b) Les moyens d'informations
La culture des droits de l'homme passe par l'information et
l'éducation. Pour ce faire tout le monde a droit à l'accès
aux informations comme l'indique l'article sept des droits culturels de la
déclaration de fribourg :
« Dans le cadre général du droit
à la liberté d'expression, y compris artistique, des
libertés d'opinion et d'information, et du respect de la
diversité culturelle, toute personne, seule ou en commun, a droit
à une information libre et pluraliste qui contribue au plein
développement de son identité culturelle ; ce droit, qui s'exerce
sans considération de frontières, comprend :
a- la liberté de rechercher, recevoir et transmettre
les informations
b- le droit de participer à une information
pluraliste, dans la ou les langues de son choix, de contribuer à sa
production ou à sa diffusion au travers de toutes les technologies de
l'information et de la communication. »
A cet effet, nous allons mettre en évidence les
différents moyens en Côte d'Ivoire, qui sont susceptibles de
transmettre des informations à la population ivoirienne.
Nous disposons essentiellement de :
- La télévision, deux chaînes nationales
(publiques). La première chaîne émet sur tout le territoire
ivoirien, et la seconde émet seulement dans la ville d'Abidjan. Ces
chaînes ne fournissent que des informations d'utilité publique
(gouvernement), dans le respect de la logique démocratique des pays du
sud.
- De deux radios publiques, et de certaines radios
privées à caractère culturelle (musique, art et
informations quotidiennes). Aussi, il y a aussi l'émission de certaines
radios internationales comme RFI, BBC. AFRICA n°1, etc.
- Internet est accessible à tous par la présence
de cyber café. Le coût de la connexion domestique reste encore
élevé pour les revenus des ivoiriens, et le niveau de vie ne
permet pas à la population de s'offrir un ordinateur qui
représente encore un bien de luxe.
- La presse écrite est la plus importante, car
très politique (chaque parti politique possède pratiquement une
publication). C'est cette presse, qui écrit souvent sur des questions de
droits de l'homme.
Au vu de ces moyens de communications cités ci-dessus,
nous avons rencontré des journalistes de la presse écrite
(panel), énoncé auparavant, pour une idée de la
compréhension des droits de l'homme relativement aux
spécificités culturelles citées en amont. Les publications
qui nous ont intéressés son 24 heures,
Notre Voie, Fraternité Matin et
Nouveau Réveil. Il faut souligner que ces journaux
possèdent des sites internet illustrés en annexe.
II) Interprétation des droits de l'homme et du
système universel de
protection de l'ONU
1- Intervenants à notre étude et axe de
réflexion
|
Notre rencontre s'est effectué le samedi 11 aout 2007
au Café « News Café » situé
dans la commune de Cocody à Abidjan à 10 heures 30 minutes de la
matinée. Cet endroit offre un cadre idéal au échanges
d'affaires et se situent dans l'enceinte du plus grand centre commercial de
Côte d'Ivoire qui se nomme SOCOCE. Nous avons
procéder à cet interview dans un échange café
autour d'une table dans ledit café. Les journalistes présents
à cet entretien nous ont souligné ne pas fréquenter
souvent cet endroit car leur revenu ne leur permet pas de pouvoir s'y attarder
souvent.
Nous avons, avant l'entretien, établi les bases de
cette rencontre par l'expression d'une volonté commune d'échanges
fraternels sur les questions de droits de l'homme. Pour ce faire, nous
remercions le CUHD et l'OIDEL qui ont offert des livres
(Déclarations et conventions internationales sur le droit à
l'éducation et la liberté de d'enseignement volume 8, enlarged
new edition of volume 1 in co-operation with OIDEL and WUS) que nous avons
donnés aux interlocuteurs avant de démarrer nos discutions pour
cet entretien.
