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Volatilité et accumulation du capital dans les économies subsahariennes

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par Arthur CHOPKENG AWOUNANG
Université de Yaoundé II - Nouveau Programme de Troisième Cycle Inter universitaire (NPTCI ) - Diplôme d'études approfondies (DEA ) en sciences économiques 2012
  

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1.2- Méthodologie

L?évaluation se fait sur la période allant de 1980 à 2010, Donc 31 ans. On a choisi 18 pays d?Afrique subsaharienne sur la base de la disponibilité des données, mais aussi du degré d?instabilité macroéconomique notée dans la littérature empirique. Ces pays sont notamment le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Cote d?Ivoire, le Gabon, le Ghana, le Kenya, le Lesotho, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Soudan, le Togo et la Zambie. La plupart des données pour ces pays étant disponibles, le panel reste néanmoins non cylindré.

1.2.1- spécification du modèle

Nous allons ici nous servir du modèle utilisé par Vandewege et Heylen (2005). Il consiste en la régression en panel d?une équation simple avec pour variable dépendante un proxy du niveau d?investissement en capital humain. Ici c?est le stock de capital humain mesuré comme le nombre moyen d?années d?étude des individus âgés de 15 ans et plus. Les chiffres pour cette variable n?étant disponibles que par intervalles de 5 ans, les données sont prises en moyenne de 5 années, ce qui permet également d?éviter la corrélation cyclique entre les variables explicatives. Le modèle se décline ainsi comme il suit :

Hit = a0 + a1VOLi + axXi + azZit + ri + ët + îit (1)

Avec i= 1, 2, 3,~N et t= 1, 2, 3,~T. Les variables explicatives présentent ici sont constitués par une mesure de la volatilité macroéconomique (VOLi), mais aussi deux ensembles de déterminants de l?investissement en capital humain incluent dans les vecteurs Xi et Zit. Comme on peut le voir, la volatilité et le premier vecteur X n?ont pas de dimensions temporelles ; seuls les autres déterminants contenus dans le vecteur Z en ont. En outre, ri saisi les effets spécifique individuels invariants dans le temps tandis que ët représente les effets

temporels communs par période à tous les individus (pays). Enfin, îit est le terme d?erreur.

La variable du vecteur X appréhendée par l?auteur est la disponibilité du crédit dans le pays. Les autres variables dynamiques dans le vecteur Z sont les inégalités de revenus, les inégalités d?éducation, les dépenses publiques réelles par personne en éducation, le capital physique en ration du PIB, le logarithme du PIB réel par hab. initial.

Cependant, on ne peut tout simplement pas transposer ce modèle tel quel à l?étude des économies subsahariennes, et ceci pour plusieurs raisons d?ordre théorique et pratique :

Premièrement, les proxys utilisés dans la littérature empirique sont la plupart du temps de deux ordres : premièrement, les taux de scolarisation dans l'enseignement primaire, secondaire ou supérieur, pondérés de la part de la tranche d'âge correspondante dans la population en âge de travailler. Cette mesure de l?investissement étant toutefois très approximative, on peut tout aussi bien utiliser le stock de capital humain mesuré par le nombre moyen d'années de scolarisation de la population de 25 ans et plus8. Aucun argument théorique ne penche de manière décisive en faveur de l'un ou l'autre des deux indicateurs du capital humain - le flux ou le stock. En outre, il est démontré que la population en éducation dans les pays en développement est plus importante pour la tranche de 15 ans et plus. Ainsi, nos estimations porteront sur le stock de capital humain mesuré par le nombre moyen d?années de scolarisation totale des individus âgés de 15 ans et plus. On rejoint l?auteur dans ce sens.

Deuxièmement, on remarque dans la spécification de l?équation (1) que la mesure de volatilité utilisée n?est pas dynamique. Ce qui est une insuffisance importante, puisque les évidences issues des observations laissent paraitre que la volatilité varie dans le temps (Serven, 1998 ; Cavalcanti et al. 2011). En outre, cette mesure ne permet pas de mesurer la volatilité ex ante, c?est-à-dire tel que définie par les anticipations des agents économiques, qui joue un rôle non négligeable dans la décision d?accumulation de capital humain de ces agents. De plus, le fait de considérer la contrainte de crédit comme non dynamique est également trop restrictive. Dans notre étude, nous considérons donc quatre mesures de volatilité dynamiques ex-ante mesurées à l?aide de la résolution de modèles autorégressifs à hétéroscédasticité conditionnelle GARCH (1,1) comme dans le chapitre précèdent. On analyse donc successivement les rôles de la volatilité du terme de l?échange (óTDE), la volatilité du taux de change effectif réel (óTCER), de la volatilité du PIB (óCPIB), et la volatilité du niveau d?inflation (óINF). La justification de ces choix réside dans les observations suivantes :

