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Financement de la gestion des déchets ménagers à  Porto-Novo au Bénin

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par Serge Alphonse BLIKI
Université d'Abomey-Calavi au Bénin - DEA/ Master 2011
  

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1.2 Objectifs général et spécifiques

L?objectif général de cette étude est d?analyser le financement par les ménages des dommages environnementaux de la production de déchets solides ménagers dans la ville de Porto-Novo.

De façon spécifique ; il s?agira:

> d?analyser les préférences et les motivations des ménages de la ville de Porto-Novo pour l?amélioration de la qualité du service d?élimination des déchets ménagers ;

> d?évaluer le consentement à payer (CAP) des ménages de la ville de Porto-Novo pour éviter les nuisances causées par les déchets ménagers ;

> d?identifier les facteurs explicatifs de la probabilité de participation des ménages au financement de l?amélioration de la qualité du service de gestion des déchets.

1.3 Hypothèses de recherche

Comme hypothèses de recherche, nous retenons :

v' Les ménages de la ville de Porto-Novo consentent à participer au financement de l?amélioration de la qualité du service d?élimination des déchets solides ;

v' le revenu des ménages est la variable qui explique le plus la probabilité de participer au programme d?amélioration ;

v' les ménages qui évacuent leurs déchets par la pré-collecte ont un impact positif et significatif sur la demande d?amélioration du service de gestion des déchets.

1.4 Revue de littérature

Dans cette revue, nous abordons quatre points : les enjeux de la gestion des déchets ménagers, les externalités associées à la gestion des déchets ménagers, la tarification et les méthodes d?évaluation monétaire de ces externalités.

1.4.1 Enjeux de la gestion des déchets ménagers

Le but de toute gestion efficace des déchets ménagers est la préservation de la santé des populations et de l?environnement dans lequel elles vivent. Cela suppose une maîtrise de la production des déchets ménagers et une meilleure répartition entre les différents modes d'élimination. Pour atteindre ces objectifs, la municipalité doit se fixer des obligations en matière de mode de traitement des déchets : recyclage, valorisation et prévention ou réduction à la

source. Ainsi, par exemple, dans l?agglomération grenobloise en France, des filières de collecte sélectives ont été mises en place pour répartir les déchets dans différentes poubelles afin de pouvoir en recycler une partie (Echirolles Agenda 21,2007).

L?utilisation individuelle du milieu environnant par les ménages pour jeter leurs déchets leur procure un avantage car cela ne leur demande aucun effort. Or, cette pratique par l?ensemble des consommateurs accroît la quantité globale de déchets dans l'environnement, ce qui constitue une externalité négative, nuisible à l?environnement et à la santé publique. Les agents économiques sont alors à la fois victimes et responsables des externalités négatives créées par les déchets. Selon Baumol et Oates (1988), l'utilité du consommateur dépend positivement des biens marchands consommés et de la consommation individuelle de l?environnement, mais il existe un phénomène de pression sur la consommation globale de l?environnement qui affecte l?utilité du consommateur.

L'économie publique caractérise la gestion des déchets ménagers comme un bien à caractère collectif et plus précisément un bien public local. Selon les articles publiés par Samuelson (1954, 1955 et 1958), on distingue deux propriétés qui permettent de différencier les biens publics des biens privés.

La première propriété énonce le principe de non-rivalité des consommateurs. Tous les individus consomment en commun la totalité de la quantité disponible du bien offert. Si nous considérons de façon globale la gestion des déchets ménagers, il semble difficile de conclure à une indivisibilité du côté de son offre. En envisagent, d?une part la collecte, et d?autre part le transport et le traitement des déchets ménagers, le caractère divisible de l?offre peut être spécifié. La collecte est une activité d?enlèvement auprès de chaque usager ou ménage de leurs déchets. Il est effectivement possible de collecter les déchets d?un ménage et non ceux du voisin.

Techniquement, la collecte n?est pas « consommable »

simultanément par au moins deux individus, il y a rivalité dans l?usage. A ce titre, la collecte se présente comme un bien privé. Une fois collectés, les déchets ménagers sont ramenés à des lieux de regroupement créés dans les quartiers ou dans les rues pour le transport et le traitement. Ces activités sont ainsi offertes automatiquement pour l?ensemble des déchets collectés auprès des usagers d?une rue ou d?un quartier. Tous les habitants du quartier ou de la rue jouissent des avantages liés au transport et au traitement des déchets convoyés a des points de

regroupement. Il est difficile d?y exclure un quartier ou une rue. Ce qui lui confère une caractéristique de bien public.

La seconde propriété des biens publics est relative à l'absence d'exclusion. Les ménages du groupe qui ne paient pas leur service ne peuvent être exclus de sa jouissance lorsqu'il est produit. La gestion des déchets ménagers se présente dans la réalité comme un service de nature exclusive. Or, dans l?analyse économique, la gestion des déchets ménagers est considérée comme un bien non-exclusif. Alors que techniquement, il est possible d?exclure de la collecte le ménage qui ne paie pas le prix. Et seuls les déchets collectés sont transportés et collectés. Cependant, l?exclusion n?est pas souhaitable dans la mesure où elle conduit a la formation d?effets externes négatifs (nuisances tels que la pollution environnementale et les risques de santé publique) que le service public de collecte et de traitement des déchets ménagers souhaite justement éviter.

Si la collecte est effectivement rendue aux ménages qui paient, alors le service n?a pas la même finalité. S?il est exclusif et donc s?il ne se préoccupe que de l?espace privé des logements, il perd toute sa dimension collective. Il ne se préoccupe plus de l?espace public. La propreté de l?espace public et donc l?élimination des effets externes négatifs constitue ainsi un bien non exclusif puisque personne ne peut être exclu de sa jouissance. C?est bien la propreté de l?espace public et l?élimination des nuisances liées à la gestion des déchets ménagers que vise le service offert par la municipalité même s?il est techniquement possible de collecter que les espaces privés. Le service présente alors des caractéristiques qui ne sont pas homogènes au cours des différentes étapes.

Selon la nouvelle théorie microéconomique du consommateur de Lancaster (1966), le bien n'est plus le principal argument entrant dans la fonction d'utilité du consommateur mais plutôt les caractéristiques contenues dans ce bien. Selon cette approche, ce ne sont pas les activités d'enlèvement et de traitement des ordures ménagères qui affectent l'utilité des agents mais plutôt les résultats liés à ces activités. L?activité de gestion des déchets ménagers en tant que bien unique donne naissance aux attributs suivants : la propreté de la ville ou du quartier, la protection de l?environnement et de la santé publique, de l?emploi pour les jeunes, etc.

La nouvelle théorie du consommateur nous permet d'appréhender la gestion des déchets ménagers comme un bien public pur. En tant que service public, la gestion des déchets

ménagers doit obéir aux principes de fonctionnement des services publics dont le respect est contrôlé par les pouvoirs publics (Dufau, 1993). Nous avons : le principe d?égalité, le principe de continuité et le principe d?adaptabilité.

La gestion des déchets ménagers répond à deux principes de solidarité prévue dans le rapport de Brundtland (1987). Une solidarité horizontale à l?égard des plus fragiles et démunis et une solidarité verticale entre les différentes générations (Maréchal, 2005). La solidarité horizontale renvoie à la création d?emplois durables dans le domaine de la gestion des déchets. Quant à la solidarité verticale, elle implique une valorisation des déchets récupérables qui contribue à la protection de l?environnement pour les générations futures. Les activités menées dans le cadre de la gestion des déchets sont donc dotées d?une utilité sociale.

Dans un processus de développement durable, la gestion des déchets ménagers implique une hiérarchisation des modes de traitement conduisant à la minimisation des déchets à éliminer (Hannequart, 2005). Ce qui nécessite un classement des modes de traitement allant du meilleur au pire : prévention des déchets, réutilisation du produit, recyclage (De Beir et al., 2007) ou compostage (Haque et al.,2000) des matériaux, récupération d?énergie par incinération, mise en décharge.

L?économie de la gestion des déchets s?intéresse aux différents modes de traitement des déchets sans intégrer les externalités négatives. La récupération et le recyclage apparaissent alors comme un mode de traitement des résidus complémentaire ou substituable à d?autres filières d?élimination (Bertolini, 1987 ; Keeler et Renkow, 1994). Dans cette perspective, des travaux sur la tarification incitative du service des déchets ménagers se sont développés ces dernières années (Fullerton et Kinnaman, 1995 ; Choe et Fraser, 1999 ; Glachant, 2005).

Théoriquement la gestion des déchets ménagers fait intervenir trois acteurs principaux : Un régulateur qui fixe les règles générales, les gestionnaires au quotidien des déchets ménagers et les agents économiques producteurs de déchets ménagers. En se référant à la plupart des systèmes de gestion existant aussi bien dans les pays développés que dans les PED et par souci de simplicité, l?Etat est considéré comme le régulateur, la municipalité comme le gestionnaire au quotidien et les ménages comme les producteurs de déchets ménagers.

Les problèmes théoriques que soulève la fourniture des services publics sont énormes. Deux modes de gestion s?offrent aux autorités

publiques : la gestion en régie et la délégation de service public. Les résultats de nombreux travaux empiriques (Dalen et Gomez-Lobo, 2003 ; Piacenza, 2006 ; Roy et Yvrande, 2007 ; Megginson et Netter, 2001 ; Shirley et Walsh, 2001) ont montré la supériorité relative de l?entreprise privée dans la gestion des services publics.

En tant que service public local, la délégation de ce service par la municipalité à des acteurs privés devrait conduire à une gestion efficace. Or, cette délégation du service à des opérateurs privés soulève deux problèmes importants : asymétrie d'information et risque de comportement opportuniste (Gbinlo, 2010).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery