1.4.4 Méthodes d'évaluation monétaire
des externalités associées à la
gestion des déchets ménagers
Le service d?élimination des déchets
ménagers comporte des avantages non directement liés à
l?usage des ménages qui contribuent à l?amélioration de
leur bien-être. Ces avantages ne sont pas observables, car ils ne font
pas l?objet de transaction sur le marché. La valorisation du
bénéfice tiré de l?amélioration de la
qualité du service d?élimination des déchets
ménagers est une question importante pour les décideurs publics,
notamment dans les analyses de coûts avantages.
Les caractéristiques propres à ce service
rendent sa valorisation délicate (statut de bien collectif, absence de
prix, absence d?échanges marchands,). Le service
d'élimination des déchets ménagers confère à
son bénéficiaire deux types d'avantage. L'enlèvement des
déchets que les ménages paient directement à travers une
redevance forfaitaire et les autres avantages qui améliorent le bien
être des ménages.
L?amélioration du service d?élimination des
déchets peut induire trois effets : le premier correspond à un
effet direct puisque l'individu subit directement les
désagréments tant visuels qu?olfactifs d?une mauvaise
qualité du service. Les deux autres font référence aux
différentes conséquences sanitaires et environnementales.
L?évaluation monétaire de ces effets directs et
indirects permet d?apprécier les conséquences sur le niveau de
dommage évité par l?amélioration de la qualité du
service d?élimination des déchets. Autrement dit, il
s'agit d'estimer la variation du bien-être des individus à la
suite de la modification de la qualité du service d'élimination
des déchets ménagers.
Evaluer l'accroissement de bien-être induit par
l'amélioration de la qualité du service d'élimination des
déchets ménagers revient à mesurer la valeur de
l'amélioration du bien-être due au changement marginal de la
qualité de l'environnement. Il s'agit d'un changement
hypothétique. Cette situation consiste à
apprécier ex ante la variation du bien être qui
résulterait de la mise en oeuvre d?une amélioration de la
qualité du service d?élimination des déchets
ménagers.
Théoriquement, deux approches s?offrent pour
évaluer l?accroissement de bien-être d?un individu induit par
l?amélioration d?un service hors marché: l'approche
indirecte encore appelée la méthode des préférences
révélées basée sur l'observation de comportement et
l'approche directe dite des préférences déclarées
basée sur la révélation d'intention. La grande
différence entre les deux approches réside dans le mode
d?évaluation lui-même. Dans l'approche indirecte, les
préférences se mesurent à partir de l'analyse de la
demande, des fonctions de coût, des prix de marché et des choix.
Dans l'approche directe, les gains monétaires sont annonces par
l'agent.
Le manque de connaissance sur les coûts externes
liés à la mauvaise gestion des déchets ménagers
rend difficile l?internalisation des externalités. Que ce soit pour
internaliser ces coûts externes ou pour réaliser des analyses
coûts-avantages permettant de définir les objectifs optimaux de
politique de gestion des déchets ménagers, l?évaluation
monétaire de ces externalités s?avère indispensable.
La consommation du service d?élimination des
déchets ménagers procure une utilité aux usagers, qui
contribue à une amélioration de leur bien-être sans induire
nécessairement une contre valeur en termes monétaires. Cette
variation du bien-être constitue la valeur qu?on peut affecter au
changement marginal de la qualité de l?environnement induit par
l?amélioration du service.
Nous recourons à une des méthodes permettant de
mesurer la valeur de l?environnement pour estimer la variation du
bien-être des ménages suite à une modification de la
qualité du service d?élimination des déchets
ménagers. Toutefois, nous présentons la capacité de
chacune des méthodes à contribuer à l?évaluation
monétaire des externalités liées aux déchets
ménagers.
Les méthodes de préférences
révélées ont été abordées
pour s?attacher aux valeurs d?usage en considérant la notion d?usage
d?un bien environnemental comme l?achat d?un bien marchand
complémentaire. Evaluer l?accroissement de bien-être induit par
l?amélioration de la qualité
du service d?élimination des déchets
ménagers par la méthode des préférences
révélées suppose que le comportement de l?individu est
observable et observé. Cette approche présente une perception
ex-post des préférences et se fonde sur l?observation des
comportements réalisés comme l?illustrent la méthode des
prix hédonistes et la méthode des coûts de transport.
