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L'acquisition du genre et du code switching chez l'enfant bilingue précoce

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par Sophie Rimbaud
Université Montpellier III - Master 2 2009
  

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2. 2. 3. 2. La période critique pour une seconde langue

C'est la difficulté qu'ont les adultes à apprendre une langue étrangère qui nous amène à penser que l'acquisition d'une ou de deux langues est limitée dans le temps. En effet dans notre première partie nous avons établi différents types de bilinguisme, parmi lequel le bilinguisme tardif qui s'oppose au bilinguisme précoce selon la période d'immersion dans la langue. L'enfant développe un bilinguisme hors du cadre familial donc nous parlerons d'apprentissage, mais le cerveau de l'enfant étant encore malléable ses capacités d'apprentissage ne dépendent uniquement pas d'un facteur physique, nous pouvons dire que l'enfant est dans une période pivot où la limite entre acquisition et apprentissage est encore fragile et où une relation affective à telle ou telle langue facilitera son acquisition.

A la base de cette rapidité d'acquisition des deux langues, chez le bilingue précoce, se trouve le phénomène de plasticité du cerveau :

« A travers sa plasticité, la synapse serait en outre à la source de la capacité d'apprentissage. [...] la synapse est un objet dynamique, susceptible d'être modifié par son activité ou son inactivité. ». Debru (1987 : 205).

La synapse dans sa dynamique propre, forme une des bases de la plasticité du cerveau. Changeux17 fait l'hypothèse que les contacts entre neurones, les synapses, véhiculent les informations à travers le système. Ainsi l'acquisition sera une stabilisation sélective de synapses, celles-ci créant un chemin dans le système. Nous avons une interdépendance entre les deux : la synapse crée le chemin dans le système et, le système, par la confrontation au contexte, oriente le développement de sa structure.

Le processus de myélinisation paraît jouer un rôle fondamental dans la spécialisation de structures cognitives propres aux langues présentes dans le contexte, impliquant l'existence d'une limite dans l'acquisition des deux langues, celle de la fin du processus de myélinisation. C'est à-peu-près vers l'âge de sept ans que les connections nerveuses entre

17 Cité par Debru (1987)

les régions du langage dans le cerveau arrivent à maturation, au-delà de cette période l'acquisition de la seconde langue se fera avec moins d'aisance et relèvera d'un processus d'apprentissage.

Grâce à l'avancée technologique et scientifique de ces dernières années, notamment le développement des recherches en imagerie par résonance magnétique, le fonctionnement du cerveau est mieux connu. Un point important a été mis en évidence : en fonction de l'âge d'acquisition des deux langues ou d'apprentissage d'une langue étrangère (chez un public adulte), les zones du cerveau qui sont sollicitées ne sont pas les mêmes (Fayol et Kail, 2000). En observant le cerveau d'un adulte bilingue nous remarquons que les zones sollicitées par la langue seconde se trouvent dans des régions différentes de la langue maternelle, alors que chez les bilingues précoces les zones du cerveau sont superposées ce qui signifie que les langues sont traitées indifféremment l'une de l'autre, ou plutôt, qu'elles sont traitées par les mêmes systèmes neuro-cognitifs (Abdelilah-Bauer 2006).

La maturation neuropsychologique entraîne une prise en compte de l'âge auquel l'enfant est exposé à la seconde langue : l'exposition à la seconde langue sera traitée différemment selon le degré de maturation du cerveau et des processus de myélinisation. Par conséquent les zones du cerveau mobilisées pour le traitement linguistique bilingue ne seront pas forcément les mêmes et la vitesse d'acquisition/apprentissage de la langue seconde sera touchée.

Ainsi, l'interaction avec la seconde langue ne permettra pas de mobiliser les mêmes structures neuronales et cognitives après 7 ans, et ne permettra plus d'influer sur ces structures et de considérer que la langue étrangère pourrait être traitée comme langue maternelle. Il ne serait alors plus possible d'acquérir une langue maternelle à la fin du processus de myélinisation, processus pendant lequel l'interaction avec les langues acquises a permis de spécialiser et stabiliser les structures neuro-cognitives du langage. Toutefois, il est apparu clairement que les critères de la maturation cognitive et de l'âge sont fondamentaux pour la classification des différents types de bilinguisme.

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