- La plupart des populations des économies subsahariennes vivent grandement de

la culture des produits de rente comme le café, le cacao et le coton qu?ils exportent sur les marchés internationaux, tout comme leurs gouvernements qui tirent également d?énormes recettes fiscales et d?exportations de ce commerce. Ainsi, la volatilité des prix des matières premières sur ces marchés (mesurée par la volatilité du taux de croissance du terme de l?échange) affecte négativement la stabilité des revenus des ménages et des pouvoirs publics (Luciani, 2011). Du point de vue des ménages, il devient difficile de financer de manière individuelle l?éducation et la santé ; du point de

vue des pouvoirs public, la disponibilité des dépenses sociales (éducation, santé, couverture sociale...) est remise en cause (Catao et Kapur, 2006). Ceci contribue au final à décourager les investissements en capital humain. Cavalcanti et al. (2011) permettent empiriquement de confirmer l?influence néfaste de la volatilité du taux de croissance du terme de l?échange sur l?accumulation de capital humain dans les pays exportateurs de matières premières, et notamment 24 pays d?Afrique subsaharienne.

- Dans le chapitre précèdent, il a été démontré que la volatilité du taux de change effectif réel impacte négativement l?accumulation de capital physique. Etant donnée la relation d?interdépendance qui existe entre l?accumulation de capital humain et physique (Vandewege et Heylen, 2005), on peut donc a priori penser qu?elle influence également négativement l?accroissement du stock de capital humain. En effet, s?il y a des retards en ce qui concerne l?implantation du capital physique et donc l?offre d?emploi, le mode d?apprentissage externe (Learning by doing) est freiné. Cette approche a déjà été évoquée plus haut dans l?analyse théorique.

- La volatilité du PIB engendre des incertitudes en ce qui concerne la demande de

travail et les taux de salaire, Elle constitue donc un proxy de la volatilité du taux d?emploi (Flug et al. 1999). Si les individus ne sont pas sûrs du rendement de l?investissement en capital humain, c?est-à-dire qu?ils ne soient pas en mesure de pouvoir trouver un emploi à la fin de leurs cursus scolaires, il risque d?y avoir une délocalisation des fonds pouvant être alloué à l?accumulation de capital humain vers d?autres secteurs d?activité. En Afrique subsaharienne, c?est souvent le cas, puisque les parents préfèrent selon les circonstances inciter les enfants à se lancer dans le secteur informelle ou l?agriculture plutôt que les envoyer à l?école.

- La volatilité du taux d?inflation représente également une incertitude sur la demande en affectant le revenu disponible des ménages, mais aussi celle des taux d?intérêts dans l?économie (Varvarigos, 2008).

Troisièmement et enfin, les variables explicatives choisies par les auteurs ne sont pas adéquates dans le cadre de notre étude, non seulement par rapport à la disponibilité des données, mais aussi au regard des spécificités des économies subsahariennes. Pour ce travail, nous prenons donc comme variables de contrôle celles qui suivent :

L?ouverture commerciale en logarithme (lnOC) : il a été démontré qu?elle influence grandement les incitations à investir dans le capital humain en Afrique subsaharienne (Abessolo, 2005). L?auteur pose qu?en Afrique subsaharienne, l?influence positive de

l?accumulation du capital humain sur la croissance dépend fortement de l?ouverture commerciale. En effet, dans les économies fermées, le fait que le capital humain puisse ne pas avoir d?effets positifs (ou même négatifs) sur la croissance viendrait des distorsions dans l?affectation de ce capital. L'ouverture commerciale empêche le rendement du capital humain de diminuer et permet également d'éliminer ces distorsions. De plus, par le biais de la demande, l'ouverture commerciale multiplie les possibilités d'emploi du capital humain dans les activités économiques favorables à la croissance. En conséquence, l'économie peut récolter les fruits du relèvement du niveau d'éducation de la main-d?oeuvre et accélérer son processus de rattrapage des économies plus développées.

