L'OTAN et le dialogue avec les pays du bassin sud de la méditerranée( Télécharger le fichier original )par Ismaeil Abed Université Mohammed 1er faculté de droit Oujda Maroc - Diplôme d'études supérieures approfondies 2008 |
2) Un partenariat mené dans des rapports de dominationQuel bénéfice retirent les Arabes, plus spécialement les Nord-africains, d'un partenariat inégal qui est une séquelle de l'effondrement de l'Union Soviétique et de la fin du danger que le communisme ne s'étende au Bassin méditerranéen? D'après des détracteurs de cette initiative, il serait plus approprié de dire que l'OTAN est le premier à bénéficier de ces nouvelles relations, comme elle permet l'entrée de son arsenal guerrier dans les eaux de ces pays dont l'arsenal et les programmes d'armement étaient l'objet de prudence et de crainte. L'Otan mène des manoeuvres périodiques avec les armées qui sont moins armées et préparées; mais cela leur permet de garder un oeil sur la côte et les points d'entrée, et découvrir leur positions stratégiques, en plus d'analyser leurs eaux et leurs réserves, de manière à ce qu'elle puisse les utiliser quand elle en a besoin. Mais depuis l'effondrement de l'Union Soviétique, la principale obsession de l'OTAN, est de combattre ce que le précédent Secrétaire Général de l'Organisation - Lord Robertson (1999-2003)- avait appelé "l'avance verte", c'est à dire les mouvements islamiques croissants, bien que l'hégémonie américaine dans la région soit le principal défi qui alimente ces mouvements dans la population, spécialement avec la soumission de l'administration américaine à Israël. Lorsque les leaders de l'Otan disent que le terrorisme est l'ennemi principal actuellement, au moins depuis le 11 septembre 2001, ceci n'est pas vrai, parce qu'ils rangent sous la bannière du terrorisme aussi bien les groupes violents que toutes les tendances cherchant l'indépendance et la libre volonté, sans faire la moindre distinction. Ceci est devenu clair lorsque l'OTAN a foré une force de réaction rapide (NRF) dans le sud de la Méditerranée en 1999. Une force de réaction rapide : contre qui et avec qui? Et dans quelles régions ? Toujours d'après ses détracteurs, cette initiative était (et est toujours) un défi à la volonté d'Etats indépendants, et une violation de leur souveraineté, et une meilleure façon de patronner les Arabes et les Musulmans, parce qu'ils sont les seuls à être la cible officiellement, et il n'y a pas d'autres peuples le long des côtes du sud de la Méditerranée. Cela signifie que l'OTAN peut violer leurs territoires chaque fois qu'il l'estime nécessaire et vital pour leurs intérêts. Et l'OTAN prend soin de soumettre tous ceux qui envisagent de se rebeller, ou de rejoindre la liste des "Etats voyous"114(*). Dans cette perspective, le langage de la force et de la tyrannie qui prévalait dans les relations internationales n'a pas changé, en dépit d'un nouveau discours sur le dialogue, la paix et la démocratie dans les relations internationales. Recourir à l'OTAN pourrait paraître le seul choix disponible pour les pays d'Afrique du Nord dans les circonstances actuelles. Cependant, ils ont une autre alternative, basée sur la construction de la confiance entre eux, et la formation d'un système de défense régional, qui établirait le principe de défense commune, et protégerait la région des pressions et des interventions de coalitions Justement, Il faut construire cette Méditerranée contre la volonté des Etats Unis qui veulent en faire une zone privilégiée d'influence pour des raisons politiques (Israël) et pour des raisons économiques (pétrole). Cette mer n'appartient pas à ses riverains. La 6ème flotte ne représente qu'un peu moins de la moitié de puissance de feu de l'ensemble des flottes des pays riverains, et pourtant c'est elle qui représente l'espace stratégique méditerranéen. En regardant une carte, on s'aperçoit que les grandes installations militaires américaines sur le pourtour méditerranéen ne sont pas construites pour atteindre Moscou, mais pour atteindre les villes arabes, elles sont tellement mieux placées pour atteindre Alger, Tripoli, le Caire, ou telle partie du Maroc que pour atteindre Moscou. La stratégie des installations de l'OTAN en Méditerranée est plus une stratégie de « containment115(*) » du sud que du « containment » de l'est. Si nous n'avons pas un projet commun ou en partenariat, pour construire notre avenir, nous serions alors des ennemis. Nous n'avons pas le choix entre l'amitié, la neutralité ou l'hostilité, nous avons une alternative entre la complémentarité ou l'hostilité116(*). En dépit de tout ce qui précède, il est clair que ce Dialogue est devenu un lien solide et inévitable dans lequel, sud méditerranéens et alliées atlantiques se sont tous engagés. C'est pourquoi, malgré les obstacles qui lui font face dès son lancement, les résultats satisfaisants qu'il a réalisés nous encouragent sur l'opportunité et la continuité de cette coopération, tout en réfléchissant sur le perfectionnement et l'adaptation de ce Dialogue pour faire face aux défis de l'avenir. * 114Rashid Khashana : « L'OTAN et l'Afrique du Nord » . Al-Hayat Le 15 septembre 2003 http://www.csotan.org/textes/texte.php?type=articles&art_id=83 * 115 Traduit en français par endiguement. Le containment fut la base de la doctrine de Truman, elle visait durant la guerre froide à empêcher toute nouvelle extension de la zone d'influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en 1947 * 116 Sous La Direction De Habib El Malki : « La méditerranée en questions, conflits et interdépendances. (La méditerranée : fracture probable, rencontre possible -EDGARD PISANI). EDITIONS CNRS PARIS. Pp. 74-75 |
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