§2. LES CAUSES
L'instabilité qui prévalait dans les
pays voisins, en particulier au Rwanda et au Burundi, pays secoués par
des guerres civiles de grande ampleur, avait débordé et
affecté la sous-région des Grands Lacs et surtout la RDC
(Ex-Zaïre). Les déchirures profondes dans ces deux pays entre
l'ethnie majoritaire hutu et minoritaire tutsi occasionnées par
l'instrumentalisation du pouvoir colonial, les différends ethno
géographiques et religieux entre les différentes ethnies
ougandaises avec le durcissement tour à tour des régimes
dictatoriaux sur base ethnique ; les événement d'après les
indépendances dans la sous-région en général et en
RDC en particulier notamment l'assassinat de Lumumba et la dictature du
président Mobutu avec la mégestion de l'Etat, sont des facteurs
qui ont occasionné les déplacements massif de
réfugiés dans la sous-région, déplacements dus par
les événements de 1993 au Burundi et de 1994 au
Rwanda.
La présence de plus d'un million de
réfugiés rwandais et burundais, politisés, lourdement
armés et bien organisés a transformé fondamentalement le
climat politico-ethnique dans les provinces du Kivu
à l'Est de la RDC et le paysage politique de
l'ensemble de la sous région des Grands Lacs1
Ces événements ont nourri l'esprit de
groupes armés déjà présent dans la
sous-région, leur inquiétude, leur approvisionnement en armes et
minutions, leur multiplication à causes de la circulation
illégale d'armes et la porosité des
frontières.
En effet, cette régionalisation des conflits
ethniques est évidente et dangereuse. Les banyamulenge qui avaient
combattu au coté de l'APR au Rwanda sont démobilisés et
rentre chez eux au Kivu. Ils sont assimilés par les populations locales
non banyarwanda, rwandais qui font des incursions.
Le combat reprirent dans la région de Masisi,
plus meurtriers que jamais entre d'une par les hutu et les tutsi contre d'autre
part les autochtones.
Ces événements ont
réveillé les vieux groupes d'oppositions congolais de
l'après indépendance. Et une coalition devint possible avec,
d'une part ces groupes rebelles en maquis avec les soucis de renverser le
régime Mobutu dont ils espéraient depuis tant données.
D'autres par entre ces groupes rebelles et le régime de Kigali, Kampala
ainsi que de Burundi. Ces derniers avaient pour objectif de profiter des
richesses de la RDC mais avant tout de déloger les camps de
réfugier et les mouvements rebelles qui présentent une menace
pour ces régimes2.
L'implication du Rwanda dans cette coalition
relèverait des questions sécuritaires et humanitaires : les camps
des réfugiés hutus au Kivu constituaient de véritables
sanctuaires militaires pour les Ex-FAR et milices interhamwe qui continuaient
à mener des raids meurtriers dans l'ouest du Rwanda afin de
déstabiliser le régime qui venait de s'installer, celui du FPR.
Il importe pour le gouvernement Rwandais de crever l'abcès et de mettre
fin, à cette menace permanente en éloignant les camps de
réfugiés. Ces attaques ont favorisé la fuite et la
duplication de ces camps
1 Claire Tessier, la régionalisation de
conflit et de la paix le cas de Grands lacs, mai 2005, p4
2 Ibidem, pp6-7
en plusieurs groupes avec des mécanismes
d'autodéfense développés dans les forêts
congolaises.
Pour l'Ouganda, son intervention militaire aux
côtés de rebelles relève d'un réflexe
sécuritaire, comme pour le Rwanda. Ce sont les attaques menées
à partir du Nord-Est de la RDC par différents groupes rebelles
d'origine Ougandaise notamment l'ADF/NALU et la LRA qui furent à
l'origine de l'implication directe de l'armée ougandaise dans le conflit
qui a mis le feu dans la sous-région des Grands
Lacs1
De même, la complicité tolérante
du Burundi se justifiait, par le souhait du démantèlement des
camps des réfugiés Burundais installés dans le territoire
d'Uvira et qui servaient de bases arrière aux rebelles.
