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L'ONU et le démantèlement des groupes armés dans la sous- région des Grands Lacs en RDC

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par Mussu Patrick FARAJA MWILARHE Z.
Université officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2009
  

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SECTION 3 : GROUPES ARMES ET LEUR MOYENS D'ACTION

§1 : CARTOGRAPHIE DES GROUPES ARMES

Les groupes armés ont un caractère nomade à partir de leurs techniques et mode d'action. Etant donné que ce sont des acteurs considérés comme hors la loi et qui agissent dans la clandestinité, leur localisation n'est pas toujours statique, elle dépend de circonstance et ou des attaques, etc.

Les groupes armés dans la sous-région des Grands Lacs datent depuis après les indépendances et à cette époque, ils étaient moins nomades par rapport à ces deux dernières décennies. Cela pourrait s'expliquer par deux facteurs dont : la position stratégique qu'occupaient ces groupes et qui serait un défi pour le régime en place de les démanteler, comme c'est le cas du Parti révolutionnaire du peuple (PRP) dans le Nord du Shaba et dans le Sud-Kivu et de la faiblesse des régimes d'une part.

1 ADAPAE, Arche d'Alliance & Rio, Au-delà des « Groupes armés » : conflits locaux et connexion sousrégionales, exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC), 2010, life & Peace institutes, p 7.

En effet, la joint venture militaire de l'Ouganda et le Rwanda sous le label de l'Alliance des Forces Démocratique pour la Libération du Congo (AFDL) mené à partir de 1996 pour détruire la menace des Ex-FAR et interhamwe, mais aussi de rebelles Ougandais de la National army for the libration of Uganda (NALU) et des Allied democratic force (ADF). Pour le Rwanda, le démantèlement de ces rebelles basés en RDC est nécessaire pour sa sécurité, mais aussi pour celle des Tutsi Congolais dont certains ont aidé le FPR à prendre le pouvoir. Cette coalition de 1996 a occasionné la résurgence des groupes armés dans la sous région mais aussi a permis à ces Etats comme le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi de profiter de l'opportunité à mettre en débandade les bases arrière des groupes armés. De ce fait, une dynamique s'est observée dans les actions de groupes armés que dans leur comportement. Ils étaient contraints de se déplacer d'un territoire à un autre, d'un village à l'autre voir même d'un pays à un autre comme c'est le cas de la LRA qui opère en Ouganda, en RDC et au sud Soudan.

J.M Balancie a démontré les acteurs armés et non armés qui existaient dans les années 19961 dans la sous-région des Grands Lacs. Alors que le FPR venait de conquérir le pouvoir à Kigali, un grand nombre de rwandais s'était déversé dans la sous région. Plusieurs catégories d'hommes dont les Ex-FAR, les hommes tenant différentes idéologies dont les modérés et les extrémistes composaient cette masse.

Cette catégorisation a permis à des formations des groupes d'obédiences extrémistes avec de tendances à se venger.

Ces derniers ont parvenu à former dans de camps de sorte de milices avec pour finalité de reconquérir le pouvoir au Rwanda leurs actions se limitaient à des attaques de certains préfectures Rwandaises proches des frontière et de leur camps.

En effet, l'analyse de groupes armés d'origine rwandaise a une particularité de celle des autres pays de la région. Par sa méthode d'attaque préventive à l'encontre des Ex-FAR et interhamwe, qui lui a

1 J-M Balancie et A. De la Grange, Op. cit, pp 325-407, 485-492

épargné une menace directe de bandes armées au sein de son territoire mais plutôt en dehors de ses frontières.

Dès 1996, une recomposition de la sous-région occasionnée par des guerres a été observée et causant : la destruction des camps des réfugies et entraîna le déplacement de ses occupants au fin fond de montagnes des Kivu et dans les forêts congolaises, une forte prolifération de milices (groupes armés) dans la région liée à la « fragilité » des régimes politiques et la porosité d'armes à feu, ainsi que la circulation des troupes armés étrangères sans tenir compte des frontières et de principe du respect de la souveraineté et de non ingérence.

La formation des groupes Rwandais sur le sol congolais est restée incertaine jusqu'à ce que les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) en sigle apparaissent et remplace l'ALIR.

