I-2- Les indicateurs de développement financier
retenus en zone UEMOA
Les indicateurs de développement financier retenus sont
ceux qui mesurent essentiellement la profondeur et l'efficacité de
l'activité des intermédiaires financiers. Nous pensons que ces
indicateurs sont pertinents pour les pays de l'UEMOA car les banques
commerciales assurent presque la totalité des financements externes. Par
souci d'harmonisation, les données ont toutes été
tirées de la Banque Mondiale (WDI, 2010). Ces données
couvrent la période de 1977 à 2008 pour les sept pays de
l'UEMOA21. Pour mesurer le niveau de développement des
intermédiaires financiers, trois indicateurs bancaires ont
été pris en considération22 :
i) les actifs liquides du système financier en proportion
du PIB c'est à dire le ratio de la masse monétaire M2 sur le PIB,
notée LLPIB ;
ii) le ratio des crédits domestiques fournis par le
secteur bancaire par rapport au PIB, noté LDCBS ;
iii) et le crédit accordé au secteur privé
par les banques commerciales et les autres institutions financières
rapporté au PIB, noté LDCPS.
Les trois indicateurs ont été pris sous forme
logarithme népérien.
Les actifs liquides du système financier (monnaie
fiduciaire + dettes financières des banques et autres institutions
financières) en proportion du PIB regroupent la taille de l'ensemble du
système financier relativement à la taille de l'économie.
C'est également un indicateur de profondeur financière et une
mesure de la taille du secteur financier formel d'intermédiation
financière au sens large par rapport à la taille de
l'économie (Banque centrale, banques commerciales et autres institutions
financières). Cet indicateur a été utilisé de
manière fréquente dans la littérature financière
par des auteurs comme McKinnon (1973) ; King et Levine (1993) ; Beck et al.
(1999) ; Levine et al. (2000). Ils montrent que le système financier
(mesuré par M2/PIB en fonction de sa taille moyenne ou initiale) est
lié au taux de croissance via les canaux « volume des
investissements » et « l'efficacité des investissements
». On anticipe qu'il est positivement lié à la
qualité et au niveau des services financiers offerts par les
intermédiaires financiers.
21 Sept de l'UEMOA car la Guinée Bissau n'a pas
été prise en compte dans nos analyse à cause de la non
disponibilité des données.
22 Nous insistons sur le fait que le choix
des indicateurs a été fortement contraint par la
disponibilité des données sur l'ensemble de la période et
pour l'ensemble des pays.
Ensuite, le crédit intérieur fourni par le
secteur bancaire inclut tous les crédits alloués aux
différents secteurs de l'économie sur une base brute, à
l'exception du crédit au gouvernement qui est net. Il peut donner une
indication sur le degré selon lequel le secteur bancaire formel joue un
rôle dans les pays de l'UEMOA. Toutefois, la simple mesure de la part des
crédits domestiques dans le PIB ne permet pas d'avoir une indication
complète et une idée plus claire sur le développement du
secteur financier. Il convient alors d'analyser la composition méme des
crédits domestiques.
Enfin, le dernier indicateur financier mesure
l'activité des intermédiaires financiers sous l'aspect de l'une
de leurs fonctions principales : canaliser l'épargne vers les
investisseurs. Le principal avantage de cet indicateur est qu'il exclut le
crédit accordé au secteur public. Il présente plus
précisément le rôle des intermédiaires financiers
dans la transmission des fonds vers les participants du marché. Ainsi,
c'est la définition de l'intermédiation financière qui la
rapproche le plus du niveau et de l'efficience de l'investissement, et donc de
la croissance économique. Dans les pays en développement, le
développement financier se produit à travers le système
bancaire. Par conséquent, dans ces pays, le crédit au secteur
privé est un meilleur indicateur de développement financier.
Cependant, il ne prend pas en compte les crédits obtenus en dehors du
système bancaire ou les crédits des entreprises qui se portent
directement emprunteurs à l'étranger. Il a été
utilisé pour la première fois par Levine et Zevros (1998) et la
seconde fois par Beck et al. (1999).
En résumé, ces indicateurs s'avèrent
pertinents pour mesurer la profondeur financière et l'activité
des intermédiaires financiers dans la zone UEMOA. D'abord parce que le
ratio de liquidité permet de prendre en compte les moyens de paiements
disponible dans l'économie et enfin le ratio crédits domestiques
fournis par le secteur bancaire par rapport au PIB et le ratio crédit
accordé au secteur privé sur le PIB permettent de mesurer le
rôle des banques dans le financement des activités
économiques eu égard au fait que le système financier est
dominé par les banques. Mais notre indicateur présente une
faiblesse car il ne prend pas en compte le circuit informel portant
développé dans la zone UEMOA.
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