Outre cette cause politico sécuritaire dans
l'ensemble des pays de la sous-région il s'est observé une
dynamique sur les causes liées au flux des groupes armés,
notamment, les ambitions politiques et sécuritaires se sont
transformées à des fins économiques et personnelles des
leaders.
En effet, l'explosion des conflits dans l'ensemble de
la sous-région des Grands Lacs a contribué à
l'accroissement des groupes armés. Dans ce sens, la Banque Mondiale
parle de l'engrenage du conflit. Le déclenchement d'un premier conflit
accroît le risque d'affrontements futurs. Il est difficile de mettre fin
à un conflit car les événements qui l'accompagnement
augmentent le risque de nouveaux affrontements2 et donne naissance
à des chefs de guerre et à des organisations dotées d'un
savoir-faire et d'équipements qui ne peuvent être mis qu'au seul
service de la violence pour en tirer profit.
La cause originelle de groupes armés dans la
sous-région des Grands Lacs parait ethnique avec le durcissement des
régimes dictatoriaux.
Dans leur politique de survie, entreprendre des
économies capables de supporter les coût des guérillas
ou rébellions était un enjeu mais au fur et
1 C. Tessier, Op. Cit, p4
2 Banque Mondiale, Op Cit, p 129
à mesure qu'ils demeurent dans cette politique ils
découvrent la facilité de s'enrichir. Cela s'affirme en termes
d'activité de survie au-delà.
A l'exemple de l'ADF, qui stagne dans le massif de
Rwenzori entre l'Ouganda et la RDC. Ses activités militaires baissent de
plus en plus et se focalisent dans l'exploitation de ressources dans cette
partie de la RDC. Les FDLR, et plusieurs groupes Maï-Maï qui
aujourd'hui se pérennisent dans de carrières minières font
tout pour assurer leurs mains mises sur le territoire qui regorgent des
minerais.
Aussi, la « faillite » de l'Etat ; des
institutions étatiques expliquer par la perte du monopole de contrainte,
surtout en RDC où on observe un plus grand nombre des groupes
armés dans la sous -région est un facteur directe qui explique la
prolifération de ces groupes.
Les armées n'étant pas à mesure
d'assurer la sécurité, l'effectivité territorial du
pouvoir est en terme et l'incapacité des institutions étatiques
à formuler une politique durable au détriment sont autant des
éléments qui font que les groupes armés se
prévalent la capacité de naître, de s'accroître, de
se dupliquer et d'exercer leur activités sans crainte et à la
longue d'imposer leur politique et leurs exigences aux gouvernement. Vient
ensuite les logiques assymétriques et prédatrices de
différents acteurs sur la scène politique.
Les ambitions personnelles de leaders d'accéder
à des rangs plus élèves ont crée les dissidences au
sein du gouvernement, au sein des groupes armés et au sein des partis
politiques. Dans cette optique, un parti politique, se voit être
scindé en plusieurs partis avec de branchés armés. Cela se
remarque pour certains groupes armés et certains membres de
gouvernements insatisfaits de la politique ou du partage de pouvoir entre
eux.
Ils prétendent toujours se battre pour la
défense de leur communauté, ces catégories se
préoccupent bien davantage de leurs intérêts personnels
que
de la sécurité de leurs
populations.1 Ceci est une manifestation de la violence politique
voilée par les idéologies populistes.
Outre ces causes précitées, la
disponibilité des armes dans la sous région apparaît comme
élément essentiel dans la prolifération de ceux-ci. En
effet, la porosité des frontières dans la sous-région et
la corruption générales dans les Etats la composant permettent la
facilite au commerce illicite de prospérer et faciliter le flux et la
prolifération d'armes et des matériels militaires.
L'effondrement du bloc soviétique en 1989 est
un vecteur majeur dans cette prolifération d'arme surtout dans les pays
du tiers monde, d'où l'accès facile aux armes pour de groupes
révolutionnaires. Aussi, les événements de 1994 dans la
sous-région de Grands Lacs ont contribué à la circulation
des armes dans de camps de réfugiés, surtout dans l'Est de la
RDC, et au compte de groupes armés.
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