Aussi, nous voulons attirer l'attention sur le fait que La
situation des journalistes en cote d'ivoire n'est guère reluisante. Ceux
de la presse écrite privée sont plus touchés par rapport
à leurs confrères de la presse publique. Mais ces derniers,
quoique mieux rémunérés, sont à la merci des
patrons selon le parti au pouvoir. Fraternité
matin qui est une publication quotidienne,
propriété de l'Etat, et le directeur général est
nommé par le gouvernement. Lorsqu'il y a un nouveau pouvoir, on assiste
à un changement presqu'automatique de toute la direction, et le nouveau
directeur emploie ses proches en éloignant les employés du
prédécesseur, en les licenciant même souvent.
Dans les médias privés, les conditions minimales
sociales ne sont pas réunies. Les salaires sont très bas, et
parfois (nous dirons même souvent) ne sont pas payés
régulièrement. Les journalistes accusent
régulièrement des arriérés importants de salaires.
Quand ils sont payés, cela s'effectue en fractions: une première
partie vers le dix du mois, puis vers la fin l'autre partie est versée.
Finalement, le salaire, déjà modique ne sert vraiment pas aux
travailleurs. Il y a même des publications quotidiennes où les
employés ne perçoivent pas de salaire pendant des mois, et cela
pendant que les directeurs s'offrent des plaisirs tels que des véhicules
de luxes et des dépenses qui n'incombent pas la publication.
Conséquence simple, les journalistes se
débrouillent, en effectuant des mendicités
professionnelles à la solde des patrons des autres
entreprises qui en profitent pour faire publier des informations sur mesure. Le
besoin de subsistance des journalistes les obligent à demander de
l'argent après chaque reportage effectué. Souvent pour une somme
de 5 000 f CFA (environs 8 euros), l'information désirée est
véhiculée quelque soit le fond et la forme. Le refus de donner de
l'argent, est une certitude de ne pas voir l'article paraître. Ce qui
rend les journalistes tributaires des puissances d'argent.
Alors, l'information diffusée n'est pas toujours
objective, elle est assujettie, et partisane. Le journaliste lui-même
perd toute crédibilité, ceux qui lui donnent de l'argent ne lui
font pas confiance et ne le considèrent pas du tout.
Sur le plan social, les journalistes ne
bénéficient ni d'assurance, ni de sécurité social,
et ils ne sont pas déclarés à la CNPS (Caisse nationale de
prévoyance sociale). Il en résulte d'énormes
difficultés pour se soigner quand ils tombent malades.
Les responsables de journaux privés exploitent leurs
agents. Voir les conditions de travail, on parlerait d'esclavage, car le
minimum social et professionnel n'est pas réuni.
Le plus important, c'est l'appartenance aux chapelles politiques.
Certains journaux sont financés par les hommes politiques, qui dictent
leurs lignes qui visent à promouvoir leur idéologie.
Dans l'optique de notre travail et constatant l'environnement
économique et sociale pouvant influencer les spécificités
culturelles de l'information en Côte d'Ivoire, notre entretien s'est
effectué autour de certains points qui se basent sur leurs opinions
à travers des réflexions:
- Droits de l'homme ?
- Système de protection universel des droits de l'homme
?
- Charte universelle de droits de l'homme ?
- Haut commissariat des droits de l'homme ?
- Différence entre les droits de l'homme et les droits
humanitaires ?
- Différence entre ancienne commission des droits de
l'homme et conseil des droits de l'homme ?
- Violations des droits de l'homme en dehors des conflits
armés ?
- Rôle des ONG dans le conseil des droits de l'homme
|
Les différentes interventions:
- M. A de 24 Heures (publication privée
proche de l'opposition politique)
Comme réaction face à cette série de
question, ce journaliste définie les droits de l'homme comme toutes les
règles qui visent le respect de la dignité
humaine. Il ignore le système de protection universel des droits de
l'homme. Il connaît la Charte Universelle des Droits de l'Homme mais en
ignore l'utilisation. Pour lui le Haut Commissariat des droits de l'homme
établie les rapports sur la situation des droits de l'homme dans le
monde, par pays. Concernant les droits humanitaires, M. Kéita
considère qu'ils font partie des droits de l'homme. Il ignore de ce fait
les institutions comme l'ancienne commission de droits de l'homme et le conseil
de droits de l'homme. Comme exemple de violations de droits de l'homme en
Côte d'Ivoire, il cite des années de violations de droits de
l'homme 1990 et 1991 sous Houphouët Boigny, 1999 sous Guéi Robert,
et le manque de liberté d'expression, etc. Il soutient le rôle des
ONG qui dénoncent certaines violations de droits de l'homme.
