L'OTAN et le dialogue avec les pays du bassin sud de la méditerranée( Télécharger le fichier original )par Ismaeil Abed Université Mohammed 1er faculté de droit Oujda Maroc - Diplôme d'études supérieures approfondies 2008 |
SECTION II : EVALUATION ET AVENIR DU DM DE L'OTANAprès plus de dix ans de dialogue et de coopération entre l'OTAN et les pays sud méditerranéens, parler de succès ou de faiblesse des résultats de ce partenariat reste une question relative. Puisque, tout en remplissant ses principaux objectifs, force est de constater qu'un certain nombre d'éléments se conjuguent pour freiner son renforcement (PARAGRAPHE I). Il est de ce fait, manifestement recommandable de coordonner les efforts pour faire face aux facteurs de plus en plus déstabilisants afin de proposer de nouvelles issues et de nouveaux axes de réflexion (PARAGRAPHE II). PARAGRAPHE I- Bilan et obstacles du Dialogue méditerranéenSans revenir sur l'historique du développement progressif du Dialogue méditerranéen, il convient d'en tirer un bilan objectif qui permette d'identifier les facteurs qui freinent aujourd'hui son expansion, 1) Un bilan positifAprès plus d'une décennie d'existence, les partenaires du DM du Nord comme ceux du Sud du bassin méditerranéen ont appris à mieux se connaître mutuellement et sans aucun doute de nombreux préjugés furent dissipés. En effet, depuis sa mise en place en 1994 et sa transformation en partenariat à part entière lors du sommet des chefs d'Etats de l'Alliance réunis à Istanbul en 2004, le DM de l'OTAN a contribué à renforcer la sécurité et la stabilité en Méditerranée. Il a permis de «bâtir des ponts» entre ses deux rives. Il a suscité une meilleure compréhension réciproque entre les Etats membres de l'OTAN et les pays partenaires du bassin méditerranéen grâce au nombre important de séminaires conjoints visant à renforcer les synergies entre les deux rives de la Méditerranée et le nombre croissant de participants provenant des pays du Dialogue. Cette meilleure compréhension des enjeux mutuels et des spécificités régionales a facilité le dialogue tant politique qu'opérationnel au sein de ce partenariat ambitieux. Celui-ci s'est montré suffisamment attractif pour que deux pays clés pour la sécurité et la stabilité de la région, la Jordanie et l'Algérie, qui n'en étaient pas membres initialement, décident de s'y associer. Depuis, deux pays (Israël et l'Egypte) ont mis en place un plan de coopération individualisé avec l'OTAN, témoignant de leur volonté de renforcer les liens avec l'Alliance. Sur le plan pratique, la coopération a manifestement augmenté. Le nombre d'activités conjointes est en effet passé d'une soixantaine en 1997, à plus de 600 en 2007. Ces activités recouvrent désormais 27 domaines distincts, allant des simples contacts militaires aux exercices conjoints en matière de gestion de crises, en passant par les échanges d'informations en matière de lutte antiterroriste et l'accès aux programmes de formation délivrés par les structures de l'Alliance. Sur le plan opérationnel, la coopération s'est traduite par la participation de contingents marocains, jordaniens et égyptiens à certaines opérations de stabilisation conduites par l'OTAN dans les Balkans et en Afghanistan. Elle a permis de mettre en place, au profit de la Jordanie, un programme visant à nettoyer sa frontière avec Israël des mines qui y avaient été accumulées pendant plusieurs décennies. Plus que tout, le Dialogue méditerranéen a eu pour mérite de fournir un cadre incitant des interlocuteurs improbables à se réunir autour de la même table pour discuter de sujets longtemps considérés comme tabous. Au niveau politique, les réunions de très haut niveau se sont multipliées ces dernières années. Le Secrétaire Général de l'OTAN, ainsi que son délégué se sont rendus dans l'ensemble des pays du Dialogue méditerranéen. La dernière réunion des ministres des affaires étrangères des pays membres du Dialogue, qui s'est tenue à Bruxelles en décembre 2007, s'est avérée particulièrement productive, puisque les participants se sont entendus pour donner davantage de relief à la dimension politique du partenariat, n'hésitant pas à aborder directement la question du processus de paix au Proche-Orient et leur possible implication en appui du processus initié lors de la conférence d'Annapolis117(*).
A ce jour, la coopération politique au sein du Dialogue méditerranéen de l'OTAN sert à promouvoir une plus grande compréhension des attitudes et activités de l'OTAN par les pays du Dialogue, tout en explorant simultanément les besoins de ceux-ci en matière de sécurité. De la sorte, l'échange d'informations est au coeur du Dialogue, via le Groupe de coopération méditerranéen, et plusieurs questions difficiles liées à la sécurité ont été résolues. Les intérêts économiques et la sécurité énergétique se situent manifestement au coeur de la politique méditerranéenne de l'OTAN, car 65% du pétrole et du gaz consommés en Europe occidentale transitent par la région méditerranéenne118(*).
En fin, cette coopération s'est également traduite dans un domaine de prédilection de la coopération entre États riverains de la Méditerranée Occidentale : celui de la sécurité maritime qui recouvre non seulement la sécurité de la navigation contre les risques de dangers naturels et navals liés aux flux importants de circulation, mais également la sûreté du commerce, liée à la piraterie, au terrorisme, au trafic de stupéfiants et à l'immigration clandestine119(*), par l'implication d'un nombre croissant de pays partenaires dans l'opération «Active Endeavour». Et tous attractifs qu'ils soient les résultats de la coopération au sein de ce Dialogue, reste que plusieurs obstacles concourent contre son développement. * 117 Pierre Razoux, « l'OTAN à la croisée des chemins» RESEARCH PAPER Research Division - NATO Defense College, Rome - No. 35 - Avril 2008 http://www.ndc.nato.int/download/publications/rp_35fr.pdf * 118 Mohamed Kadry Said. Ibid. * 119 Thierry Gauroy : « Marine Et Dialogue Méditerranéen De L'alliance Atlantique Et De L'union Européenne » Le 19 mai 2007 http://presidentacoram67.free.fr/nouvellepage2.htm |
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