III.2. PAYsAGE MEDIATIQUE CONGOLAIS
III.2.1. Mots d'histoire
Le pluralisme et l'Independence de la presse au Congo remonte
de temps ancien car ces termes sont nés avant l'Independence au Congo
belge. Ils disparaissent du mémoire dès l'arrivée au
pouvoir de MOBUTU. Seulement en 1990 que la presse congolaise amorcera cette
période de monopole médiatique et va déclarer la
libéralisation de la presse. Le parcours de la presse au Congo sera
ainsi analysé en cinq différentes périodes qui sont :
III.2.2. Avant le discours de 1990
Cette période est caractérisée par un
paysage absolument monocorde, cadenassée par la dictature de MOBUTU ;
« A coté du seul OZRT existaient quelques publications de statut
privé détenues par des proches du régime et servant pour
son propagande. » (1) Lors de l'accession du pays à
l'indépendance, le statut de la presse qui découlait des
décrets de 1959 sur les libertés publiques places les
(1) Marie-soleil FRERE Op. cit, p98
journaux appartenant déjà aux
intérêts privés sous un régime libérale ;
cette situation se maintiendra jusqu'en 1965. « A l'avènement de
Mobutu, entre 1965 et 1972 mesurant, l'importance de la presse dans la conduite
de l'opinion publique, le nouveau régime tente d'acheter plusieurs
titres en y plaçant ses hommes et les finançant
discrètement. »1
L'année 1972 est une année charnière dans
l'histoire du Congo-Kinshasa en général et des organes
d'information en particulier. C'est la consécration de la doctrine
zaïroise du « recours à l'authenticité » qui se
traduit par la mise sur pied d'une stratégie et d'une philosophie pour
la libération des mass médias de leur dépendance
structurelle.
La philosophie du recours à l'authenticité
imprime une orientation nouvelle aux mass médias. « Des faits
saillants marquent l'année 1972 et les
(1) TSHONZ Mata, Medias au Zaïre,
s'aligné ou se libérer, Paris, Harmattan, 1996, pg 37
années suivantes. Il s'agit, en résumé,
de la revalorisation de la culture nationale. C'est en effet, en 1972, que les
journaux congolais porteront des noms authentiquement zaïrois, qu'une
presse naîtra, entièrement ou partiellement rédigée
en langues nationales dites vernaculaires » (1).
Pendant la même année, tous les journaux sont
officiellement pris en charge par l'Etat qui leur accorde des moyens dont ils
ont besoin pour leur fonctionnement. La situation économique favorable
jusqu'en 1975 permet à l'Etat des prodigieuses libéralités
en faveur des journaux étatique. « Mais la crise qui sévit
à partir de cette même année, à la suite de la
nationalisation le place dans une impossibilité de subventionner tous
ces journaux » (2) S'en suit la restriction dans l'octroi des
subvenions ; d'une part certain journaux (Elima,et
(1) Vicky ELONGO, Cours de politique comparée de la
communication, inédit, deuxième licence FLSH,
Université de Kinshasa 2009-2010
(2) TSHIONZA Mata, Op-ci, pg 37- 39
Salongo) reçoivent plus que d'autres et d'autre part les
montants perçu sont des moins à moins consistant.
Il importe de rappeler qu'avant même
l'indépendance, certains organes de presse écrite détenus
par les Congolais constituaient de véritables moyens de prise de
conscience politique des masses. Après l'indépendance, les
journaux s'inféodèrent à certains groupes politiques et il
fallut attendre l'avènement de la IIème République pour
voir un début d'organisation de la presse écrite congolaise. Sous
la tutelle souple mais efficace du Ministère de l'Information, la presse
congolaise couvre tout l'éventail de l'actualité tant national
qu'international ; de la politique au social, de l'économique au
culturel et au sport, « les organes de presse écrite sont un
support essentiel de la politique du Nouveau Régime et participent
à la réalisation des objectifs de la Révolution
Zaïroise Authentique » (1).
(1) Jerry MPERENG Djery, Presse et histoire du
Congo-Kinshasa. Le discours de la presse et son rôle dans le
Chaque province de la République est dotée d'un
organe de presse selon la répartition suivante :
- Organes de presse par Province
Provinces
|
Organe de Presse
|
Pé
|
Kinshasa
|
- Salongo
- Elima
- Zaïre
- Masano
- Zaïre ya Sika
- Likembe
|
Qu Qu He He M Bi
|
Bas-Congo et Bandundu
|
- Beto na Beto
|
He
|
Kasaï occidental et Oriental
|
- Nsambi
|
He
|
Haut Congo
|
- Boyoma
|
Qu
|
Kivu
|
- Jua
|
Qu
|
Shaba
|
- Mjumbe
|
Qu
|
processus de la démocratisation de 1990 - 1995,
Thèse pour obtenir le grade de
Docteur en sciences du langage de l'Université de
CERGYPONTOISE, octobre 2004,p 175
Source : Document n° 075/I.M.K./355/78, N'Sele, mars
1978(1)
Elima et Salongo relayaient la
propagande du gouvernement et dans chaque province un journal
était autorisé comme Mjumbe à Lubumbashi, Boyoma à
Kisangani, Jua à Bukavu.
L'église catholique avait ses medias écrits qui
étaient écartés totalement de la vie politique, d'autres
publications étaient théoriquement autorisées sans que les
parutions soient régulières. Pendant cette période, les
journalistes devraient user de toutes leur prudences afin d'éviter des
critiques Portées contre le président ne lui remettent en cause.
Le président était considéré comme un Dieu. C' a
été démontré à l'époque du ministre
Sakombi Inongo. Chaque soir, avant le journal à la
Télévision nationale ; on remarquait Mobutu sortir dans les
nuages. Rien de bon, et rien à voir dans tous ces journaux.
(1) Document n° 075/I.M.K./355/78, N'sele, mars
1978.
En 1981, une nouvelle législation sur la presse
établie par l'Ordonnance-loi n°81-011 du 2 avril 1981, portant
modification de l'ordonnance loi n°070- 057, cette ouvre la voie à
la multiplication des titres dans la presse écrite. « Ceux-ci
connaissent des fortunes diverses certains d'entre eux ne sont pas viables et
se sont complètement alignés sur le pouvoir public et d'autres
par contre se sont considérés comme des véritables
journaux indépendants »1. Cette Ordonnance bien que
libéralisant ce secteur, n'écarte pas la mainmise de
l'état sur la presse écrite qui demeurent dans sa grande
majorité entièrement alignée sur le régime du parti
Etat qui lui confie du reste, la mission de mobilisation et sensibilisation de
la population. C'est en s'appuyant sur cette mission que les journaux
entièrement privatisés par la dite ordonnance loi vont
revendiquer le retour de l'aide de l'Etat. Pendant cette période «
la presse libre disparu au Congo car l'essentiel de l'information était
la
(1) THSIONZA Mata Op-cit, pg 40
diffusion des activités du président et les
idéologies du parti unique » (1) (MPR) les journaux se
ressemblaient, à l'avant plan était souvent la photo de Mobutu
« il a fallu attendre 1981 pour parler d'une petit avancée sur le
plan de la liberté de la presse. En effet l'ordonnance loi du 2 avril
1981 introduisit dans ses paragraphes la liberté de la presse, une
simple déclaration au ministère suffisait pour publication et sur
le plan juridique le directeur de la publication était civilement et
pénalement responsable.» (2)
Tous ceci nous suffit de comprendre que cette liberté
était tronquée car en réalité cet article de
l'ordonnance n'était que théorique.
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