CHAPITRE 5 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
5.1. Conclusion
L'agriculture a toujours été
considérée comme un secteur important dans les stratégies
de développement du Cameroun. Cette considération découle
de son poids dans l'économie du pays. Le secteur a toujours
occupé plus de 60% au moins de la population active, et
représenté au moins 15% des ressources budgétaires du pays
et 1/4 à 1/3 du PIB. Par ailleurs, il induit d'importants effets
d'entraînement sur les autres secteurs économiques.
Après une croissance régulière au cours
des deux décennies qui ont suivi l'indépendance en 1960, la
régression de 50% des cours des produits de rente exportés
(cacao, café, coton et caoutchouc principalement) au milieu des
années 80 et des déficiences dans la gestion des entreprises
étatiques dont le pays avait fait entre temps le moteur de
l'activité économique ont porté un coup rude au
développement du secteur.
Face à cette situation, les organismes internationaux
à l'instar de la Banque Mondiale et du FMI vont prôner le
désengagement de l'Etat de la majorité de ses activités et
la libéralisation. Le secteur agricole en prend un grand coup et les
paysans se voient alors supprimer les subventions suite à la
libéralisation des grandes filières d'exportation. Aussi, les
organismes publics qui avaient la charge d'appuyer les producteurs vont pour la
plupart disparaitre pour laisser la place au secteur privé.
La libéralisation de façon
générale s'est traduite par la désorganisation du
système de commercialisation, le développement de l'amateurisme
dans les filières, la concurrence déloyale
caractérisée par une recherche effrénée du profit
individuel, la confiscation des informations par certains acteurs d'où
le manque de transparence dans les marchés intérieurs.
Au niveau des prix on assiste à une fixation
unilatérale des prix par les exportateurs ; en effet les producteurs ne
connaissent pas les composantes de ces prix, les acheteurs sont devenus des
« Price maker » et, il existe des écarts énormes entre
le prix FOB et ceux bord de champ.
A l'ouest Cameroun la production dominée de
façon générale par la production caféière va
se trouver dans une situation pareille car, la baisse des prix au planteur
suite à la libéralisation aura des conséquences sur le
niveau de production.
L'objectif général de cette étude
était de voir à quel point la disparition des organismes publics
d'appui financier et la libéralisation des filières ont pu
influencer le monde agricole dans la région de l'Ouest. Il se
décompose en trois objectifs secondaires à savoir :
étudier la performance de l'activité agricole dans la
région de 1980 à 2000 ; déterminer la contribution des
coopératives dans l'encadrement des producteurs ; analyser le
comportement des paysans avant et après la libéralisation et voir
à quel point la libéralisation a entraîner la
réduction du rendement des producteurs.
Pour atteindre ces objectifs, il a été question
de comparer le niveau de production des producteurs et les quantités
d'intrants utilisées pendant les périodes 80-90 et 90-00. Le test
des hypothèses utilisé à été le test t de
student sur échantillons appariés.
A la suite des analyses faites, on remarque la forte chute de
la production des caféiculteurs dans la région, le niveau
très faible d'utilisation des intrants, la réduction des
superficies de café. Mais le grand espoir reste pour ce qui est de la
relance de leurs exploitations caféières .Le test des
hypothèses nous montre très bien qu'il existe une forte influence
de la libéralisation sur les quantités produites et les
quantités d'engrais utilisées. Cette influence de la
libéralisation a entrainé une faible rentabilité de
l'activité et un découragement des producteurs qui, pour la
plupart négligent leurs exploitations et bénéficient donc
d'un mauvais rendement sur les superficies.
Face aux différents problèmes rencontrés
par les paysans après la libéralisation, les recommandations
suivantes peuvent être formulées. Elles s'adressent aux
Gouvernement, coopératives et paysans.
5.2. RECOMMANDATIONS Pour l'Etat, nous
formulons les recommandations ainsi :
> En Effet depuis la libéralisation, le secteur
café et particulièrement le marché
s'est trouvé dans une anarchie totale, les prix
proposés sur les marchés généralement bas ,le sont
encore plus avec les acheteurs privés .C'est ainsi que nous recommandons
à l'Etat de pouvoir intervenir sur les prix au producteur en
recréant des structures pouvant jouer sur la fixation et la
stabilisation des prix au producteur tout en essayant de tirer leçons
sur la gestion des anciens organismes d'appui au monde rural..
> Dépourvu de moyens financiers destinés
à l'encadrement des paysans, les
coopératives malgré leur volonté se
trouvent pour la plupart coincées .Ainsi, il est aussi recommandé
à l'Etat d'apporter une aide aux coopératives en appuyant leurs
actions dans l'encadrement des paysans car, ces derniers leur font encore
confiance.
> Le niveau de production ayant baissé pour cause de
prix élevé des intrants, il
est recommandé de mettre à la disposition des
producteurs des quantités importants d'intrants à prix fortement
subventionné, ce qui pourra permettre d'augmenter les rendements des
producteurs.
> Faute de routes, certaines exploitations sont
abandonnées, ainsi en mettant un
accent sur l'aménagement des pistes rurales les paysans
pourront alors augmenter leurs superficies en mettant en valeur les champs
éloignés.
Aux coopératives, nous recommandons de ;
> Mettre le producteur au centre de leurs actions car, cela
leur permettra de gagner la confiance de ces derniers qui pourront leur vendre
les récoltes.
> Suite à la libéralisation, les acheteurs
privés mieux organisés sont des
concurrents de poids, ainsi, nous recommandons aux
coopératives de redynamiser les équipes de collecte de
café dans les zones rurales pour alors faire face à la
concurrence.
> Elaborer une cartographie des producteurs, de les suivre et
de proposer
un bon prix à leur production.
> Mettre sur pied de grandes plantations de café qui
pourront servir de
modèle chez les producteurs.
Pour les planteurs, nous recommandons
> L'entretien des exploitations de caféiers existantes
notamment
en régénérant les vieux pieds.
> De se regrouper en association pour l'acquisition des
produits
phytosanitaires.
> La création de nouvelles plantations
caféières en
s'approvisionnant en semences améliorées
distribuées par les coopératives.
|