I.2.6. La désinformation
On le sait au moins 2500 ans que « l'art de la
désinformation fait partie intégrante de l'art de la guerre.
Paraître toujours plus fort que l'ennemi, plus valeureux, animé
d'une meilleure morale, mieux aimé du peuple, dépositaire d'une
légitimité supérieure »1, ces armes
là traversent des siècles. Les guerres changent de forme et
d'objet mais les parties en guerre restent par essence
désinformatrices.
(1) ARROUS Michel Ben (dir) Op-cit,pg 25
Ainsi, désinformer c'est déformer
l'information, escamoter certains faits ou les falsifier. Tout
le contraire en apparence de ce qui est entendu des journalistes, une
information vérifiée aussi complète que possible.
La guerre si propice aux facettes nouvelles,
demi-vérité et autres francs mensonges impose
théoriquement à la presse un surcroit de rigueur dans le
traitement de l'information et des sources notamment militaire dans leur
croissance et recoupement.
D'oü la frontière entre l'information et la
désinformation reste ainsi soumise à des contraintes de
négociation aussi à de multiples échecs, dans la
conscience du journaliste au sein de sa rédaction, dans l'espace
élargi de ce rapport entre la presse et la société.
1.2.7. La vérité du journaliste
Aujourd'hui, peut-être plus que jamais, ce qui devrait
démarquer le journaliste de la foule des communicateurs patentés
de nos sociétés africaines est sa prétention à
contribuer au bien commun en informant ses concitoyens des faits, des
événements, des opinions et des idées afin de maintenir
une démocratie vigoureuse et ouverte à la participation,
autrement dit saine. Malheureusement, il faut vraiment parler de
prétention, au sens d'un énoncé dont la correspondance
avec la réalité reste encore à démontrer dans les
meilleurs cas, est douteuse dans les pires. On peut remettre en question la
validité d'une telle prétention «il convient en premier lieu
de préciser l'acception de la notion de vérité qui sera
retenue ici. Cependant, il est exigé du journaliste qu'il communique
correctement, sans parti pris inavoué »
(1) de façon compréhensible, rigoureuse,
équitable et honnête les fragments de vérité
auxquels il aura eu accès au terme d'entrevues, de recherches
documentées, de rencontres fortuites et de vérifications
rigoureuses.
« Le devoir d'informer que plusieurs journalistes
reconnaissent comme étant la finalité de leur fonction doit
être remise à sa place, c'est-à-dire conçu comme un
moyen. La finalité journalistique qui doit s'imposer en lieu et place
est le service de l'intérêt général » (2), un
concept qu'il me faudra cerner de plus près au risque d'écrire
dans le vide. Le devoir d'informer comme finalité soulève une
foule des problèmes : A quel prix faut-il informer ? Comment
définir l'information dont on parle ? Pourquoi l'information des
communicateurs et relationnistes ne serait-elle pas aussi crédible et
légitime que celle des
(1) Marc-François BERNIER, « une vision
systématique de la véritéen journalisme »,in les
cahiers du journalisme n°13 - PRINTEMPS
2004, pg124
(2) Marc François BERNIER Op-cit, pg126
journalistes ? Cette dernière interrogation, surtout,
soulève la question des clients de l'informateur : entreprises,
organismes ou gouvernements pour les communicateurs ; grand public et
concitoyens pour les journalistes.
On voit bien que le service de l'intérêt
général s'impose comme la finalité permettant au
journaliste de se différencier au sein de la constellation de
communicateurs. Dans un continent « fortement touché par la crise
économique, socialement marqué par les retombées
catastrophiques des plans d'ajustement structurel, il faut dire qu'il est
très difficile de faire vivre un journalisme indépendant aussi
bien conscient de son rôle dans la société » (1)
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