2.2.4. LA PLACE DES OFFICES NATIONAUX
DE COMMERCIALISATION(ONC) DANS LE SECTEUR AGRICOLE
Environ 75 pour cent des ONC notifiés à
l'Organisation mondiale du commerce conformément à l'Article XVII
du GATT opèrent dans le secteur de l'agriculture. L'importance du
rôle qu'ils jouent dans ce domaine tient à la conviction que le
commerce d'État constitue pour les pouvoirs publics un moyen
approprié de réaliser les objectifs des politiques agricoles
(OMC, 1995). La plupart des ONC qui jouent un rôle significatif sur les
marchés mondiaux et presque toutes les entreprises orientées vers
l'exportation sont basés dans des pays développés.
Malgré la tendance à la privatisation de ces dernières
années, les ONC demeurent d'importants agents économiques dans
les pays en développement, mais rares sont ceux dont les dimensions leur
permettent d'influencer les marchés internationaux.
Les offices de commercialisation ou offices de contrôle
constituent le type d'ONC le plus fréquent dans le secteur agricole.
Leurs objectifs peuvent être les suivants: stabiliser les prix
intérieurs, réglementer les marchés et contrôler et
promouvoir les exportations. Ils sont habituellement contrôlés par
les producteurs et jouissent d'un monopole sanctionné par l'État
ainsi que de pouvoirs exclusifs sur une large gamme d'interventions sur le
marché, comme la régulation et l'achat de la production
intérieure, la fixation des prix à la consommation et à la
production, le contrôle des circuits intérieurs de distribution et
le commerce extérieur. Habituellement, ils contrôlent le
mouvement, les prix, les normes de qualité et la commercialisation des
produits agricoles relevant de leur mandat. Au Cameroun l'ONCPB a pleinement
joué ce rôle avant la libéralisation.
2.2.5. L'ONCPB (Office National de la Commercialisation des
Produits de Bases)
Depuis sa création en 1976 suite à la fusion du
« Marketing Board » et de la « caisse de stabilisation »
qui opéraient respectivement dans le Cameroun anglophone et francophone,
l'ONCPB mobilisait les fonds par les taxes sur les exportations pour financer
le monde rural par le truchement du FONADER. Sa mission principale était
de veiller à la stabilisation des prix des cultures de rente face aux
fluctuations de prix sur le marché international. Aussi il devait jouer
un rôle de promotion de l'activité économique par le
financement des agroindustries, par la prise de participation et l'octroi des
crédits garantis par l'Etat, et faire des subventions aux
sociétés de développement. Ainsi, comme le note Courade et
al (1991), L'Etat, intervenait directement ou par l'intermédiaire de
I'ONCPB dans toutes les étapes de la campagne. I1 agissait au niveau de
la production par la subvention des intrants ou
l'entretien des pistes de collecte. Il fixait le prix d'achat
garanti aux planteurs tout en assurant le contrôle de la qualité
des produits, la vérification annuelle des capacités des
collecteurs et l'organisation précise des marchés via la
détermination des marges, l'attribution de visas d'exportation, la
stabilisation des prix ou la vente de la récolte sur le marché
international.
En plus de son activité de marketing, l'office
finançait et mettait à la disposition du secteur rural un certain
nombre de services notamment :
- Les intrants agricoles. A ce niveau l'office
finançait le FONADER afin qu'il puisse mettre à la disposition
des ruraux des intrants (pesticides, engrais et autres) à des prix
fortement subventionnés.
- Les crédits. La fourniture des intrants agricoles
était mise à la disposition des agriculteurs sous forme de
crédit (tant aux acheteurs prives qu'aux coopératives) et les
coûts de crédit étaient déduits du prix de vente
ultérieur des récoltes. Les besoins en crédit
étaient limites en raison des coûts du subventionnement des
intrants.
- Les infrastructures rurales. L'office finançait la
maintenance et la promotion des infrastructures routières rurales. Dans
ce domaine, les subventions de l'office étaient orientées vers
les projets dénommés « pistes Cacao », « Pistes
Urgentes » et « Pistes Rurales ».
- Les services de recherche et de vulgarisation.
Cependant, la crise de liquidité de l'Etat due à
la crise qui frappe le pays dans le milieu des années 80, son
désengagement de l'activité économique et
financière à la suite de la mise en application des PAS, la
baisse drastique des cours internationaux des cultures de rente ont
amenuisé les sources de fonds de l'office. Cette situation a conduit
à la liquidation de l'office et une libéralisation du marche
désormais arbitré par l'ONCC (Office National du Café et
du Cacao).Le subventionnement des intrants a été supprimé
suite à la libéralisation du marche des intrants agricoles ; et
les projets de maintenance des infrastructures rurales
délaissés.
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