1.5. PROBLÉMATIQUE
Choisir une problématique est selon KAMINSKI D,
« se donner une orientation théorique, choisir un type de
rapport (le type d'explication au sens large) que l'on va établir entre
son objet de recherche et les « explicans » disponibles. Il
s'agit donc d'une spéculation hypothétique, non pas sur la
réponse à apporter à la question de départ, mais
sur le caché théorique dans lequel on va inscrire sa
question » (2005 :24)
Le même auteur renchérit qu'établir la
problématique de recherche revient à définir trois
éléments :
1° Ce que l'on cherche à expliquer (l'explicancun
ou variable indépendante).
2° Ce avec quoi on veut le mettre (l'explican ou variable
dépendante).
3° Le type de relation entre ces deux premiers
éléments (2005 : 25).
Pour nous, la problématique est cette manière
théorique d'approcher l'objet d'étude. C'est la conception de
l'objet selon une grille de lecture théorique adaptée et
convenable qui servira des lunettes visionnaires.
Ce faisant, notre problématique s'est construite
à trois temps à savoir : le premier est celui de la mise au
point qui consiste à cibler parmi les théories, celle qui
convient à cette recherche, le second consiste à préciser
et à fixer la théorie retenue. Il permet aussi d'adapter notre
question de départ pour la rendre plus fine. Le troisième
dégage la pertinence de la grille retenue.
1.5.1. La mise au point
Notre recherche porte sur les relations entre l'
« OPJ » et l' « APJ » dans l'exercice
de leur travail judiciaire. Sur terrain, il a été constaté
qu'à travers ces relations, l' « APJ » travaille
sous l'ordre hiérarchique de l' « OPJ ». Cependant,
celui-là, au lieu de respecter la procédure et ses missions
judiciaires, il « renverse » l'ordre hiérarchique
pour se substituer à celui-ci. En effet,
l' « APJ » régule à son niveau certains
conflits entre les parties concernées en lieu et place de l'
« OPJ » et à son insu.
Par ailleurs, l' « OPJ », dans l'exercice
de son travail judiciaire n'applique pas seulement et nécessairement les
normes pénales, aussi et surtout les normes non prescrites comme mode de
contrôle policier ou de règlement des conflits. Il se fait aussi
qu'il clôture certains dossiers à son niveau en brisant son
serment selon lequel il doit rendre compte de ses activités judiciaires
à l'Officier du Ministère Public. Il va même au-delà
pour réguler à son instance et clôturer certains
problèmes tels que le viol, vol qualifié, avortement ... dont la
loi et la procédure ne l'autorisent pas.
Devant ce fait, quelle est la grille pertinente et susceptible
de rendre compte de la manière d'agir et de faire de ce tandem
« OPJ - APJ » ?
C'est l'approche actancielle qui a été retenue
dans cette recherche comme point de départ de notre
problématique. Elle est fondée sur l'idée que les
comportements des « acteurs sociaux » ne peuvent
être réduits à des effets de structure ou de
système. (QUIVY R. et VAN CAMPENHOUDT L., 2006 : 91).
Elle est processuelle et analyse le phénomène
comme une réalité en devenir, produite par l'action des humains
ou les contradictions internes du phénomène étudié
(KAMINSKI D., 2005 : 24).
Cette approche semble plus susceptible de rendre compte que
d'autres selon la visée de cette recherche qui tend à valoriser
la pratique de l' « OPJ debout » comme mode
spécifique ou forme non prescrite de règlement des conflits.
L'importance de cette approche a été celle de
nous avoir guidé à cibler la police non pas comme un
système, au contraire comme une « organisation »
animée par les « acteurs » qui sont les
policiers.
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