En tant que mouvement armé, les FDLR sont d'une création relativement récente, en 2003 dans la ville congolaise Lubumbashi. Il est fortement enraciné dans les différentes structures crées au sein et par les réfugiés et combattants rwandais ayant fuit le pays après le génocide de 1994. Le leadership des FDLR reste encore dominé par les anciens chefs militaires de l'armée rwandaise ainsi que par des hommes politiques du régime qui ont dirigé le Rwanda avant et durant ce génocide. Cependant, les FDLR ont réussi également à intégrer plusieurs éléments notamment des jeunes recrutés au sein de la communauté des réfugiés en RDC et qui n'ont jamais été impliqués personnellement dans le génocide.

Le mouvement entend renverser le gouvernement rwandais et prétend promouvoir une plus grande démocratie au Rwanda. Toutefois, son discours interne s'appuis sur des considérations extrémistes et ethniques. En outre, plusieurs responsables des FDLR utilisent le mouvement pour se protéger. Ceci concerne spécifiquement ceux directement impliqués en tant que commanditaires ou auteurs du génocide de 1994. Ce groupe armé sévit dans les provinces du Nord et Sud-Kivu de la RDC, où on retrouve un grand nombre de ses combattants et de ses activités1

1 Hans Romkema, Op Cit, p 8

Outre les FDLR, il s'est constitué de mouvement d'obédience modérée, qui n'ont pas des idéologies extrémistes ils avaient pour but d'engager de pourparler avec le régime en place pour une rentrée pacifique de réfugié rwandais ils se sont constitués au lendemain de la traversée de réfugiés. A ce titre, nous avons1 :

- le Mouvement pour la réconciliation nationale au Rwanda crée en Août 1994

- Rassemblement pour le retour de la démocratie au Rwanda (RDR) crée le 3 avril 1995 à Goma. En 1996 il constitue un principal mouvement de la nouvelle opposition hutu. Il est dirigé par d'anciennes personnalités modérées de moyenne envergure du régime Habyarimana. Les principaux dirigeants sont installés en Europe, l'appareil administratif du mouvement est implanté au kenya.

- Rwanda pour tous : ce petit mouvement de taille groupusculaire regroupait qu'une trentaine de personnalité de l'ancienne opposition modéré ayant survécue aux massacrés du printemps 1994 et déçues par le FPR. Ses principaux responsables sont : Dismas Nsengiyamenye et James Gasana

- Force de résistance pour la Démocratie (FRD)

Mouvement crée en mars 1996 en Belgique. Ses principaux fondateurs sont deux « déçus » de FPR : Faustin Twagiramungu et Seth Sendashongo (ancien membre hutu du FPR « rébellion »). Ces deux anciens responsables gouvernementaux très critiques envers la dérive autoritaire du FPR, les deux leaders militent en faveur d'un Rwanda ouvert à tous sans considération ethnique

- Palir : peuple en armes pour libérer le Rwanda

C'est le dernier venu sur la scène hutu, ce groupuscule mystérieux a fait parler de lui pour la première fois le 1er Juin 1996 et annonçant la création d'un « front intérieur » armé « au Rwanda destiné à lutter

1 J.M. Balancier & A. de la Grange, Op Cit, p 366-368

contre » l'occupation FPR le mouvement Serait basé à Cyangugu et dirigé par un individu surnommé commandant Muhinza1.

Outre ces mouvements rwandais, du coté burundais, les mouvements considérés comme d'apposition, et en plus liées aux ethnies, possédaient chacun d'une branche armée.

A ce titre J.M Balancie a dénombré plusieurs mouvements agissant dans une dimension plus régionale que nationale2

- CNDD : Conseil National pour la Défense de la Démocratie il avait comme branche militaire les FDD (Force pour la Défense de la Démocratie) il est le mouvement venu dès les dernières ères sur la scène burundaise, mais marqué par une pleine ascension. c'est l'actuel parti au pouvoir après une longue lutte et négociation entre le gouvernement en place. Ils succèdent au gouvernement de transition établi par les accords d'Arusha.

Le mouvement fut crée au début de 1994 par Léonard Nyangoma, alors membre influent du Frodebu et surtout ministre de l'intérieur du président Ndadaye. Il décide de suivre un destin personnel au début de 1994, en rompant avec le parti hutu modéré au lendemain des événements de 1993. Il refuse d'entériner les importantes concessions acceptées par les responsables gouvernementaux hutu en faveur de l'opposition tutsi qui cherche insidieusement à reconquérir le pouvoir.

