2.2.2- Résultats et interprétations de
résultats du modèle
2.2.1- Mesure de volatilité conditionnelle (ex
ante) par GARCH (1, 1) Tableau 2.4 : Résultats des estimations,
volatilité mesurée par GARCH
|
H
|
H
|
H
|
H
|
H
|
CPIB
|
-0.003
|
-0.008
|
-0.012
|
-0.007
|
-0.004
|
|
(0.05)
|
(0.16)
|
(0.20)
|
(0.10)
|
(0.08)
|
lnTG
|
-0.775
|
-0.726
|
-0.895
|
-0.872
|
-0.637
|
|
(2.46)**
|
(2.23)**
|
(2.46)**
|
(2.31)**
|
(1.89)*
|
lnOC
|
1.252
|
0.806
|
1.229
|
1.232
|
0.852
|
|
(5.58)***
|
(2.70)***
|
(5.62)***
|
(5.27)***
|
(2.76)***
|
FERT
|
-4.647
|
-0.516
|
-3.595
|
-3.753
|
-1.201
|
|
(1.24)
|
(0.13)
|
(0.97)
|
(0.99)
|
(0.30)
|
lnSTI
|
-1.880
|
-1.162
|
-2.294
|
-2.333
|
-0.723
|
|
(1.84)*
|
(0.73)
|
(1.66)*
|
(1.75)*
|
(0.56)
|
óTCER
|
-2.295
|
|
|
|
-2.133
|
|
(1.97)**
|
|
|
|
(1.52)
|
óCPIB
|
|
-0.017
|
|
|
-0.017
|
|
|
(1.85)*
|
|
|
(1.77)*
|
óTDE
|
|
|
-1.428
|
|
-0.988
|
|
|
|
(0.72)
|
|
(0.73)
|
óINF
|
|
|
|
0.000
|
0.000
|
|
|
|
|
(0.03)
|
(0.61)
|
_cons
|
3.728
|
4.030
|
3.476
|
3.461
|
4.319
|
|
(5.44)***
|
(4.69)***
|
(4.69)***
|
(4.60)***
|
(4.55)***
|
N
|
81
|
81
|
81
|
81
|
81
|
R2
|
0.40
|
0.39
|
0.38
|
0.39
|
0.42
|
Note : * p<0.1; ** p<0.05; *** p<0.01. Les valeurs ( )
représentent les t de student
- - Interprétations des
résultats du modèle
L?explication des résultats est faite en termes de
vérification des signes et de la significativité des variables du
modèle. Le tableau suivant récapitule les signes obtenus, en
comparaison à ceux attendu de l?examen de la littérature :
VARIABLES
|
SIGNE ATTENDU
|
SIGNE OBTENU
|
óCTDE
|
--
|
_ -
|
óTCER
|
- -
|
_ -
|
óCPIB
|
- -
|
_ -
|
óINF
|
- -
|
+
|
lnTG
|
- -
|
_ -
|
lnOC
|
+
|
+
|
FERT
|
- -
|
_ -
|
STI
|
- -
|
_ -
|
CPIB
|
+
|
- -
|
- - Les variables d'intérêt : les
indices de volatilité
On peut maintenant remarquer que concernant nos variables
d?intérêt, la presque totalité affiche les signes
négatifs attendus, sauf la variable óINF relative à la
volatilité du taux d?inflation. En outre, seul deux d?entre elles sont
significativement négatives, à savoir la volatilité du
taux de croissance du PIB/hab. (óCPIB) et celle du taux de change
effectif réel (óTCER).
Nous confirmons ici l?hypothèse adoptée au
début de l?analyse, à savoir que la volatilité, en
particulier celle des agrégats macroéconomiques en Afrique
subsaharienne est néfaste pou l?accumulation du capital humain. Les
explications théoriques de ce constat ne sont pas en reste.
