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Enclavement et développement des zones rurales d' Afrique subsaharienne: recherche bibliographique

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par Adong Tchoou NOYOULEWA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en géographie 2006
  

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2.2. DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE A L'EST DE LA REGION DES PLATEAUX AU TOGO : ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES FORTEMENT IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES

De toutes ses caractéristiques, la prise en compte de la dimension de l'espace est celle qui distingue la géographie des autres sciences humaines. Ainsi, explicitement ou implicitement, le géographe dans sa démarche met un accent sur la localisation et la position relative du phénomène étudié (Gumuchian H. et Marois C. 2000). Sans rapport avec la démarche méthodologique choisie, le concept central qui se dégage de toute recherche en géographie est celui de l'espace géographique en dépit du fait que la manière de l'aborder peut différencier d'un chercheur à l'autre. C'est dans cette logique qu'un exposé et une analyse des éléments qui font des trois espaces que sont l'Afrique subsaharienne, le Togo et à une échelle réduite l'Est de la région des Plateaux devient une nécessité de premier rang. Quelles réalités physiques et humaines personnalisent les zones géographiques sus évoquées ? Comment s'imbriquent-elles à partir de ces éléments pour constituer des entités distinctes des autres ? En quoi conditions physiques et faits humains se conjuguent pour définir la dualité enclavement/désenclavement dans l'environnement étudié ? Comment passer d'une zone aussi régionale comme l'Afrique subsaharienne et un secteur aussi restreint comme l'est de la région des Plateaux au Togo pour circonscrire une étude?

« Si l'on excepte ce qui, au nord du Tropique du Cancer, appartient au monde méditerranéen, avec ses populations de race blanche et de civilisation musulmane, l'Afrique apparaît comme un continent homogène dont l'unité résulte de l'étroite insertion dans un milieu naturel tropical, d'une humanité noire souvent proche de ses origines. C'est le climat qui constitue le trait dominateur de ce vaste ensemble géographique. Le relief n'intervient, de-ci, de-là, que pour ajouter des nuances » page 5. Cette phrase introductrice de l'étude du milieu géographique africain de Isnard H. (1964) porte en elle toutes les réponses aux interrogations relatives à l'étude des caractéristiques du continent noir.

En effet, l'Afrique subsaharienne est un vaste territoire africain situé au sud du Sahara. A y voir de près, sa perception se fait sous le double plan physique et humain.

Au littoral découpé, l'Afrique subsaharienne est constituée d'un socle Précambrien aplani, ouvert sur des cuvettes : Niger, Tchad, Kalahari, ... Les principales montagnes se trouvent sur les pourtours oriental et austral. Cette région est un rift, gigantesque fossé tectonique jalonné de volcans (Kilimandjaro qui culmine à 5895 mètres) et de lacs (Malawi, Tanganyika). Le dispositif des milieux se calque sur la répartition des pluies. Entièrement située en zone chaude, l'Afrique au sud du Sahara connaît une succession des domaines désertiques (Kalahari), steppique, de savanes (autour du golfe de Guinée et du bassin du Zaïre) et de forêts denses dans les régions équatoriales toujours chaudes et humides. L'Est aux conditions plus complexes, échappe à une catégorisation aussi systématique. De grands fleuves (Nil, Congo, Niger, Zambèze, ...) prennent naissance en Afrique humide. Ces quatre grands types de milieux présentent des spécificités socio-économiques et historiques singulières.

