S2. Le principe de souveraineté des Etats
Le principe de souveraineté se voit invoqué dans
les rapports entre ceux-ci (A). Cette souveraineté implique aussi bien
l'exclusivité de la compétence sur le territoire national, la
possibilité de délégation à des
collectivités territoriales (B) que l'indépendance totale de
l'Etat vis-à-vis de puissance étrangères ou d'autres
personnes présentant un élément d'extranéité
(C). Toutefois, ce principe présente quelques limites ou exceptions.
(D).
A. L'application du principe.
Les Etats invoquent le principe de souveraineté pour
refuser toute ingérence extérieure et soustraire tel ou tel
problème à l'intervention d'autres Etats. Ce principe est
constamment réaffirmé et le respect des droits qu'il
réserve à l'Etat, jalousement revendiqué par tous, est
notamment consacré dans les actes constitutifs des organisations
internationales.
Ainsi, par exemple, l'article 2, §7 de la Charte des
Nations-Unies consacre la notion de « domaine réservé
» ou de « compétence nationale » de l'Etat
: « Aucune disposition de la présente Charte n'autorise les
Nations-Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent
essentiellement de la compétence nationale d'un Etat
»36.
Ce texte reconnaît donc le domaine de compétence
d'un Etat dans lequel seul l'Etat peut intervenir et, ce faisant, consacre
à la fois le principe de la souveraineté de l'Etat et celui de la
non-ingérence dans les affaires intérieures.
Le problème qui se pose à ce propos est celui de
savoir à qui il revient de déterminer si une question
relève du domaine réservé de l'Etat, car tout Etat peut,
en invoquant l'article2, §7, empécher toute action
36 Cf. Charte des Nations Unies;
article 2e , §7
internationale visant à résoudre un conflit et
paralyser complètement l'Organisation Internationale, sous
prétexte de refuser l'ingérence dans les affaires
intérieures. C'est ce qui se produit notamment à l'ONU, qui peut
se trouver ainsi réduite à l'impuissance. Car l'usage que font
les Etats du principe de la souveraineté n'est exempt ni d'arbitraire,
ni d'abus37.
Un autre exemple est celui de la Charte de l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) qui se réfère expressément
au principe de la souveraineté des Etats : son article 3 proclame
« solennellement » le principe du respect de la souveraineté
et de l'intégrité territoriale de chaque Etat » et - ce qui
y est étroitement lié - de « son droit inaliénable
à une existence indépendante ».38 Là
aussi, le principe de la souveraineté des Etats se trouve lié,
dans le même texte, à la « non-ingérence dans les
affaires intérieures ».
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