- M. B de Notre Voix (publication privée
proche du pouvoir politique)
M. B définie les droits de l'homme comme la protection
de la vie de l'homme contre les injustices et les
frustrations, le respect de la vie et de la dignité. Il
ignore le système de protection universel des droits de l'homme. Il
connaît les différentes déclarations de 1948, mais il
établie un amalgame avec la charte de l'ONU. Il ignore le rôle et
le fonctionnement du système des Nations Unies pour les droits de
l'homme. Il considère que les droits humanitaires sont les droits de
l'homme en temps de guerre. Il ignore de ce fait les institutions comme
l'ancienne commission de droits de
l'homme et le conseil de droits de l'homme. Comme exemple de
violations de droits de l'homme en Côte d'Ivoire, il cite les
emprisonnements, les violences sous les ex-présidents, certaines
violations actuelles sur la population. Les ONG selon M. Zié, luttent
pour le respect des droits de l'homme.
- Mlle C de Fraternité Matin (publication
d'Etat)
Mlle C définie les droits de l'homme comme la
Reconnaissance de la dignité humaine. Elle ignore le
système de protection universel des droits de l'homme. Elle
connaît le texte de la Charte Universelle des Droits de l'Homme, mais en
ignore l'utilisation. Elle considère le Haut Commissariat aux Droits de
l'Homme comme l'instance Suprême en matière des droits de l'homme
dans le système des Nations Unies. Elle considère aussi que les
droits humanitaires sont les droits de l'homme en temps de guerre. Elle ne sait
pas ce que c'est que l'ancienne commission de droits de l'homme et le de
conseil de droits de l'homme. Comme exemple de violations de droits de l'homme
en Côte d'Ivoire, elle cite les emprisonnements, les violences sous les
ex- présidents, certaines violations actuelles sur la presse, etc. Les
ONG selon Mlle Nimatoulaye, ont un rôle important pour le respect de la
dignité et interviennent dans certaines dénonciations de
violations de droits de l'homme
- M. D de Nouveau Réveil
M. Aka Koua définie les droits de l'homme comme le
respect de la dignité humaine, la liberté
d'opinion. Il ignore le système de protection universel des
droits de l'homme. Il connaît le texte de la Charte Universelle des
Droits de l'Homme, mais en ignore l'application. Pour lui, le Haut Commissariat
aux Droits de l'Homme fait la promotion des droits de l'homme, et il ignore le
rôle et le fonctionnement dans le système des Nations Unies. Il
considère que les droits humanitaires sont les droits de l'homme en
temps de guerre. Il ignore de ce fait les institutions comme l'ancienne
commission de droits de l'homme et le conseil de droits de l'homme. Comme
exemple de violations de droits de l'homme en Côte d'Ivoire, il cite
aussi les emprisonnements, les violences sous les ex-présidents, et le
non respect de la liberté de la presse. Les ONG selon M. D, luttent pour
le respect des droits de l'homme.
2- Tableau récapitulatif des opinions
A travers un tableau récapitulatif, nous allons
détailler les opinions de ces derniers comme énoncé
ci-dessus :
Axes de réflexion
|
M. A de 24 Heures
|
M. B de Notre Voix
|
Mlle C de Fraternité Matin
|
M. D de Nouveau Réveil
|
Droits de l'homme ?
|
Toutes les règles qui visent le respect de la
|
Protection de la vie de l'homme contre les injustices et les
|
Reconnaissance
|
Respect de la
|
de la dignité
|
dignité humaine,
|
humaine
|
liberté d'opinion
|
dignité humaine
|
|
|
|
frustrations.