Les savanes constituent des espaces ouverts, propices aux échanges autant qu'aux activités agropastorales. Là, s'épanouirent autrefois royaumes et empires ; là, une paysannerie laborieuse et des commerçants avisés constituent le socle de la vie sociale et économique. L'univers de la forêt dense, quant à lui, avec ses faibles densités humaines et ses horizons bornés n'a connu dans le passé que des sociétés acéphales. Troisième type, les hautes terres caractéristiques de l'est du continent combinent pour l'agriculture les sols volcaniques et les atouts de l'altitude qui certes sont des potentialités mais qui n'hésitent pas à se retourner contre les hommes lorsque ceux-ci se trouvent être confrontés au surpeuplement comme c'est le cas pour les territoires à densités humaines élevées de la crête du Congo-Nil (Rwanda, Kivu, ...) (Didiot B. & Cordellier S. dir. 2005, p.88). Le complexe désertique du Kalahari offre son cadre aux populations Bochiman dont le quotidien est issu des ressources pastorales, activité qui développe chez ces peuples des visées à intérêts divergents avec les agriculteurs plus au sud. D'ailleurs la récurrence des conflits en est un témoignage. Que dire alors du Togo ?

Le Togo est un bas pays (altitude maximale 984 m à Agou) d'Afrique de l'ouest flanqué de hauteurs à l'ouest (monts Togo) et au centre. Il s'allonge du sud au nord sur environ sept cent kilomètres entre le 6 et 11° de latitude nord alors qu'il n'est large que d'une cinquantaine de kilomètres entre 0 et 1°6' de longitude Est. Le Togo s'ouvre sur le Golfe de Guinée par une plage sableuse à lagune dont l'accès est rendu difficile par la barre. Le sud et les hauteurs sont sous l'influence d'un climat humide à quatre saisons (forêt dense guinéenne) alors qu'au nord et au centre, il s'agit plutôt d'un climat à variance soudanienne avec deux saisons qui s'alternent : c'est le domaine de la savane (ACCT, 1989).

A l'instar de la plupart des pays africains, le Togo n'est ni une entité ethnique, ni géographique proprement dite mais résulte d'une création artificielle du colonisateur (Gayibor N. L. dir. 2005). Dans cette veine, il n'est pas surprenant d'y rencontrer une multitude d'ethnies (Ewé, Kabyè, Nawdéba, Temberma, Ouatchi, Lamba, ...). Le Togo indépendant a une superficie de 56 600 km² avec une population qui avoisine 6 millions d'âmes en 2006 soit une densité de 86 hab./km². La population rurale représente 64,8% alors que celle des moins de 15 ans est de 43,9%. Les taux d'alphabétisation et de scolarisation sont respectivement de 53 et 66% et l'espérance de vie à la naissance est de 50 ans. Quant à l'indice de développement humain, il est de 0,512 plaçant le Togo au 143ième rang sur 177 pays. Le PIB par habitant est de 380 $/hab. et on prévoit que le Togo comptera 13 millions d'habitants en 20502(*).

Sur le plan administratif, le Togo est divisé depuis l'arrêté n°81/9 du 23 juin 1981 portant réorganisation du territoire national en cinq régions économiques (Maritime, Plateaux, Centrale, Kara et Savanes) qui connaissent des sorts différents en ce qui concerne la répartition de la population. Ainsi, la région Maritime qui porte Lomé, la capitale est la plus peuplée avec près de 40% de la population totale sur 11% du territoire national. Qu'en est-il de celle des Plateaux qui apparaît comme la deuxième de part son étendue et qui contient la zone de notre étude ?

La région des Plateaux, couvre 30% de la superficie du Togo (16 800 km²) et abrite environ 25% de sa population. Elle est située entre le 6°38' et 8°22' latitude Nord puis le 0°31' et 1°39' de longitude Est et comprise entre les régions Maritime au sud, la région Centrale au nord, la république du Bénin à l'est et le Ghana à l'ouest. La trame d'occupation de l'espace conçue sur la base des données du recensement général de la population de 1981 montre une forte concentration humaine dans les zones de montagnes (Kloto, Akposso, Litimé) avec des densités pouvant atteindre 200 hab./km²3(*) alors que les préfectures de l'Ogou, de l'Est-Mono sont faiblement peuplées. A ce jour, cette situation n'a pas beaucoup changé et on note une concentration humaine dans la partie occidentale de la région surtout le long de la ligne Atakpamé - Kpalimé et dans la circonscription de Badou - Tomégbé. Cette concentration humaine témoigne sans aucun doute d'une prospérité économique de la zone basée autrefois sur l'économie de plantation. Quant à la partie Est, elle présente de forts contrastes avec sa voisine. Sur quoi se fonde ce contraste et quels sont les traits caractéristiques de l'Est de la région des Plateaux ?

Le vocable « Est de la région des Plateaux » que nous avons choisi pour désigner l'environnement étudié représente un espace géographique qui dégage certains traits qui permettent de l'individualiser du reste de la région. Il s'agit entre autres de la densité de population, des activités économiques, de l'état des infrastructures de communication et de télécommunication. Cet espace couvre les préfectures de l'Est-Mono et de l'Ogou. Comme ci-dessus évoqué, les densités de population y sont faibles (jusqu'à 8 hab./km² à Igbérioko en 1981). Les activités dominantes dans la zone sont agricoles ou en dérives alors qu'il est constaté une grande faiblesse du réseau routier. D'ailleurs, les traits caractéristiques de la zone étudiée se perçoivent plus aisément à travers le tableau n°1 présentant la synthèse des éléments du milieu naturel.

Tableau 1 : Synthèse des éléments du milieu naturel dans le Plateau Est

Unité géomorphologique Pénéplaine précambrienne bénino-togolaise

Localisation Est-Mono et bassin de l'Anié

Géologie Série du Dahoméen (socle), roches métamorphiques : migmatites acides et basiques, marbre dolomitique, gneiss.

Relief Relief mou et moyennement érodé. Altitude 150 à 300 mètres.

Pédologie Sols ferrugineux avec concrétions (productivité moyenne/médiocre) ou sans concrétions (bonne productivité), vertisols (Anié)

Climat Tropical humide 1000-1200 mm/an, 5 à 6 mois de saison sèche.

Hydrologie Eaux de surface importantes en saison pluvieuse, Nappe phréatique profonde. Grande difficulté pour le forage des puits.

Végétation Savane arborée ou guinéenne. Forêt galerie le long des cours d'eau ( le Mono et ses affluents).

Aptitude de la mise en valeur Zone propice aux cultures vivrières, au coton et au petit élevage. Forte potentialité de développement de la teckeraie.

Disponibilité des terres Grande disponibilité de terres quelques fois difficiles à travailler (sol hydromorphe ou écologiquement fragile).

Source : NOYOULEWA T. A. (2006), sur la base des données recueillies dans Atlas du développement régional du Togo, page 116.

Au regard des données du tableau n°1, l'est de la région des Plateaux apparaît comme une zone à forte potentialité agricole avec une disponibilité en ressources foncières qui permet une production assez élevée à l'échelle du pays. Ainsi, comme le soulignait Abotchi T., (1997), « au niveau de la satisfaction des besoins alimentaires, la population tire un avantage considérable dans le dynamisme de la production agricole. Les résultats de la production des principales cultures vivrières dépassent largement les besoins de consommation de la population, avec même de forts excédents pour le marché », page 305. En effet, avec un climat tropical humide enregistrant une pluviométrie annuelle dans l'ordre de 1200 mm, un relief très peu accidenté et une savane arborée, la zone se prête bien à l'activité agricole. Il s'y développe ainsi des cultures vivrières en quantité importante de même que celle du coton. Cette production massive qui couvre largement les besoins alimentaires des populations et produit des excédents crée ipso facto un besoin nouveau et qui s'exprime en terme d'accessibilité des marchés d'écoulement des produits. Mais pour ne pas rendre vaine toute entreprise visant à chercher des éléments pouvant fournir une réponse à cette préoccupation, il s'avère indispensable de mieux circonscrire le concept de monde rural dans le débat qui est le notre. Quelle est sa définition ? Comment les uns et les autres perçoivent son aménagement ? Quels éléments précisent les contours de son développement ?

* 2 Voir JA (2006) : L'état de l'Afrique en 2006, HS n°12, page 200 : Le Togo.

* 3 Voir Atlas du développement régional du Togo, page 118.

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