1.4.2 Externalités associées à la
gestion des déchets ménagers
La présence d?externalités est à l?
origine de défaillances de marchés. Une externalité
négative (la pollution, par exemple) fait peser un coût sur la
société qui n?est pas pris en compte par l?émetteur de
cette externalité. Les individus exposés à la
dégradation de la qualité de l?environnement subissent des
dommages et seraient prêt à payer pour son amélioration.
Dans le domaine des déchets ménagers, on
est confronté à des problèmes de gestion des
externalités. Les externalités dans le secteur des déchets
ménagers peuvent prendre plusieurs formes. En effet, ces
externalités s'observent au niveau des différentes étapes
de la filière ; à savoir : la collecte, le transport et le mode
de traitement des déchets qui présentent des coûts externes
significatifs. Mais quelle valeur accorder à ces externalités
?
La gestion des déchets ménagers provoque
des dommages considérables pour la santé publique et
l'environnement. La pollution est l'exemple typique d'externalités
environnementales liées à la gestion des déchets
ménagers. Cette pollution peut être locale. Ces dommages
environnementaux sont principalement des facteurs externes, c'est-à-dire
qui ne sont pas répercutés sur le prix des biens.
Toutefois, ces effets externes devraient être pris en
compte dans les décisions ayant un impact sur la qualité de la
gestion des déchets ménagers. Pour cela, il faut
quantifier les dommages qui en résultent en unités
monétaires. Les valeurs obtenues peuvent être utilisées
dans les analyses coûts-bénéfices ou en tant qu'indicateurs
des dommages sur l'environnement dans le cadre de la politique nationale de
gestion des déchets ménagers. Or, l?ensemble des
opérations liées à la gestion des déchets
ménagers rend l?évaluation monétaire de ces dommages
difficile.
Néanmoins des travaux ont été
réalisés ces dernières années dans le domaine de
l?analyse des coûts environnementaux provoqués par les
différentes filières de traitement des déchets
ménagers, (Commission Européenne, 1996 ; Baudry, 2000; Rabl et
Spadaro, 1997)
Les résultats de ces études indiquent les
coûts environnementaux liés aux différents modes de
traitement (mise en décharge, tri, incinération, recyclage et
compostage), ainsi que l?ensemble des pressions environnementales
consécutives à la gestion des déchets ménagers
(pollution de l?air, pollution des eaux, effet de serre et nuisances aux
riverains).
L'étude de la Commission
Européenne(1996) porte sur les externalités de la collecte dans
l'Union Européenne. Les externalités prises en compte concernent
la pollution de l'air due au transport et les accidents. Les
évaluations des accidents reposent sur une estimation des risques
d?accidents avec victime et le nombre de trajet par tonne de déchets.
Pour cette étude, le coût des accidents représente en
moyenne entre 60% et 90% du coût total des externalités de la
collecte.
Baudry (2000) estime pour la France le coût de la
collecte pour le recyclage et le compostage et montre que les coûts
environnementaux par tonne transportée sont supérieurs en raison
des collectes supplémentaires exigés par le recyclage et le
compostage.
La mise en décharge est
également une source de pollution de l?eau. La décomposition des
déchets et l?infiltration des eaux de pluies et de surface produisent
des substances toxiques. Notons que les externalités de la pollution
locale de l?eau et du sol restent dans leur ensemble très mal connues.
Adler et al (1982) montrent à l?aide de la méthode des prix
hédonistes que la contamination de l?eau due à une
décharge de déchets toxiques dans les villes de Pleasant Plains
et de New Jersey aux Etats Unis fait baisser le prix de vente des maisons.
L'incinération des déchets
ménagers quant à elle est à l?origine de beaucoup
d?émission dans l?air. La CE(2000) évalue le coût externe
de la contribution des incinérateurs au réchauffement climatique
entre 0,5 et 1 euro par tonne de déchets incinérés. Quant
à la pollution locale de l?air, la CE(2000) montre que le coût
externe est de 15 à 72 euros par tonne et de 20 à 108 euros par
tonne de déchets incinérés.
Les externalités associées aux déchets
sont également observées au niveau des nuisances
créées aux riverains. Les sites des décharges affectent le
bien-être des riverains. Ainsi, lors de l?implantation des
décharges, on assiste régulièrement à un
phénomène d?opposition parfois virulent des riverains. La
population est consciente que l?installation d?un
centre de stockage des déchets est nécessaire
mais elle préfère qu?elle se fasse loin de sa concession. En
dehors des décharges, l?incinération des déchets causent
des désagréments aux riverains. Les nuisances pour les riverains
s?observent également au niveau des centres de tri qui également
est une source de désagréments environnementaux.
|