1.5.2.2. L'entretien
semi-directif
Rien n'est dans l'intelligence qui ne soit entré par le
sens. La connaissance acquise de l'observation se fait par la vue et ouie.
Quant à l'entretien, la connaissance pénètre par l'
« ouie » c'est-à-dire par l'audition. D'où
pour acquérir les connaissances sous cet angle de vue, il faut savoir
écouter. Savoir écouter implique les stratégies
d'écoute qui permet au chercheur de traiter en temps réel
l'information communiquée par l'interviewé. (BLANCHET A., et
GOTMAN A., 2001 : 78)
Ainsi, savoir écouter, c'est savoir comprendre. Savoir
comprendre, c'est savoir expliquer les faits dans le contexte et les logiques
des acteurs participants. C'est savoir les comprendre et partager ensemble leur
expérience.
Faute de moyens de disposer d'une enregistreuse, nos
différents entretiens ont été transcrits directement avec
l'accord des participants qui intéressés par le sujet qui
concerne directement leur pratique, ils nous ont facilité la tâche
en s'adaptant à notre rythme de transcription. L'interruption se faisait
seulement pour éclairer un fait obscur ou pour enrichir un point
important. Les participants nous demandaient souvent si nous étions
à la page de leur discours et l'on continuait ainsi jusqu'à la
fin. Sur notre initiative, parfois sur celle des intervenants, le rendez-vous
était fixé pour passer à peigne fin notre entretien.
L'avantage de la transcription directe de discours est le gain
du temps dans la récolte des données. L'inconvénient est
que le chercheur est par moment, selon le rythme du discours, plongé
dans sa transcription et a de la peine d'enregistrer les attitudes ou
hésitation de l'acteur. Fort heureusement, ce désavantage est
corrigé par l'analyse thématique qui veut que la manipulation
thématique jette l'ensemble des éléments signifiants dans
une sorte de sac à thèmes qui détruit
définitivement l'architecture cognitive et affective des personnes
singulières. (BARDIN, 1991 : 93)
Du reste, étant emballé par l'allure de la
recherche, nous avons été prudent pour observer les attitudes des
intervenants tout en transcrivant leurs propos.
La scène d'entretien est caractérisée par
la définition des lieux (le décor et ses significations sociales)
et la configuration des places (les positions occupées par les
partenaires de l'entretien). Ainsi, chaque lieu ne communique-t-il pas des
significations susceptibles d'être mises en acte dans le discours de
l'interviewé. La situation commande des rôles et des conduites
spécifiques. (BLANCHET A. et GOTMANN A., 2001 : 70).
Notre premier entretien a eu lieu dans notre bureau. A notre
qualité d'OPJ, en interviewant l'APJ, la production n'a pas
été fameuse. C'est comme si l'APJ est pris au piège pour
décrire ce que l'OPJ lui a toujours reproché et qu'il sait
d'avance que la chaise sur laquelle il est assis, c'est celle où les
différentes personnes en conflits avec la loi s'assoient. Le milieu peut
entraîner la frustration de l'intervenant qui peut se rétracter et
retenir les informations. C'est dans ce contexte que les auteurs
précités précisent que : « Dans le bureau
de l'interviewer, l'entretien sera davantage marqué par ce que les lieux
traduisent de l'intentionnalité professionnelle de
l'interviewé ». (2001 : 70)
Pour contourner cette difficulté, nos différents
entretiens s'effectuaient toujours dans notre site à des moments de
pause et dans les différents véhicules en parking qui sont
confortables et qui nous servent de lieux de repos. En partageant un coca-cola,
ou fumant une cigarette amicale avec des acteurs participants, c'est dans cette
ambiance que nous avons pu réaliser nos entretiens.
La grande difficulté pour cette analyse, c'est la
recherche du grand thème qui constitue le grand sac où l'on
fourre les autres thèmes. C'est ici où le chercheur doit
être réflexif et doit s'investir en bricoleur. Mais, il ne s'agit
pas de n'importe quel bricolage, mais d'un bricolage scientifique adapté
au milieu de recherche, à la manière d'approcher l'objet et les
instruments servant à recueillir les données.
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