L'OTAN et le dialogue avec les pays du bassin sud de la méditerranée( Télécharger le fichier original )par Ismaeil Abed Université Mohammed 1er faculté de droit Oujda Maroc - Diplôme d'études supérieures approfondies 2008 |
2) Des obstacles bien réelsEn 1994, au moment où le partenariat méditerranéen de l'Otan a été lancé, cela n'a pas été fait en synchronisation avec d'autres dynamiques de concertation Nord-Sud, notamment celles qui avaient lieu dans le cadre de l'UE (PEM), de l'OSCE et de l'UEO... Ces différents partenariats impliquant les Etats du bassin méditerranéen ont tous des contenus et des formats différents, ce qui ne facilite pas la coordination, mais il était en plus contre-productif car il induisait une multiplicité d'instances de dialogue sans harmonie entre elles. De plus, le membership était à chaque fois différent d'une instance à l'autre. Le problème lié à ces divers forums de dialogue était celui d'une dispersion amenant à traiter de questions similaires dans des contextes différents et donc avec des perspectives différentes et peut-être même discordantes et divergentes. Les risques de conflits d'intérêt et de priorités étaient donc réels120(*). Dans ce même sens, le fait que la coopération entre l'OTAN et les pays du sud de la Méditerranée a été lancée presque simultanément avec le PEM -qui a tiré plus d'attention des populations des pays sud de la Méditerranée -, il a été difficile de juger le succès. Tout d'abord parce que cette coopération est mal connue et rarement évaluée à l'aune de ses qualités, mais aussi parce qu'elle est souvent critiquée pour sa structure inégalitaire, ce qui amène beaucoup de ses détracteurs à réclamer une meilleure prise en compte du point de vue des pays de la rive sud de la Méditerranée. Il convient toutefois d'ajouter qu'au sein même de l'Alliance, les visions divergentes de l'espace méditerranéen constituent des freins puissants à la définition d'une politique commune qui permettrait d'harmoniser les agendas nationaux. Certains Alliés conçoivent avant tout la Méditerranée comme un axe de transit Ouest-Est permettant d'acheminer des troupes et des produits manufacturés dans un sens et des ressources énergétiques dans l'autre. Leurs approches en général vis-à-vis des sud méditerranéens éclipsent en revanche la dimension socioculturelle, ce qui ne facilite pas une meilleure compréhension de ce qu'est l'espace méditerranéen par les nouveaux alliés d'Europe centrale et orientale qui n'avaient traditionnellement que peu de liens avec cette région. De plus, l'Europe et les Etats-Unis semblent penser que le dialogue politique, les discussions et l'échange d'informations doivent constituer le point de départ de relations visant à renforcer la confiance et à stimuler une coopération constructive. Les pays arabes du Dialogue préfèrent, pour leur part, commencer par les questions dures, en particulier celles qui sont liées au conflit israélo-arabe121(*). Ce qui montre que, les freins à une meilleure coopération ne proviennent pas seulement de la rive nord du bassin méditerranéen. Le conflit israélo-arabe et israélo-palestinien continue d'empoisonner les relations au sein même de sa rive sud, multipliant les idées préconçues et les incompréhensions mutuelles, handicapant par là même le développement d'un dialogue apaisé et confiant. Car il ne faut oublier que ce conflit reste central et tant qu'il subsistera, il continuera d'affecter l'imaginaire collectif et la perception que le monde arabe se fait de l'Occident. De même, la persistance de différends régionaux contribue à entretenir les rivalités internes au Sud de la Méditerranée, qu'il s'agisse de la question du Sahara, de celle de la délimitation frontalière entre le Maroc et l'Algérie ou bien encore des crises qui se développent dans certains pays africains limitrophes (tels que le Soudan et le Tchad) et qui affectent la stabilité de l'ensemble de la région122(*). * 120 Professeur Amine Ait-Chaalal «Le Partenariat Euro-Mediterraneen, Dix ans après, quel bilan politique ? » http://www.strategicsinternational.com/8_chaalal.pdf * 121 Mohamed Kadry Said. Ibid. * 122 Pierre Razoux. Ibid. |
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