II.3.4. Critique de l'instrumentalisation du
journaliste
Dans les paragraphes précédents du premier
chapitre, nous avions déjà souligné quelques points allant
dans le sens des critiques qui sont souvent formulés à
l'égard des journalistes.
Néanmoins Albert Londre, grand reporter français
du siècle passé a souligné de contre-pouvoir du
journaliste parfois un pouvoir qui dérange toujours certaines
institutions. « Un journaliste n'est pas un enfant de choeur et son
rôle ne consiste pas à procéder les processions, la main
dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n'est pas de
faire plaisir, non plus de faire tout, il est de porter la plume au plaie
» (1).
Ce rôle joué par les médias est cependant
contradictoire, car ils constituent cette fois une institution politique
à part entière, sachant que le quatrième pouvoir accuse
deux grandes faiblesses.
D'une part, il est détenu aux mains des personnes qui
n'ont été élues, ni nommées par leur
compétence, et en d'autres lieux il est sujet aux exigences commerciales
comme le cas avec toute autre entreprise.
A en croire, la résolution de ce problème ne
résulterait en réalité que dans un mélange de droit
et de responsabilité socioprofessionnelle, et c'est la
déontologie. Cette dernière ressemble des principes et
règles établis par la profession, enfin de permettre aux
médias de servir de la meilleure des conditions soit dans
l'impartialité, les individus que composent son public.
Dans tout cela les principes de base de la déontologie
journalistique ne peuvent être possibles dans une certaine mesure. Ainsi
donc, parmi les deux principes, l'impartialité et l'indépendance,
l'un de deux nous intéresse en particulier, dans cette dialectique :
c'est l'indépendance des médias. Le principe ne semble pas
être accepté surtout en Afrique, continent qui rencontre un
certain nombre de difficultés avec l'émergence de la culture
démocratique. Ce principe constitue l'affirmation selon laquelle : le
journaliste n'a de compte à rendre à personne, si ce n'est autre
que
son public, puisque c'est son intérêt qu'il tend
à servir. Il doit toujours visé l'intérêt du public
ou intérêt public.
Tenant compte de tout cela, la résolution 1003 du
Conseil de l'Europe sur l'éthique du journalisme dans son article12 nous
complète en se demandant si cette indépendance peut se voir
réelle dans les conditions suivantes : « un directeur d'une maison
de presse peut-il réellement s'offrir les luxes un pied de nez à
un actionnaire en publiant une enquête sur la qualité de ses
produits alloue des subsides conséquents ? En somme, la location de
subsides ne semble pas notre réalité en Afrique car la presse en
soi a toujours eu du mal sans revenus publicitaires. D'oü on peut
dès lors la qualifier de libre ? Commercialement non. Pour cela,
l'exigence d'une transparence totale en matière de
propriété et gestion des médias » (1).
(1) Résolution 1003 du Conseil européen
sur l'éthique du journalisme, article 12.
Politiquement, un média est rarement neutre. «
Pourtant, une orientation idéologique des éditeurs doit
être légitimement respectée pour autant qu'elle soit
limitée par les exigences incontournables de la véracité
des nouvelles et de rectitude morale des opinions exigées par le droit
fondamental des citoyens à l'information » (1).
Adopter une orientation politique ou idéologique reste
une possibilité à un organe de presse. Le danger ici n'est donc
pas de présenter une orientation politique, puisque celle-ci est
déontologiquement acceptable, mais d'arriver à rester
indépendant de toute pression, intérieure ou extérieure,
consciente ou inconsciente, affirmée ou insinuée. La presse ne
doit servir aucun intérêt particulier, si ce n'est celui de son
public, dans toute sa diversité. Elle doit aspirer à offrir les
qualités d'un service public-au sens de responsabilité sociale et
non
(1) Résolution 1003 du Conseil européen,
Op cit., article 13.
de lien avec l'Etat, offrant une tribune à toutes les
orientations politiques et sociales qui assure au mieux les différentes
tâches dont elle a la fonction : observer et fournir une image
représentative du milieu environnemental, assurer la communication
sociale, transmettre la culture ainsi que contribuer au bonheur via le
divertissement.
Enfin, dès lors qu'un journal, une station de radio ou
une chaine de télévision dédie ses pages ou ses ondes
à la gloire de l'Etat, d'un modèle politique, d'une région
ou d'une race, on doit rejeter ce type de journalisme pour la classer dans la
rubrique de propagande.
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