I-2-L'épargne comme source d'instabilité
pour la demande
Les modèles macroéconomiques keynésiens
et néokeynésiens, contrairement à ceux
néoclassiques attribuent un rôle passif à l'épargne.
Selon ces modèles, le principal levier qui déplace
l'économie sur le chemin de la croissance économique est
l'investissement, qui est induit par l' « esprit animal des entrepreneurs
». L'épargne est plutôt un frein à la croissance, car
elle engendre un déficit de demande. L'investissement doit par
conséquent être privilégié pour résorber le
déficit et induire la croissance et plus d'épargne.
On a principalement Malthus, Marx et Keynes qui mettent en
doute le rôle préalable à l'investissement. Ils
considèrent dans ce cas que l'épargne réduit la
consommation, la demande et donc la production. Keynes (1936) met l'accent sur
les liens entre le montant des investissements et le volume d'emploi. Il
suppose ainsi que pour qu'un certain volume d'emploi soit justifié, il
faut donc qu'il existe un montant d'investissement courant suffisant pour
absorber l'excès de la production totale sur la fraction de la
production que la communauté désire consommer. L'épargne
des agents est considérée ici comme étant à
l'origine d'un déficit de la demande. En d'autres termes,
l'épargne est seulement une contrainte, et non pas une force motrice
dans les opportunités d'investissement car lorsque l'économie
devient une ressource rare, le pouvoir ne peut qu'être la demande
effective.
Les économistes keynésiens reprennent
généralement cette conception d'un investissement moteur et
à contrario d'une épargne engendrant un déficit
de demande, méme si ex-post ils sont égaux. Dans le
modèle de croissance de Domar (1947) par exemple, le maintien du plein
emploi nécessite une croissance continuelle de l'investissement à
un taux égal au rapport entre la propension à épargner et
le coefficient du capital. Il doit donc être d'autant plus
élevé que la propension à épargner l'est
également.
Ces modèles théoriques mettent tous en
évidence l'impact de l'épargne dans le processus de la croissance
économique et notamment le lien qu'elle entretient avec
l'investissement. Etant donnée l'impasse à laquelle ce
débat aboutit, les économistes ont cherché à savoir
ce qu'il en est concrètement. Après avoir présenté
les controverses théoriques entre l'épargne et l'investissement,
nous nous intéressons maintenant aux développements empiriques
sur la question.
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