|
respect de la vie et de la dignité
|
Système de protection universel des droits de l'homme
?
|
Ignore le fonctionnement
|
Ignore le fonctionnement
|
Ignore le fonctionnement
|
Ignore le fonctionnement
|
Charte universelle de droits de
l'homme ?
|
Connaissance de la charte, mais ignore
l'utilisation
|
Connaissance des différentes déclarations de 1948,
mais amalgame avec celle de l'ONU
|
Connaissance de la charte, mais ignore l'utilisation
|
Connaissance de la charte, mais ignore l'utilisation
|
Haut commissariat aux Droits de l'Homme ?
|
Etablie les rapports sur la situation des droits de
l'homme dans le monde, par pays
|
Ignore le rôle et le
fonctionnement dans le système des Nations
Unies
|
Instance Suprême en matière des droits de
l'homme dans le système des Nations Unies
|
Promotion des droits de l'homme
|
Différence entre les droits de l'homme et les droits
humanitaires ?
|
Les droits humanitaires
font partie des droits de l'homme
|
Les droits humanitaires sont les droits de l'homme en temps de
guerre
|
Les droits humanitaires sont les droits de l'homme en
temps de guerre
|
Les droits humanitaires sont les droits de l'homme en temps de
guerre
|
Différence entre ancienne
commission des droits de l'homme et conseil des droits de
l'homme ?
|
Ignore (le concept de commission et
de conseil des droits de l'homme)
|
Ignore (le
concept de commission et de conseil des droits de l'homme)
|
Ignore (le
concept de commission et de conseil des droits de l'homme)
|
Ignore (le
concept de commission et de conseil des droits de l'homme)
|
Violations des droits de l'homme
|
En 1990-1991 sous Houphouët
|
Emprisonnement, violences sous les
|
Emprisonnement, violences sous les
|
Emprisonnement, violences sous les
|
en dehors des conflits armés ?
|
Boigny, sous Guéi Robert, manque de
|
ex-présidents, certaines
violations
|
ex-présidents, certaines
violations
|
ex-présidents, certaines
violations
|
|
liberté
|
actuelles sur la
|
actuelles sur la
|
actuelles sur la
|
|
d'expression, etc.
|
presse, etc.
|
presse, etc.
|
presse, etc.
|
Rôle des ONG
|
Les ONG
|
Les ONG luttent
|
Rôle important
|
Les ONG luttent
|
dans le conseil des
|
dénoncent
|
pour le respect
|
pour le respect de
|
pour le respect
|
droits de l'homme
|
certaines
|
des droits de
|
la dignité et les
|
des droits de
|
|
violations de
|
l'homme, en
|
dénonciations des
|
l'homme
|
|
droits de
|
fonction de leur
|
violations de
|
|
|
l'homme
|
objet
|
droits de l'homme
|
|
A ces opinions récoltées, les intervenants
à notre étude se sont interpellés sur le rôle de
l'ONU en Côte d'Ivoire dans le cadre des droits de l'homme et surtout
dans la situation de crise actuelle.
Aussi, nous aimerions souligner que nul n'a mentionné
de violations des droits de l'homme au titre des DESC. Tous ces exemples de
violations sont des atteintes aux droits civils et politiques. Notant que la
Côte d'Ivoire est un pays en voie de développement, nous sommes
surpris de ne constater qu'aucune attention n'est effectuée face aux
DESC. Cela devrait susciter des interrogations à notre niveau :
- La définition des droits de l'homme serait-elle
liée à la culture du pays ?
- Les DESC sont-ils ignorés ou mal connus dans les droits
de l'homme ?
- La culture d'un pays, établie-t-elle une
hiérarchie entre les différents droits de l'homme ?
Autant de questions auxquelles nous devons répondre
face à cette diversité culturelle qui fait ressortir des points
d'ancrage où nous observons des limites ( éventuelles ) à
cette universalité qui doit tenir compte de nombreux paramètres
culturels.
|