2) les conséquences en ce qui concerne le
financement.
Le financement des opérations agricoles a
été progressivement abandonné a l'occasion de la
libéralisation. Le secteur privé notamment bancaire qui devait
reprendre le témoin n'a pas suivi. Dans le secteur cacao le financement
sur recettes d'exportations ou le recours au crédit se sont
substitués aux subventions et autres concours techniques de l'Etat.
Toutefois le constat démontre que seuls 7% des paysans ont accès
aux crédits. Bien que le secteur agricole représente 30% du PIB
de l'économie nationale, les statistiques révèlent que
seuls 8% des crédits bancaires sont alloués au financement des
activités agricoles. La cartographie des instituts de financement est
marquée par le rôle quasi exclusif des tontines et prêts
familiaux. Il convient donc de constater que l'accès des paysans aux
crédits bancaires est marginal. Le retrait de l'Etat du circuit de
financement par la liquidation du Crédit Agricole Camerounais (CAC) aura
pour conséquence une rupture des flux de financements des
activités agricoles. La difficulté d'accès aux
crédits pour les paysans est le fait d'une désorganisation du
secteur après le retrait de l'Etat. Plusieurs considérations
excluent les producteurs du système bancaire. En amont, la
volatilité des prix des produits agricoles, les risques de production et
les carences d'un système de garantie ou de cautionnement des
producteurs. En aval les carences d'une politique claire en direction du monde
agricole et les taux d'intérêts élevés
pratiqués par les banques. La création des organismes de micro
crédits destinés à financer les activités
communautaires est venue prendre le relais.
3) Les effets sur les prix
Dans la plupart des pays africains, le marché des
produits agricoles d'exportation est très largement sous le
contrôle de l'Etat par le biais des coopératives et des Caisses de
stabilisation (ou Marketing Board en Afrique anglophone). C'est aussi l'Etat
qui fixe par décret le prix d'achat au producteur et accorde
l'agrément aux exportateurs. Une situation très confortable qui
permettait d'engranger d'importantes marges bénéficiaires quand
les cours étaient à la hausse, mais aussi de répercuter
les baisses sur les producteurs. Le système mis en place par les
pouvoirs publics a nui à la fluidité du marché. Il a
créé, ici ou là, des goulots d'étranglement tout en
décourageant les producteurs par des prix peu incitatifs et
l'accumulation d'arriérés de paiements des récoltes
(Nzekoue, 1994).
Pour Mbianda (1993), une Caisse de Stabilisation fixe un prix
garanti à la production pour les produits destinés à
l'exportation et assume la différence entre ce prix et le cours
mondial. Les caisses de stabilisation, en raison des masses
financières importantes qu'elles ont eu à gérer, ont
été amenées à jouer un rôle très
important tant au niveau du commerce extérieur des PVD, du
développement de l'agriculture, de l'investissement industriel que du
fonctionnement des circuits financiers étatiques. Elles étaient
devenues une pièce maîtresse dans le processus de
développement de ces pays.
Mais pour Tollens cité par (Nzekoue, 1994), la
stabilisation telle que pratiquée jusqu'ici, a toujours consisté
à ramener les prix du café, du cacao ou du coton à la
baisse, jamais à la hausse. Quand les prix à l'exportation
étaient bons, comme en 1985, avec 1400 F/kg au port de Douala, le prix
d'achat au paysan ne dépassait pas 400 F/kg. Les Caisses de
stabilisation débordaient de centaines de milliards. Où est
passé tout cet argent ? Au lieu de servir à l'augmentation de la
productivité et à l'amélioration des conditions de vie du
monde rural, il a été gaspillé dans des projets
grandioses, improductifs, quand il n'a pas été affecté au
renflouement des entreprises publiques chroniquement déficitaires.
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