Son bras armé, les forces pour la défense de la Démocratie dont les combattant surnommés « intagebekas »sont commandés par le colonel Ntanyungu. Son quartier général se trouvait dans la ville Zaïroise d'Uvira. Cette composante militaire opère principalement à partir du kivu où sont implantés des camps de réfugiés, qui lui servent de base arrière et de viviers de recrutement. Ce mouvement bénéficie du soutien du régime de Kinshasa d'autant plus que son chef Nyangoma circulait au Zaïre en toute liberté malgré le mandat d'arrêt international lancé par le gouvernement burundais.

Palipehutu (parti pour la libération du peuple)

1 J-M Balancie & A. De la Grange, Op. Cit. p368

2 Idem, pp 380-386

Il a comme branche armée les Forces Nationales de Libération FNL en sigle. C'est le plus ancien mouvement de lutte armée Hutu, il a été fondé en 1980 dans le camp de réfugié de Mishamo en Tanzanie par Remy Gahutu.

Ce mouvement dénonce le monothélisme prévalant au sein de l'armée et la discrimination frappant les hutu à l'école dans la fonction publique et dans nombre de situation de la vie quotidienne.

Ce mouvement à commence ses raids, contre le régime en place, à partir des camps de réfugiés situés au Rwanda et en Tanzanie.

Il apparaît actuellement comme principal partie de lutte, armée après la prise du pouvoir par le CNDD. Malgré différents processus de réconciliation et d'intégration du mouvement dans la gestion du pays, celui-ci n'aboutissant pas et ce mouvement à toujours tendance de garde cette branche armé pour servir de fil de sécurité comme l'a démontré les récentes élections qui ont amené le président Peter Nkurunziza a brigué un deuxième mandat devant le désistement et le retour au maquis des leaders de l'opposition

Ubumwe

Il a comme branche armée le Front de libération national FROLINA en sigle. C'est une formation extrémiste apparue vers la fin des années 1980 par clément Nderayabandi.

Ces membres et combattans ont été recrutés dans le camp de réfugiés en Tanzanie. Le FROLINA et les FDD collaborent sur le terrain d'autant plus facilement que leurs bases arrière et leurs zones d'opération sont complémentaires. Les bandes FROLINA interviennent dans le sud et l'est du pays.

A ces trois mouvements considérer comme hutu malgré la faible représentation de tutsi s'ajoutent, d'autres mouvements d'extrémistes tutsi qui constituent une nébuleuse centrée autour de quelques personnalité phares, telles que l'ancien président Jean-Baptiste Bagaza ou le politicien Mathias Hitimana. Ils disposent d'importants réseaux d'influence au sein de l'armée, de l'administration et rejettent le processus

démocratique initié sous le régime Buyoya et remettant en cause la légitime du président Ntibantuganya.

Ce « système Bagaza » se composait d'une façade politique dont le PARENA (Parti pour le redressement national) fondé en 1994. Ce parti est très influent au sein des jeunes officiers et des jeunes cadres tutsi, inquiets pour leur avenir en cas de main mise hutu sur le pouvoir. Il possédait un bras armés dont la solidarité jeune pour la défense de minorité JOJEDEM en sigle dirigé par l'abbé Déogratias Niyanzimana. Ce système encadrait également financièrement des milices telles que les « sans défaite » et « sans échec » dans le but de coordonner leurs actions avec la JOJEDEM.

Outre ces mouvements, il existant d'autres petites formations composées des tutsis partisans des positions extrémistes :

- le Parti pour la réconciliation du peuple (PRP) l'ancien parti monarchiste, dirigé par de racistes de haute volée ;

- le Raddés (Rassemblement pour la démocratie et le développement économique et social)

- l'Inkizo (le bouclier)

- l'Abasa (alliance burundo-africain pour le salut)

- l'Annada (Alliance nationale pour le droit et le développement) - le PSD (Parti Social Démocrate)

Ces formations possédaient ou pas de bras armés ou du moins elles Sont caractérisées par l'éthnicisme et qui les incitait à soutenir d'une manière ou d'une les milices actifs des autres mouvements.

Le contexte actuel de la région est différent des années antérieures. Pour certains, leur revendications étant prises en compte, il n'y a aucun intérêt de continuer la lutte mais cela n'assure pas souvent le désengagement du groupe plutôt on pourrait assister à une duplication ; d'un coté le groupe intègre le processus de paix et de l'autre qui se forme et reste dans la logique de combat profitant de la faiblesse des Etats de la région.