Pour ce qui est de la volatilité du PIB, le
résultat que nous obtenons confirme ceux de Vandewege et Helen (2005),
mais aussi de Flug (1999) et Checchi et Garcia-Penalosa (2003) avant
eux ; qui avaient également utilisés la volatilité de cet
indicateur pour saisir la volatilité du taux d?emploi. En particulier,
l?accroissement d?une unité de la variabilité conditionnelle du
taux de croissance du PIB/hab. réduit d?environ 0.02 ans le nombre total
d?années de scolarisation. En effet, dans les économies à
faibles revenus en général et subsahariennes en particulier, le
rendement privé de l?investissement en capital humain est très
faible relativement au reste du monde (faibles taux de salaires), en plus
d?être disponible à plus long
terme et avec une probabilité moins
élevée (volatilité du taux d?emploi) ; ceci fait qu?en
période de volatilité, les individus sont mois attirés par
l?investissement de précaution en capital humain et
préfère d?autres moyens moins long et moins aléatoires,
même si ce sont des emplois à faibles rémunérations
qui demandent donc nécessairement une compétence moins
élevée. La volatilité entraine alors les individus
à se lancer dans le marché de l?emploi de manière
précoce, plutôt que de continuer leurs études. Ce
marché est en outre caractérisée par la
prépondérance de l?informel ; par conséquent, La solution
idéale à la volatilité est d?entrer dans le secteur
informel, qui ne demande pas une grande quantité de capital humain, mais
permet de s?assurer un certain niveau de revenu. La volatilité des
performances macroéconomiques serait donc à l?origine de
l?évolution du secteur informel dans nos économies. Checchi et
Garcia-Penalosa (2003) trouvent notamment qu?au Chili, la
volatilité sape à la fois l?accumulation du capital humain et sa
répartition égalitaire. Il met en évidence de
manière robuste le fait que le niveau d?éducation moyen
augmenterait de presque 1 an et les inégalités baisseraient de
7.9 points de Gini si le Chili pouvait réduire la volatilité de
son PIB au niveau de celle des Etats-Unis (c?est-à-dire de 3.8 points de
pourcentage avec les chiffres de 2003).
En outre, une augmentation d?une unité de
l?écart-type conditionnelle du taux de change effectif réel
diminue d?environ 2.3 ans le nombre total d?années de scolarisation.
L?effet de la volatilité du taux de change effectif réel sur
l?accumulation du capital humain en Afrique subsaharienne est majoritairement
indirect. En effet il s?explique à travers le lien très
étroit entre l?accumulation de capital physique à l?accumulation
de capital humain. Dans le chapitre précèdent, nous avons mis en
évidence l?influence défavorable et fortement significative
qu?exerce la volatilité du taux de change effectif réel sur
l?accumulation de capital physique. En outre, la croissance du stock de capital
physique dans l?économie peut être considérée comme
un proxy de la demande de main d?oeuvre qualifiée. L?accroissement du
stock de capital physique élève donc les possibilités
d?utilisation et le rendement du capital humain, et par suite, l?effet
négatif de la volatilité du taux de change effectif réel
sur le stock de capital physique devrait aboutir à une influence autant
négative sur le stock de capital humain. Notons ici que Caballe et
Santos (1993), mais aussi Graca, Saqib, et Philippopoulos (1995)
démontrent qu?une augmentation du stock de capital physique devrait
accroitre le stock de capital humain puisque ceci signifie que ce dernier
devienne plus productif. En outre, chez Lucas (1993) et Greiner (1999), chaque
unité de capital physique supplémentaire doit se traduire par une
unité en plus de capital humain pour soutenir la croissance du revenu
par tête
dans l?économie. Upadhyay (1994), reconnaissant la
possibilité que de nouvelles technologies détruisent le stock de
capital humain existant, construit un modèle où les innovations
sont favorables à une demande dérivée pour de nouveaux
types de capitaux humains plus productifs (logique schumpetérienne).
Enfin, Grier (2005) affirment après un modèle a équations
simultanées que les deux types de capitaux sont déterminés
de manière endogène, l?un affectant l?autre dans la région
subsaharienne; ce qui signifie que l?accumulation de capital physique est
favorable à l?accumulation du capital humain, et vice versa. Au vue de
ces évidences, la logique de l?influence indirecte de la
volatilité du taux de change réel sur le capital humain à
travers le capital physique semble vérifiée.
- Les variables de contrôle
Le signe affecté à la taille du gouvernement
confirme nos attentes. En effet, un accroissement de 1% de la dépense
finale de consommation des pouvoirs publics réduit d?environ une demi
année la scolarisation totale que les individus décident
d?atteindre. Cette influence est négative est significative à 5%.
