3.2 Le rôle de l'UE dans le processus de
réconciliation au Rwanda
Dans le but de soutenir le processus de réconciliation,
l'UE intervient dans plusieurs activités cadrant avec ce processus. Tout
d'abord, elle appuie les activités de la CNUR. Comme nous venons de le
voir, l'UE est intervenue en premier lieu dans les secteurs du rapatriement et
de la réintégration des refugiés, de la
démobilisation et de la réinsertion des ex-combattants des forces
armées rwandaises (ex-FAR), puis dans les secteurs de la justice, de la
lutte contre la pauvreté, du dialogue communautaire, de la formation, et
de la plaidoyer.
La démobilisation et la réinsertion des membres
de l'ancienne armée rwandaise (ex-FAR) constituent un domaine clé
dans la stratégie de la réconciliation. En effet, loin de ce que
beaucoup de gens seraient amenés à croire, toute tentative de
réconciliation qui ignore l'intégration des ex-combattants serait
vouée à l'échec.
Depuis la fin 1997, avec l'appui financier de l'UE, le
Gouvernement d'union nationale a lancé le programme de
démobilisation et réinsertion des ex-FAR, y compris des enfants
soldats et des soldats blessés durant la guerre de 1990- 1994. Quand les
ex-FAR rentrent de la RDC où ils se sont principalement installés
au lendemain de la chute du régime génocidaire, ils sont
rassemblés dans un camp de rééducation. Après un
passage préalable dans le "camp de rééducation", dit aussi
« camp de solidarité », les Ingando, où les
bases de la vie communautaire, des principes de la réconciliation, de
l'identité rwandaise, du système électoral, etc. leur sont
expliqués, ils sont, soit démobilisés et rentrent chez
eux, soit réinsérés dans l'armée
rwandaise49.
Seuls ceux qui sont soupçonnés de participation au
génocide sont traduits en justice. Des milliers de soldats issus de
l'armée déchue ont été
réintégrés.
A ce titre, l'armée constitue aujourd'hui l'un des
exemples presque réussis de la réconciliation au Rwanda.
L'UE appuie le secteur de la justice. La justice se
caractérise par la coexistence d'une justice nationale rwandaise et
d'une justice internationale gérée par le Tribunal Pénal
International pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, en Tanzanie.
L'Union Européenne soutient d'une manière remarquable les
juridictions « Gacaca », ce mécanisme traditionnel de
règlement des différends réactivé pour faire face
aux nombreux dossiers relatifs au génocide50.
Toujours dans le cadre de la promotion de la
réconciliation, l'UE intervient aussi dans le domaine de
l'éducation civique et de la résolution des conflits. C'est
à travers la mobilisation, la sensibilisation et les débats que
le soutien aux groupes particulièrement vulnérables se fait.
Les secteurs d'intervention de l'UE auprès de la CNUR
sont les suivants : les formations consacrées à la
prévention, la résolution des conflits et le maintien de la paix
(conflit management and peace keeping), l'organisation des débats, les
compétitions sur l'unité et la réconciliation et l'appui
aux activités de lutte contre la pauvreté51.
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