II-3-La volatilité des spreads des taux
bancaires
Les théories de la libéralisation
financière prévoyaient aussi que, l'écart entre les taux
d'intérêt débiteur et créditeur augmentera
légèrement dans les premiers temps d'instauration des
réformes, de façon à ce que les banques s'adaptent aux
lois du marché. A terme, la concurrence accrue entre les banques doit
entraîner non seulement l'harmonisation des taux d'intérêt,
mais aussi la réduction de la marge bancaire. En effet, en situation de
concurrence pure et parfaite, les forces du marché conduisent à
l'égalisation des taux d'intérêt créditeur et
débiteur. Autrement dit, la marge bancaire est nulle.
Dans la zone UEMOA, la libéralisation financière
a entrainé une augmentation considérable des spreads de
taux bancaires. Ces marges demeurent encore relativement élevées
et ce contrairement aux prédictions de la théorie
économique. En effet, la politique de la libéralisation avait
pour principal objectif l'augmentation des taux d'intérêt et
l'égalisation des taux créditeur et débiteur par le biais
d'une concurrence accrue. Mais force est de constater que, la
libéralisation des taux d'intérêt n'a pas eu les effets
désirés et qu'elle a entraîné une phase
d'instabilité sur les marchés du crédit. Les marges
bancaires se sont accrues mais ont tendance à varier très
fortement.
Le graphique 3 indique l'évolution des spreads des taux
dans les pays de l'UEMOA au cours de la période 2006-2010. On remarque
sur le graphique que de façon générale les spreads des
taux ont continué à augmenter malgré la
libéralisation entamée depuis les années 1990 et que dans
les pays économiquement faibles de la zone, les spreads sont
élevés (par exemple la Guinée-Bissau) par rapport aux pays
développés de la zone (exemple : le Sénégal) et de
l'Union. Cet état de fait peut être expliqué par le fait
que la libéralisation a permis la constitution d'oligopole sur le
marché Bancaire de la zone ( quelques grandes structures bancaires
détiennent l'essentiel des parts de marché) mais aussi la
présence de l'asymétrie informationnelle qui a entrainé
une augmentation de la prime de risque.
Graphique 3: Evolution des spreads en zone
UEMOA sur la période 2006-2010.
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en%
15
10
0
5
Spreads dans la zone BCEAO en % 2006-2010
Pays
année 2006 2007 2008 2009 2010
Source : calcul de l'auteur à partir des
données de la BCEAO.
En résumé méme si la
libéralisation financière a entrainé l'augmentation du
nombre des structures bancaires, elle n'a pas permis la réalisation des
objectifs escomptés. Elle a plutôt entrainé un
développement inégal des structures financières de la
zone. Par exemple la Côte d'Ivoire détient
19,59%18 des banques agrées de la zone contre 4,12%
pour la Guinée-Bissau.
La section suivante a pour objectif principal l'évaluation
empirique de l'hétérogénéité
financière de la zone.
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