2.2.6. LA CRISE ECONOMIQUE DU MILIEU DES ANNEES 1980 AU
CAMEROUN
Au milieu des années 80, le modèle
économique du Cameroun se dérègle. Il reposait depuis les
années 60 sur une économie mixte, à dominante agricole,
avec une forte régulation publique .Durant deux décennies, et
malgré deux chocs pétroliers, ce modèle économique
agricole a assuré une progression lente mais continue du niveau de vie
de la majorité des ménages camerounais. Au début des
années 80, le Cameroun est classé parmi les pays a revenus
intermédiaires avec un avenir d'autant plus prometteur qu'il engrange
depuis 1977 de substantiels revenus de l'exploitation de ses gisements de
pétrole. Quelques années après, cet élan de
progrès économique et social est durablement brisé. C'est
ce retournement tendanciel qui fonde l'idée d'une crise
économique observable à travers une baisse du revenu national,
une régression sociale et une série de dérèglements
important dans le fonctionnement habituel du modèle économique
camerounais des années 60 et 70.
A partir de 1984/1985, le Cameroun a connu une des
périodes marquantes de son histoire socioéconomique et politique
avec le début violent de la crise économique, la
libéralisation du secteur agricole, le désengagement de l'Etat.
Mais à partir de l'année 1986, la crise économique emboite
la crise politique qui ne lui est pas totalement étrangère. Elle
se manifeste à l'échelon de la nation par des contre-performances
macroéconomiques qui compromettent le progrès social continu, que
le modèle agro économique du Cameroun a assuré depuis plus
de deux décennies, et cela malgré des chocs pétroliers,
malgré des chocs climatiques, et malgré la
détérioration tendancielle des cours des matières
premières agricoles. Autrement dit, le modèle économique
historique du « libéralisme planifié » et du «
développement autocentré » se dérègle au
milieu des années 80, après 20 ans de succès
.L'économie camerounaise rentre durablement en récession a partir
de l'année 1986.Le chômage se développe, les populations
s'appauvrissent (Bouopda, 2007).
Les pays du sud faisant donc face à cette crise du
milieu des années 80, un ensemble de mesures vont être prises
notamment par le FMI et la Banque Mondiale sous la forme des PAS (Programmes
d'Ajustement Structurels)
2.2.7. L'avènement des Programmes d'Ajustement
Structurel
Les pays du tiers monde se trouvant dans l'incapacité
de rembourser les prêts internationaux qui leur ont été
accordés, et confrontés pour la plupart à un certain
nombre de difficultés telles les difficultés résultant de
la mauvaise gestion du secteur public et coopératif, de la modification
fréquente des systèmes de commercialisation et des
difficultés d'adaptation
aux bouleversements de l'économie
internationale(Westlake , 1994) ;doivent accepter de soumettre leurs
économies à des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) en vue
d'améliorer leur situation économique et corriger ce qui
apparaissait comme des déséquilibres d'ordre structurel
(FAO,1995).
- Les manifestations des Programmes d'Ajustement
Structurel
Inspirés pour la plupart des recommandations du FMI et
de la Banque Mondiale (Reusse, 1987), ces programmes accordent la
priorité au rétablissement des grands équilibres
économiques et budgétaires avec redressement des finances
publiques et rééquilibrage de la balance des paiements. Les PAS
se manifestent alors par la liquidation des organismes étatiques les
moins performants et par le licenciement de nombreux salariés des
projets de développement agricole. Cette liquidation s'inscrit donc dans
le cadre de la libéralisation des économies qui place le secteur
privé au devant de la scène.
Dans les années 1980, des ajustements structurels ont
démantelé un système élaboré d'organismes
publics qui fournissaient aux exploitants agricoles des accès à
la terre, au crédit à l'assurance, aux actifs et aux
organisations coopératives. L'idée était que la
suppression des rôles de l'Etat laisserait le champ libre ,sur le
marché, aux acteurs privés et que ceux-ci reprendraient ces
fonctions en réduisant leurs coûts, en améliorant leur
qualité et en éliminant leurs distorsions régressives(BM,
2008).
Pour Maitre d'hôtel et al (2008), les politiques
économiques dans les pays du sud sont marquées de façon
croissante par la libéralisation qui se caractérise à la
fois par le retrait de l'Etat et l'appui à certains secteurs et par
l'ouverture des marches à la concurrence internationale. Le secteur
agricole est particulièrement concerné : le
démantèlement progressif des politiques agricoles et la
globalisation des échanges commerciaux se traduisent par de profondes
restructurations des territoires et l'organisation économique des
filières, dans lesquelles les acteurs privés sont amenés
à occuper de nouvelles fonctions.
Greffon (2001) cité par Bélières et al
(2008) ajoute que les politiques économiques en Afrique subsaharienne
ont été caractérisées au cours de ces trois
décennies par une libéralisation des marchés et un
désengagement de l'Etat. Les organisations de filières agricoles
avec prépondérance de l'Etat ont été
critiquées en raison de leur inefficacité, leur coût
élevé, les déficits publics et des formes d'opportunisme
économique qu'elles avaient pu contribuer à créer.
Ainsi pour Bradley (2001), Le processus d'ajustement
structurel engagé en Afrique au milieu des années 80, avec
l'objectif de passer d'une économie dominée par les acteurs
publics à une économie régie par le marché, a
été long et douloureux. Après 15 ans, ce processus est
encore en cours dans tous les pays pauvres de la région. La
réforme du secteur agricole a été prioritaire et
impliquait la libéralisation des prix ainsi que le désengagement
du secteur public, de la collecte et de la commercialisation des produits
agricoles.
|