures. |
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