La méthode des prix hédonistes
est fondée sur le marché immobilier : elle a été
initialement conçue pour montrer qu?il y a un lien entre le
marché immobilier et les caractéristiques environnementales
(Ridker et Henning , 1967).Quant à la méthode des coûts de
transport, elle évalue les valeurs d?usage d?un site en quantifiant les
dépenses de transport engagées pour s?y rendre (Hotelling, 1947 ;
Clawson et Knetsch, 1967).
L?idée centrale de la méthode
d?évaluation contingente (MEC) est que les variations de
bien-être, les bénéfices, la valeur des biens (quels qu?ils
soient) peuvent être évalués sous forme monétaire.
Ainsi, les préférences déclarées lors d?une
enquête par les individus représentent leurs
préférences réelles et permettent de mesurer les
variations de bienêtre, les bénéfices et la valeur que les
individus accordent à un bien.
La valeur attribuée aux biens ou services
environnementaux par les ménages est obtenue par les
préférences révélées par ces derniers
à travers le consentement à payer (CAP) basé sur le
concept de surplus.
Le cadre théorique qui sous-tend la mesure du
consentement à payer fut défini par Mäler en1974.
L?idée de base est la mesure hicksienne du surplus. Alors que Hicks
(1941) raisonne sur les variations des prix des biens marchands, Mäler
définit des variations de revenus compensatrices ou équivalentes
sur des variations de quantité ou de qualité de biens publics
environnementaux.
Les variations de surplus étant
calculées à utilité constante, il est possible de
déduire des courbes de demande compensées pour ces biens
environnementaux dénués de prix. A partir des réponses des
individus enquêtés, Hicks (1941) introduit dans l'analyse du
surplus, le concept de « general purchasing power » qui
permet de représenter les comportements du consommateur comme un
arbitrage entre la consommation d'un bien et l'utilisation de son revenu pour
consommer d'autres biens.
Mäler (1974) conserve l?idée de « general
purchasing power »mais enrichit l?analyse de Hicks qui porte sur des
biens marchands dotés d?un prix en faisant l?hypothèse que les
biens publics sont également des substituts parfaits au revenu des
consommateurs. Ces derniers sont jugés
ainsi capables d?arbitrer entre leur consommation de biens
privés et la qualité ou la quantité de biens ou services
environnementaux tels que la qualité de l?air, de l?eau, du service
d?élimination des déchets ménagers, etc.
La mise en oeuvre de la méthode d?évaluation
contingente repose sur la réalisation d?enquêtes auprès
d?un échantillon représentatif de la population concernée,
au cours desquelles on soumet aux personnes interrogées
différents scénarios fictifs qui permettent
d?estimer la valeur qu?elles accordent au bien étudié.
En matière d?évaluation, la MEC constitue le
support méthodologique le plus indiqué pour évaluer les
coûts externes générés par des déchets
ménagers. Walsh et al. (1990) estiment qu?elle est l?instrument le plus
important dont nous disposons pour mesurer la demande des individus pour la
protection de la qualité de l?environnement.
Dans une étude fondée sur la MEC portant sur un
échantillon de 300 personnes dans le département du Bas-Rhin en
France, Kah et Pruvot (2001) ont utilisé un modèle Logit afin de
déterminer les facteurs explicatifs du CAP de la population pour une
amélioration qualitative du service d?élimination des
déchets urbains. Les résultats montrent que le lieu
d'habitation, le niveau d'éducation ainsi que le revenu influence la
probabilité de donner une réponse positive à
l'enchère proposée.
Au Bénin le secteur de la gestion des déchets
reste encore largement inexploré par ce type d?études. Cependant,
la MEC est de plus en plus appliquée dans le domaine de l?eau et de
l?assainissement (Soglo, 2002 ; Strässler et al, 2000 ; Gbinlo, 2005 et
2010).
La connaissance des coûts environnementaux devient de
plus en plus nécessaire et cela pour plusieurs raisons.
Premièrement, l?augmentation forte et régulière des
coûts de gestion des déchets pose la question de savoir si les
bénéfices obtenus justifient ou non le resserrement des
contraintes environnementales. Deuxièmement, les années 1990 ont
connu un développement important de la mise en application du principe
de pollueur-payeur au niveau international, où celui qui est à
l?origine d?une nuisance doit être responsabilisé et celle-ci doit
être intégrée dans ses coûts de production ou de
consommation.
Nous avons choisi d'utiliser la méthode
d'évaluation contingente pour mesurer la valeur qu'accordent les
ménages à cette amélioration du service.
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