Ceci rejoint en outre les trouvailles de ndeffo (2010). Conformément
à la littérature, cet effet dépend de la composition et du
moyen de financement des dépenses publiques. En effet, il existe un
certain effet d?éviction de la dépenses publique
d?éducation et de santé au fur et à mesure que la
consommation finale total du gouvernement augmente : dans les économies
subsahariennes en général, plus la consommation publique est
élevée plus les comportements rentiers se font ressentir,
c?est-àdire que les détournements de derniers publics
s?accentuent, en particulier dans le cadre des dépenses sociales,
étant donné la faiblesse des institutions en place. En outre,
cette dépense supplémentaire est le plus souvent axée sur
le fonctionnement et non l?investissement, faisant suite à la
volonté du pouvoir en place de se maintenir en accroissant les
recrutements publics et donc la taille du gouvernement. De ce fait, la
dépense publique totale peut rester inchangée pendant que la part
habituellement allouée aux secteurs stratégiques dans
l?accumulation de capital humain est diminuée pour accroitre les
dépenses de fonctionnements. Cette inefficience d?allocation est
notée par Devarajan et al. (1996). Concernant le mode de financement des
dépenses publiques, Grier et Tullock (1989) montrent qu?un accroissement
des dépenses publiques financés par les taxes réduit le
rendement des investissements et donc les incitations à investir dans le
capital physique, ce qui freine également l?accumulation de capital
humain comme montrer précédemment. De plus, étant
donné que la dépense prioritaire
du ménage va à la nutrition45, cet
accroissement des taxes diminue également la part de revenus qui peut
être alloué à l?éducation et la santé.
Le taux de fécondité (FERT) possède comme
attendu un signe négatif, mais non significatif. Le nombre
élevé d?enfants par femme pourrait donc être insignifiant
dans la décision d?investir en capital humain ; mais en faisant une
analyse plus approfondi, on se rend compte que c?est la liaison entre
l?incertitude provoquée par les indices de volatilité choisis et
ce taux qui absorbe sa significativité. En effet, estimant le
modèle sans prendre en compte la volatilité, elle est fortement
significative avec un effet pervers sur l?accumulation du capital humain. On
conclut donc qu?en période de volatilité, donc d?incertitude sur
les revenus futurs, les populations tendent à privilégier
l?épargne de précaution quantitative plutôt que
qualitative. Ceci signifie qu?ils préfèrent faire plus d?enfants
pour accroitre la possibilité que l?un deux les prennent en charge dans
les vieux jours alors qu?il serait plus judicieux d?en faire un peu et de tous
leur donner une éducation de qualité, avec les soins sanitaires
et nutritionnelles qui vont avec. D?un autre coté le fort taux de
fécondité accroit également le phénomène de
volatilité du PIB puisque les individus croissent de manière non
contrôlée autant que les performances économiques.
La croyance populaire développée par la
littérature voudrait qu?en plus de diversifier les possibilités
d?utilisation de la force de travail qualifiée, donc par-là
accroitre les incitations à accumuler le capital humain, l?ouverture
commerciale (OC) permette également d?accélérer le
processus de rattrapage technologique des économies avancées en
permettant à celle qui sont en retard d?imiter plus facilement les
produits faisant l?objet du commerce international (Abessolo, 2005). Cet
hypothèse est confirmée ici, puisque l?accroissement d?1% cette
variable se traduit par l?accroissement d?environ 1.25 ans du stock de capital
humain avec une significativité à 1%. L?OC facilite
également l?implantation de pôles de formation
étrangers.
A l?issue de notre régression, nous trouvons un
résultat qui semble assez surprenant, mais qui pourtant trouve une
explication des plus réalistes qui soit dans le contexte subsaharien :
c?est les signes négatifs attribué à la variable de la
croissance du PIB (CPIB). En effet, le signe redevient positif quand on
n?utilise aucune mesure de volatilité.
Nous supposons qu?il doit finalement exister un effet de seuil
de niveau de vie à partir duquel l?accroissement du PIB par tête
est favorable à l?accroissement du capital humain,
45 Environ 70% en Afrique subsaharienne selon la FAO
(2010).
c?est-à-dire dans le sens où il permet d?assurer
un plus grand revenus au individus pour pouvoir accroitre leurs demande
d?éducation et de santé. Nous postulons donc que l?incertitude
sur les revenus et le faible niveau de vie des habitants de la partie
subsaharienne de l?Afrique les poussent à privilégier la
satisfaction présente à la satisfaction future anticipée
du rendement de l?éducation.46 En effet, de la croissance du
PIB par tête devrait résulter un accroissement des
opportunités d?emplois à la fois dans le secteur formel
qu?informel, que ce soit par l?embauche ou l?auto investissement. De ce fait,
les individus ont tendance à ne pas terminer leurs cursus scolaire ou
académique, ou alors à l?écourter dès lors qu?une
occasion d?emploi se présente, quand bien méme elle serait mal
rémunérée. Notons ici que le salaire de réservation
des individus dans le contexte étudié est souvent faible du fait
même de la nonconsistance du capital humain individuel, ou surtout de
l?absence d?alternative. C?est donc surement ce qui explique les
résultats obtenus.
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