3- Les patients et les aides-soignants
A l'arrivée d'un patient ou d'un malade à l'AC,
celui-ci doit obligatoirement se faire enregistrer par le personnel aide-
soignant de cette structure médicale. A l'AC, nous avons
dénombré deux (02) aides -soignantes qui reçoivent ou
accueillent les patients, les enregistrent et/ou leur vendent des produits
médicamenteux (SOCPA A., op. cit.).
L'accueil du patient, qui qu'il soit, passe par un certain
nombre d'étapes. Tout d'abord, cet accueil est chaleureux et
bienveillant. C'est à ce niveau qu'il est demandé aux patients
ce qu'il veut, ses attentes et sollicitations. Si le patient veut acheter des
produits pour une maladie précise, c'est le personnel
paramédical qui les lui vend, surtout si le
« Docteur » TAJOUDINE est absent ou quand il est
allé consulter à domicile.
La vente des médicaments par ce personnel qui joue le
rôle de pharmacien ne se fait pas au hasard. Les aides -soignants vendent
les médicaments sollicités à l'aide du fascicule où
sont inscrits les maladies, les médicaments et les tarifs y
afférents (NGAMBOUCK V. 1998). En plus, nos aides- soignantes se doivent
d'expliquer et de présenter les vertus du produit acheté par le
patient.
C'est à elle également que revient le rôle
d'entretenir les patients qui veulent à tout prix rencontrer le
« docteur » TAJOUDINE ceci pour qu'ils ne se sentent pas
seuls et/ou abandonnés. Selon elles, l'ennui du malade peut le pousser
à la déprime et pis, à entretenir le doute sur sa
guérison. C'est pourquoi , il est indispensable d'entretenir le moral
des patients même si pour cela, il faut consentir à un certain
nombre de libéralités (DONGMO A., op. cit.). Il est donc
question ici de faire en sorte que le patient ressente que sa maladie n'est que
passagère et qu'il pourra recouvrer sa santé. C'est à
juste titre que l'une d'elles affirme :
Chaque patient a droit à un bon
accueil et à un respect particulier. Quand on est malade, c'est notre
vie qui est menacée et également celle des membres de notre
famille. Quand au chef de famille qui est malade, s'il n'est pas bien
traité et qu'il décède, la vie de sa famille devient
difficile. C'est pourquoi, moi je pense qu'on ne doit pas blaguer avec la
santé des gens. Quand ils prennent la peine de venir vous voir parce
qu'ils sont malades, même s'ils n'ont pas l'argent nécessaire pour
cela, faites le minimum pour qu'ils se sentent bien dans leurs
têtes. (Entretien réalisé le 20-05-07 avec
Mme DJEUFACK Aline à l'AC, aide- soignante à l'AC).
De toute évidence, le personnel paramédical de
l`AC est conscient des missions qui sont les siennes malgré
l'immensité du travail qui est le leur. Cependant, il est arrivé
lors de nos observations, de noter des sauts d'humeur de chacune d'elles
lesquelles étaient dues, on l'imagine bien, à la fatigue et
à la lourdeur du travail et non à la mauvaise foi ou à
l'inconscience professionnelle. Etant tous des hommes, on comprend que nous
fassions de temps à autres des erreurs dans l'accomplissement ou dans
l'exercice de nos fonctions. (CELERIER I., op cit). Cependant, ce qui pose
problème, c'est quand on se complait dans « la
culture des erreurs » qu'on observe dans les milieux
hospitaliers camerounais (MEYER P. op. cit. p27).
Les aides- soignantes s'évertuent aussi de bien
entretenir les gardes- malades ou du moins ceux des malades qui viennent avec
leurs proches. Les discussions vont de la santé du malade au politique
et à la conjoncture dans la ville de Douala qui n'est pas à la
portée de toutes les bourses ou de toutes les couches sociales. Les
informations qu'ils s'échangent leur permettent de mieux se
connaître et partant de prendre soin des intérêts des uns et
des autres (DE ROSNY op. cit.). Cela permet de se rapprocher, de se faire
mutuellement confiance. (BEISECKER A., op. cit. ). Nous constatons dès
lors que les patients et les traitants ici construisaient un lien social fort
au travers des interactions qui aboutissent sur le rétablissement des
patients et le contentement du personnel soignant (CARRICABURU D. et MENORET M.
op. cit.).
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