Pour le Burundi après les négociations qui ont abouti à l'accord d'Arusha en 2003 la situation s'est montrée promettant partant du processus électoral sur l'assise du régime transitoire et l'installation du 2e gouvernement élu. Toutefois, les menaces sont jusqu'aujourd'hui d'actualité étant donné que nombreux partis formés au Burundi sont issus des fractions armés et déstabilisent quelque fois les institutions mise en place.

De sa part le Rwanda demeure avec les FDLR. Cependant, cette menace existe toujours malgré que ces mouvements oeuvrent en dehors de ses frontières.

En RDC, plusieurs groupes se sont formés avec une faible intensité de coloration ethnique, omis le district d'Ituri, par rapport des autres pays sous analyse.

- Les groupes de libération nationale :

Ces différents groupes se situent depuis lors de la libération du Zaïre par la coalition de troupes de l'AFDL avec celles de l'armée rwandaise, ougandaise et burundaise.

En effet, cette coalition qui a mené L.D. Kabila au pouvoir a mis sur le devant de la scène le mouvement AFDL. Ce dernier va donc avoir très rapidement pour objectif, poussé par le Rwanda et l'Ouganda, la prise du pouvoir à Kinshasa. Pari réussi. Une fois au pouvoir, Kabila trahit un accord secret signé en 1996 avec le Rwanda et l'Ouganda, qui prévoyait une cession du Kivu à ces deux pays. L'Ouganda et le Rwanda ne tardent pas intervenir et tentent en 1998 ce qui aurait du être un démantèlement de l'AFDL dans Kinshasa. L'échec est total car Kabila a su mobilisé ses alliés contre cette intervention aéroportée.

Ainsi cette intervention du Rwanda et Ouganda aura comme conséquence la création des mouvements de libération congolais inféodés à ces deux pays.

Le premier mouvement fut le RCD (Rassemblement des congolais pour la démocratie) soutenu à la fois par le Rwanda et l'Ouganda. Mais ce

mouvement est fragilisé par diverses tensions (Tutsi / non Tutsis ; rivalité parmi les Tutsis ; ex-mobutistes / ex-cadres de l'AFDL) qui provoquent sa scission et la naissance de deux mouvements issus de cette implosion : le RCD-Goma d'un côté, inféodé au Rwanda et à la tête duquel se trouve

Ilunga, et le RCD-ML de l'autre, dirigé par Wamba dia Wamba et soutenu par l'Ouganda. A côté de ces deux mouvements actifs dans l'Est de la RDC se crée en novembre 1998 un mouvement de libération du Congo (MLC) dirigé par J-P Bemba, actif dans le nord du pays. Ce mouvement bénéficie du soutien de l'Ouganda.

Ces grands mouvements armés prirent fin avec la transition de 2003 qui prévoyait le partage du pouvoir entre les protagonistes et le retrait de troupes armées étrangères alliées à ces mouvements.

Cependant, d'autres mouvements se sont crées dans le district de l'Ituri qui presque tous étaient soutenus par Ouganda, d'autre dans le nord et Sud-Kivu soutenu par le Rwanda. A ce titre nous pouvons citer : l'union de patriote congolais (UPC) ; le Parti pour l'Unité et la Sauvegarde de l'Intégrité du Congo (PUSIC), les Forces Populaires pour la Démocratie au Congo (FPDC), le Front Nationaliste et Intégratif (FNI), la Force de Résistance Patriotique en Ituri (FRPI), etc.

En dehors de ces mouvements situés dans la province orientale un autre groupe s'est formé dans le Nord-kivu dont le CNDP du Général dissident Laurent NKUNDA qui se partagent le territoire avec le gouvernement, le mai-mai.

Mais aussi la RDC est toujours affectés par les actions des groupes armés étrangère qui oeuvrent toujours sur son territoire tels que les FDLR qui sont situés dans les montagnes du nord et Sud-Kivu ; la LRA les ADF/NALU qui oeuvrent dans la province orientale.

Toutefois nombreux de ces groupes ne sont pas d'actualité, néanmoins les groupes Maï-Maï persistent toujours et tant d'autre tels que le FRF dans le Minembwe, les FDLR.

La RD.Congo compte sur son territoire d'autres mouvements armés
étrangers dont la LRA et la coalition ADF/NALU. Ces deux mouvements

oeuvrent dans les provinces du Nord et Nord Est de l'Ouganda et dans les zones montagneuses de Ruwenzori.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo