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Financement de la gestion des déchets ménagers à  Porto-Novo au Bénin

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par Serge Alphonse BLIKI
Université d'Abomey-Calavi au Bénin - DEA/ Master 2011
  

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CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE

CHAPITRE I :

SECTION I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

Nous présentons dans cette section les aspects théoriques de la gestion des déchets ménagers.

1.1 Problématique et intérét de l'étude

Les problèmes environnementaux provoquent, ces dernières décennies, l?inquiétude de l?opinion publique. La protection de l?environnement est primordiale et ne doit donc pas être reléguée au second rang d?autant pus que beaucoup de défaillances économiques trouvent leur explication dans les multiples atteintes sur l?environnement. La croissance économique, si elle s?accompagne d?une exploitation accélérée des ressources naturelles, son corollaire, la production des déchets est par définition inévitable. Plus qu?une question théorique, cela pose un énorme problème logistique et économique aux administrateurs des villes surtout dans les pays en développement.

Selon l?OCDE (2006), la gestion des déchets ménagers dans les pays en développement figure parmi les principaux défis environnementaux. Compte tenu, notamment, de ses impacts sur la qualité de l'environnement et sur la santé publique, la gestion durable des déchets est devenue un sujet important depuis une quinzaine d'années (Gareau et al., 2006). Nombreuses sont les études mettant en évidence divers risques environnementaux et sanitaires pour les communautés environnantes exposées aux émissions des lieux d'élimination des déchets (incinérateurs et lieux d'enfouissement sanitaire), y associant notamment des effets néfastes sur les systèmes reproducteur, neurologique, immunitaire, ainsi que des cancers et des risques psychosociaux (Crighton et al., 2003; Elliot et al., 2004).

Plusieurs secteurs d?activité génèrent des déchets. Les déchets ménagers, les déchets des marchés, ceux des gares, des hôpitaux, les déchets des boutiques et centres commerciaux et des industries, les déchets électriques, électroniques et chimiques ; ceux de l?économie informelle et formelle sont mal gérés et sont autant de nuisances surtout dans les agglomérations urbaines de l?Afrique de l?Ouest.

Le terme de ½déchets½ est généralement abordé en termes d?externalités. Ils représentent une part inévitable du processus de consommation des ménages et se traduisent par la détérioration de la qualité de l?environnement naturel et de la santé publique. Ils constituent une nuisance et en tant que tels ils sont considérés comme des externalités négatives. Les déchets ménagers font également l'objet de tri. Ils peuvent être valorisés et donc échangés sur le marché à travers un prix et contribuent à l?amélioration des profits d?autres agents

économiques (autres ménages et entreprises). Il s?agit alors des externalités positives, technologiques et donc pécuniaires (Scitovsky, 1954). Considérés comme une nuisance sur l?environnement (tout au long de l?étude), comment les appréhender afin d?envisager les solutions efficaces du financement de leur élimination ?

L?environnement est un bien collectif ou bien public. Il se caractérise par le fait que son accès est ouvert à tous sans limites (non rivalité) ni contraintes (non exclusivité), de sorte que rien n?incite à le ménager. Il n?est pas aisé de persuader (essentiellement dans les PED), à priori, quelqu?un sur sa pollution (par exemple)-alors qu?il pense que ceci restera toujours comme tel- encore moins de lui faire payer un prix pour y accéder. Cela pose le problème du financement par le ménage des dommages environnementaux créés par les déchets qu'il produit. La mauvaise prise en compte de ces coûts environnementaux peut amener à des situations sous optimales.

La réparation des dommages causés à l?environnement et l?indemnisation des victimes se faisaient traditionnellement par recours aux fonds publics. Depuis Pigou (1920), une alternative consiste à rendre légalement responsables les agents économiques à l?origine du dommage. Cette solution retient aujourd?hui l?attention aussi bien des théoriciens que les décideurs à travers des instruments de politiques environnementales.

L?autorité de contrôle doit d?une part effectuer les contrôles nécessaires pour s'assurer que les agents économiques respectent la politique environnementale mise en vigueur et d?autre part repérer les fraudeurs et, le cas échéant, appliquer les sanctions prévues. La capacité à mettre en oeuvre un dispositif de contrôle et de sanction efficace pourra être un élément important pour lutter contre la détérioration de la qualité de l?environnement. La mise en oeuvre de mesures appropriées de contrôle d?une part, et de sanction d?autre part, peut dissuader les auteurs des activités polluantes de respecter les politiques publiques d?environnement. Le respect des mesures de protection de l?environnement permet de réduire les dommages causés.

L'agent économique est moins enclin à commettre une infraction, lorsqu'il sait que la probabilité de détection est élevée et qu'il sera soumis à une sanction sévère en cas de détection. Les comportements de dégradation excessive de l'environnement diminuent lorsque l'intensité de la dissuasion s'accroît. Dans la pratique, les agents pollueurs ne respectent pas généralement la réglementation pour deux raisons principales : soit pour éviter des coûts

supplémentaires de mise en conformité, soit parce que le contrôle du régulateur est aléatoire (Bontems et Rotillon ; 2002).

De manière générale, l?efficacité de la politique de protection de l?environnement est liée en dehors du choix de l?instrument, aux questions relatives à l'effet dissuasif des sanctions et des contrôles. Il s'agit alors d'identifier les paramètres de la politique susceptibles d'influer sur le comportement des pollueurs.

Dans les villes de l?Afrique de l?Ouest, l?explosion urbaine conjuguée à la crise économique accentue les difficultés des autorités locales à mettre en place des infrastructures et services efficaces dans le domaine de la gestion des ordures ménagères. La collecte et l?élimination appropriées des déchets ménagers constituent une préoccupation quotidienne des autorités locales. En effet, faisant face à des difficultés économiques de taille, les gestionnaires des villes sont obligés de procéder à une hiérarchisation dans le choix des investissements sociaux et la priorité n?est toujours pas à la gestion des déchets ménagers.

L?analyse de la structure des dépenses de l?exercice 2004 de la municipalité de Porto-Novo, fait apparaître que le fonctionnement de l?administration municipale occupe 97% des charges de fonctionnement, l?entretien des voies urbaines consomme 50% des dépenses utiles et les réalisations des équipements sociocommunautaires dans la ville occupent 52%(Monographie de la ville de Porto-Novo,2006).

La croissance démographique et l?urbanisation rapide que connaît actuellement la ville de Porto-Novo (223.552 habitants en 2002 avec un taux d?accroissement annuel de la population de 2,3% selon le RPGH3 de 2002), conjuguées à un changement de comportement des modes de production et de consommation sont à l?origine de l?augmentation constante des quantités de déchets ménagers générés. Selon la Direction des services opérationnels de la ville de Porto-Novo (DSO, 2008) la production des déchets ménagers actuelle dans la ville est de 1,7 litre (soit 650 g/jour/habitant). Pour la très grande majorité des collectivités locales béninoises, la gestion des déchets ménagers reste très problématique. Les pressions sur l?environnement comme sur la qualité du cadre de vie des populations et les conditions sanitaires deviennent de plus en plus alarmantes, notamment au niveau des zones urbaines et périurbaines où se concentrent les populations.

Moins de 40% des déchets ménagers sont collectés dans la ville de Porto-Novo. Les pratiques dans ce domaine ont des impacts désastreux, à court et à long terme sur la santé des populations, le sol et les ressources halieutiques. Le problème des ordures ménagères est devenu

une caractéristique du nouveau paysage urbain et il est difficile d?y échapper. La quasi-totalité des déchets générés dans la ville est rejetée dans les décharges sauvages sans aucun aménagement ou infrastructures de base permettant de protéger la santé des populations avoisinantes et l?environnement. Ce problème est d?autant plus critique que les décharges sauvages sont souvent créées près des habitations avec des risques élevés d?exposition des populations.

La politique de gestion des déchets ménagers dans la ville de Porto-Novo est caractérisée par une large défaillance alors que la ville voit la quantité moyenne de déchets générés quotidiennement par une personne augmenter sans cesse. La défaillance de la collecte des déchets ménagers apparaît visible au regard des tas d'ordures non ramassées et des poubelles débordantes dans l'ensemble de la ville. Ces ordures peuvent rester des semaines avant d'être collectées. La collecte n?est souvent pas assurée et les déchets sont souvent déversés dans les bas-fonds.

Cette situation d'insalubrité de la ville de Porto-Novo amène à s'interroger sur la perception de l'environnement par les ménages. La qualité de l'environnement a-t-elle un prix pour ces ménages? Sont-ils-disposés à participer au financement d'un programme d'amélioration de la qualité du service de gestion des déchets ménagers ?

Au Bénin, la problématique de la gestion des déchets ménagers consiste à débarrasser les ménages de leurs déchets quotidiens afin d?assurer l?hygiène et la propreté des foyers. Ce qui se résume à une simple évacuation sans tarification spécifique. La préservation de l'environnement n'est pas prise en compte. Si le coût direct d'élimination (collecte, transport et traitement) est évaluable, les coûts externes (pollutions de l'atmosphère, du sol, de l'eau, etc.) voire sociaux ne sont pas monétairement mesurables.

En effet, le secteur des déchets ménagers comporte d?importantes externalités empêchant le marché d?atteindre lui-même l?optimum (Baumol et Oates ; 1988). Ces externalités se situent à un double niveau. D'une part le producteur de déchets ne fait pas face à l'ensemble des coûts techniques et environnementaux liés à l'élimination des déchets ménagers. D'autre part, ceux qui ont en charge la gestion des déchets ménagers (les municipalités) ne tiennent pas compte des coûts environnementaux dans le traitement des déchets ménagers.

Ainsi, du point de vue du décideur public, une politique d?amélioration de la qualité de la gestion des déchets ménagers se justifie si les bénéfices qui résultent de cette politique sont supérieurs aux coûts. Dans la réalité, il est difficile pour les décideurs publics d?appréhender la valeur des coûts externes liés à la mauvaise qualité de la gestion des déchets ménagers. La plupart des études évaluent les bénéfices d'une amélioration de la qualité de gestion des déchets ménagers en termes de dommages évités (pollution de l'air, du sol et de l'eau) négligeant souvent les désutilités, autrement dit les nuisances causées aux ménages.

L?évaluation monétaire des désutilités des ménages liées à la gestion des déchets ménagers constituerait un bon indicateur. Elle permettrait de connaître les préférences des ménages pour une amélioration de la qualité de gestion des déchets.

A Porto-Novo, comme dans la plupart des villes de l'Afrique subsahariennes, les coûts externes causés par les déchets ménagers sont surtout liés à leur mauvaise gestion. Face à ces différentes nuisances, nous supposons qu'une amélioration du service d'élimination des déchets ménagers entraîne nécessairement des effets sur le bien-être des individus.

Evaluer monétairement les dommages causés par les déchets ménagers revient à déterminer la valeur des bénéfices induits par une amélioration de la qualité du service. Evaluer cette modification du bienêtre induit par l?amélioration du service constitue un outil d?arbitrage important pour le décideur public qui cherche une gestion optimale des déchets. Mais comment attribuer une valeur monétaire à des biens qui ne s?échangent pas sur un marché et n?ont pas de prix ?

Dans cette situation où aucun marché ne permet la révélation indirecte des préférences, les économistes ont recours à des méthodes d?évaluations spécifiques (la méthode d?évaluation contingente, méthode des prix hédoniques, méthode de transport etc.). La recherche d'une mesure économique des nuisances causées par les déchets ménagers constitue une étape préalable susceptible de générer des indicateurs pertinents nécessaires à une meilleure prise de décision publique de tarification des services d'élimination des déchets ménagers.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon