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Résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi.

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par Didier KAKULE PILIPILI
Université de Kisangani - Licencié en droit 2010
  

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2° Vices dans les règles du droit processuel

La situation des justiciables membres de la communauté rurale du territoire de Masisi illustre un phénomène qui mérite bien la qualification de « privilège des villes sur la campagne », provoquant ce qu'un expert britannique en développement a nommé la « distorsion pro urbaine» jusque dans le domaine judiciaire. En effet, les règles d'organisation et de fonctionnement de l'appareil judiciaire congolais semblent bien s'être résolues à reléguer le paysan au dernier rang. Sur le plan matériel par exemple, aucun effort manifeste n'est fourni pour rapprocher les juridictions du justiciable, les prévisions relatives à l'installation des tribunaux de paix en milieu rural étant jusqu'à nos jours restées lettre morte. Les juridictions compétentes en matière foncière sont celles situées en milieu urbain, ce qui est très favorable aux riches habitants de ville prédateurs de l'espace rural des pauvres de la campagne.

Le comble est qu'en se contentant des juridictions coutumières qui sont légalement incompétentes en matière foncière, les justiciables paysans s'exposent à l'annulation éventuelle de la décision rendue au niveau local pour incompétence par les tribunaux compétent saisi (tribunaux de paix et tribunaux de grande instance).

En outre, la règle du respect des droits de la défense ne prend guère en compte la vulnérabilité particulière du justiciable paysan, sauf à considérer les règles du reste quasi inappliquées et à caractère général qui se rapportent à l'assistance de l'indigent. Malgré les efforts du droit comparé manifestement en avance par rapport au droit congolais, la justice congolaise illustre tristement et généralement encore la situation extrême d'un adversaire riche éleveur ou exploitant agricole, professionnel économiquement puissant, compétent, structuré, entouré des conseils efficaces, élaborant des conventions unilatérales d'indemnisation face à un paysan agriculteur victime et affaiblie par une agriculture de subsistance , seul, incompétent, mal informée, sans conseil, et dont le dilemme se résume trop souvent à accepter une transaction très désavantageuse ou à tenter l'aventure lente et compliquée d'une procédure judiciaire.

Le droit n'échappe pas à la critique, en disposant simplement que le justiciable paysan peut être assisté de son avocat conseil, mais sans prévoir expressément la charge de leurs honoraires en prenant en compte la sensible fragilité financière du paysan. Pareille déficience législative ne peut que rendre l'assistance rare ou insuffisante. Ainsi le paysan, faute de se plier à une décision qui lui est défavorable déjà au départ, il peut se résoudre à la justice privée entrainant sa communauté ou sa famille.

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