SECTION 2 : EVALUATION DES NIVEAUX DE DEVELOPPEMENT
FINANCIER DES PAYS DE L'UEMOA
Cette section a pour objectif de déterminer les
différents niveaux de développement financier des pays de
l'UEMOA. Ainsi, nous classerons les pays à travers leur niveau de
développement financier ; ce qui permettra de montrer la dispersion des
niveaux du développement financier. L'effectivité de cette
classification sera testée dans le chapitre suivant par la
causalité épargne-investissement en prenant le crédit
bancaire comme variable intermittente. Ainsi, un système financier sera
développé lorsqu'il est source de croissance c'est-à-dire
qu'il permet à l'épargne domestique de financer l'investissement
domestique.
L'indice financier de chacun des pays de l'UEMOA repose sur
trois indicateurs de développement bancaire utilisés dans la
littérature financière. On s'inspire de l'étude de
Beck,
18 Rapport Annuel de la Commission Bancaire2009
Demirgùç-Kunt et Levine (1997) et de Beck,
Demirgùç-Kunt (2009) pour le choix des indicateurs de mesure de
profondeur, d'activité et de l'efficacité financière.
L'indice du développement financier sera
généré par la méthode statistique standard de
calcul d'indice composite. Les indicateurs de développement financier
retenus sont essentiellement bancaires et ce choix s'explique aisément
par le fait que le marché financier de l'UEMOA est faiblement encore
développé.
I-Les préalables à la construction de
l'indice du développement financier
Dans cette sous partie, nous allons présenter les
préalables à la construction de l'indice financier, ensuite, les
indicateurs du développement financier qui seront utilisés dans
la construction de l'indice synthétique en s'inspirant des études
de Bandiera et al. (2000) ; Chouchane-Verdier (2001) et Greenidge et al.
(2004).
I-1-Définition d'un système financier
développé
Avant de construire l'indice du développement financier
il est important de savoir ce qu'est un système financier
développé selon la littérature financière. Ainsi,
Turunç (1999) dans son analyse dissocie le concept de
développement financier exogène et de développement
financier endogène. Pour lui, un système financier est dit
développé si et seulement s'il assure le fonctionnement d'un
système de paiement efficace et évolutif, mobilise
l'épargne et améliore son affectation à
l'investissement.
Department for International Development (2004)
révèle qu'il n'existe pas de définition admise en ce qui
concerne l'appréhension du concept de développement du secteur
financier. Toutefois, il souligne qu'un un secteur est dit
financièrement développé si l'on a les déterminants
suivants : les niveaux d'efficience et de compétitivité sont
améliorés, le taux des services financiers disponibles
s'accroît, une augmentation des institutions financières qui
oeuvrent dans le secteur, un accroissement du montant de liquidité
disponible à travers le secteur financier, une augmentation de
l'allocation des crédits privés, une amélioration de la
régulation et de la stabilité du secteur financier et un aspect
important pour la réduction de la pauvreté, et le fait qu'une
grande partie de la population peut davantage avoir accès aux services
financiers.
Pour Ang et Mckibbin (2005), un système est dit
financièrement développé s'il est en mesure d'assurer
la mobilisation de l'épargne privée, l'allocation efficiente des
ressources, le
renforcement de la liquidité, la diversification des
risques, la réduction des coûts de l'information et de
transaction, la proposition d'une alternative ou le rassemblement des fonds
à travers l'épargne individuelle des ménages et des
bénéfices non distribués des entreprises.
D'autres auteurs ont utilisé des critères tels
que le taux des réserves obligatoires, le taux d'intérêt et
le crédit rationné ou alloué pour définir un
système financier réprimé contrairement au système
financier développé McKinnon (19973) et Shaw (1973). C'est ainsi
que Demirgùç-Kunt et Levine (1996)19 ont
retenus sept indicateurs moyens en s'intéressant à 44 pays
développés ou en développement. Seuls l'Afrique du sud, le
Nigeria et le Zimbabwe du continent africain ont été pris en
compte. Toutefois, les indicateurs qu'ils utilisent ne sont
généralement pas disponibles, ni applicables au cas de l'Afrique
et de l'UEMOA en particulier, eu égard la faiblesse du système
financier.
Les critères macroéconomiques permettant de
mesurer l'efficacité du système bancaire ont souvent
été généralement classés en trois
catégories : les dépôts, les crédits et les taux
d'intérêts. La monétisation et le volume de
l'intermédiation ainsi que le développement du système
formel par rapport à l'informel sont évalués par
l'importance des dépôts bancaires. Elle donne une idée de
la confiance accordée aux banques. Dans la zone UEMOA cet indicateur est
à considérer avec prudence car la surliquidité de la zone
indique que le système bancaire accorde peu de crédits. Les
crédits bancaires sont supposés être source de croissance
économique car ils financent les investissements privés et
publics. Les effets sur la croissance, dès lors, doivent être
revisités. Les taux d'intérêts donnent une indication sur
le niveau de rentabilité du système qui, est élevé
lorsque les spreads sont élevés. Par contre, la réduction
des marges bancaires renvoie à un degré élevé de
concurrence entre les institutions bancaires20.
Nous construirons notre indicateur de développement
financier en retenant les indicateurs les plus utilisés dans la
littérature financière. Les indicateurs retenus sont
essentiellement bancaires et quantitatifs du fait que le système
financier de la zone UEMOA est dominé par les banques. Le choix de ces
indicateurs est aussi influencé par leur disponibilité en longue
période.
19 Beck T., Demirgùç-Kunt A.,et
R.Levine (1996) : « stock markets, corporate finance and economic growth
:an overview >,the World Bank Economic Review,vol.10,no2.
20 Cité dans Choucane-Verdier (2001) «
libéralisation financière et croissance économique: le cas
de l'Afrique subsaharienne >, édition Harmattan.
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