Le taux de fertilité (FERT)43. Il mesure le nombre de naissance moyen par femme. En effet, la région subsaharienne est caractérisée par des pays possédant les taux de fécondité les plus élevés de la planète, mais des niveaux de revenus par tête parmi les plus faibles. Il s?en suit que les parents ne parviennent pas le plus souvent à envoyer la totalité de leurs enfants à l?école, ni à soutenir pendant longtemps leurs études. En outre la gente féminine est défavorisée. Par conséquent, le stock de capital humain tend à baisser.

Le log de la taille du gouvernement (lnTG) représentant les dépenses finales de consommation du gouvernement en ration du PIB (Cavalcanti et al. 2012). Il permet de cerner le rôle de létat dans l?accumulation de capital humain. Pour ce faire, il aurait été efficient de disposer des données sur les dépenses publique d?éducation en pourcentage du PIB, mais l?auteur note qu?à défaut, on peut utiliser cet indicateur. Pour Ndeffo (2010), Cet indicateur permet d'évaluer le niveau de gaspillage des ressources du secteur productif en faveur du secteur non productives telles que l'armement dans les économies subsahariennes. Ces placements dans le non secteur productif ont une tendance à marginaliser certains secteurs comme celui de l'éducation.

Un indicateur de la demande en main d?ouvre qualifié (STI) suivant Ndeffo (2010). Il mesure ici la part du PIB issue du secteur agricole, le reste étant attribué aux secteurs industriels et des services. Ainsi, plus la demande en main d?oeuvre qualifiée se fera sentir dans l?économie, plus les individus auront tendance à plus se former pour pouvoir répondre à cette demande. Les économies subsahariennes sont caractérisées par la prépondérance du secteur agricole dans la contribution au PIB national, secteur qui ne demande pourtant pas des travailleurs ayant un niveau d?apprentissage élevé ; il semble donc judicieux de penser

43 Voir Zamo, C. (2010). «Fertility, health and female labour force participation» MPRA Paper.

que plus la part du secteur agricole dans le revenu national sera faible par rapport à celle des autres secteurs, plus les individus dans l?économie auront tendance à moins se former.

On considère également la croissance du PIB par tête, suivant Checchi et García-Peñalosa (2004). En effet, il est clair que cet indicateur devrait a priori avoir un impact important : Premièrement, l?accroissement du PIB par habitant se traduit par l?augmentation des revenus et à partir de là, la possibilité pour les parents de pouvoir assurer l?éducation de leurs progénitures. Ensuite, elle se traduit par une offre d?emplois supplémentaires qui pousse les individus à se former pour devenir plus compétitifs sur le marché. Enfin, elle permet aux travailleurs d?accumuler l?expérience, l?habilité et les compétences.

Toutes ces variables prisent en compte, Le modèle à effet individuels final qu?on obtient est le suivant :

Hit ã + á1óTDEit + á2óTCERit + á3óPIBit + á4óINFit + â1lnOCit + â2lnSTIit +
â3lnTGit + â4FERTit + â5CPIBit + ri + ët + îit
(2)

La présence d?effets spécifiques par pays renvoie au fait que les économies subsahariennes ont des structures ethniques, géographiques et culturelles différentes. On envisage donc la significativité de la variable ri. En ce qui concerne les effets communs par période de temps, seul le test et les régressions nous certifierons leurs présences.

Tableau 2.1 définitions des variables et sources de données

Nom de la variable Définition Sources de données

Terme de l'échange Prix des exportations relativement aux WDI (2012) (TDE) importations (net bater)

Croissance du PIB Première différence logarithmique du PIB WDI (2012)

réel/hab. (CPIB) réel/hab. (en prix constant du dollar US

2000)

Inflation (INF) Accroissement de l?indice des prix à la WDI (2012)

consommation à chaque fin de période (en

%)

Taille du Rapport des dépenses de consommation WDI (2012)

gouvernement (TG) finale du gouvernement au PIB (en log)

Ouverture Somme des exportations et des importations WDI (2012)

commerciale (OC) rapportée au PIB (en log)

Stock de capital Nombre d?années totales de scolarité des Barro et Lee (2010)

humain (H) individus âgés de 15 ans et plus

Structure valeur ajoutée en provenance du secteur WDI (2012)

industrielle (STI) agricole en ratio du PIB (en log)

Taux de change (i) Taux de change effectif réel base WDI (2012)

effectif réel (TCER) 100= 2005

Taux de fertilité(FERT) Nombre moyen d?enfants par femme WDI (2012)

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