II-2-Le modèle stock-flux et le circuit finance-
investissement- épargne (FIE)6.
Pour la simplicité de l'exposé, les
hypothèses suivantes ont été supposées :
i) seuls les ménages épargnent. Par rapport au
fonctionnement du système financier des pays africains, nous faisons
l'hypothèse que l'épargne est composée de l'épargne
formelle et de l'épargne informelle. Le système financier est
dual mais non concurrentiel. On peut distinguer un secteur financier non
officiel (le système financier informel) et un secteur financier
officiel composé des banques au sens traditionnel du terme. Les deux
systèmes financiers fonctionnent de manière complémentaire
;
ii) l'incertitude n'a aucun effet sur les comportements de
demande des actifs financiers7. Le risque est mutualisé dans le
système financier du fait de la complémentarité entre les
deux
5 Nous définissons ici une économie
monétaire de production comme étant une économie dans
laquelle, la création de monnaie par les institutions qui en ont le
pouvoir est endogène à la demande de l'économie
6 Nous inspirons largement de la présentation
de Koffi Sodokin (2004)
7 Pour la simplicité nous supposons qu'il
existe un seul actif financier dans l'économie décrite qui est
l'encaisse monétaire.
secteurs financiers. Ce seul actif financier est
décomposé dans le cadre de ce modèle en portefeuilles
détenus par les ménages au sein des institutions de financement
informelles et formelles ;
iii) pour une question de simplicité il suppose que la
propension à consommer est égale à 50 % ;
iv) l'accumulation des ressources financières et la
dépense de ces ressources prennent du temps.
Le modèle considère un processus simple de
multiplication des revenus où l'investissement génère un
flux de revenu et suscite la consommation et l'épargne. Supposons qu'un
investissement de 50 000 francs CFA est entièrement financé par
un prêt bancaire par simple opération comptable ; c'est la
création de la « finance » ou le financement initial. Dans ce
sens, la « finance » est interprétée comme une avance
du système bancaire au secteur productif. Autrement dit, il se forme au
niveau des banques un flux de liquidités qui n'est pas puisé dans
l'épargne des ménages. On peut aussi interpréter ce flux
comme étant la monnaieflux au sens de Godley.
Cette offre additionnelle de la monnaie bancaire va
générer un processus séquentiel de paiements (salaires) et
de consommation et par conséquent un transfert de dépôt
entre les agents économiques. Si nous appelons épargne
désirée, la demande d'encaisse monétaire
(dépôt) générée le long du processus de
multiplication, chaque période, 50 % du revenu de la période
précédente sera utilisée pour acquérir de nouvelles
encaisses monétaires (Dépôt) et va permettre ainsi aux
entreprises de rembourser leur dette. C'est le financement au sens de Paul
Davidson ou le financement définitif ou encore la monnaie-stock au sens
de Godley et Cripps.
Cependant certains économistes à l'instar de
Robertson (1926) pense qu'une création monétaire par les banques
au-delà de la quantité qu'elle dispose peut être source
d'inflation et déstabilisée le secteur économique. En
outre, Bencivenga et smith (1991) montrent que le système bancaire
permet de réduire le risque de liquidité. En effet, en absence de
banque, les ménages se protègent des chocs de liquidité
par les investissements en actifs liquides mais peu productifs. Cette
inefficacité peut être considérablement réduite par
les intermédiaires financiers qui, ayant un grand nombre de
déposants, ont la capacité de mettre en commun les risques de
liquidité des épargnants et investir une part plus importante de
leurs fonds dans des projets non liquides mais plus productifs. Les
intermédiaires financiers réduisent donc une partie de
l'épargne maintenue sous forme liquide et improductive et
éliminent les liquidations
d'actifs productifs qui exercent un effet défavorable sur
la croissance. C'est dans ce cadre que le développement financier est un
levier à la croissance.
Ce chapitre avait pour objectif de recenser les débats
anciens aussi bien théoriques qu'empiriques sur la relation entre
épargne et investissement et ceux relatifs à la dimension
financière de la relation épargne-investissement.
La plupart des travaux ont été menés dans
les pays développés et ceux de l'Asie et se sont focalisés
sur la corrélation entre épargne et investissement et
l'implication pour la mobilité des capitaux. Cependant, quelques
études ont aussi tenté de déterminer la direction de
causalité entre épargne et investissement dans le cas particulier
africain (Elbadawi et Mwega, 2000 ; Agbetsiafa, 2002, Esso et Keho, 2010 ...).
Il ressort de ces études que le sens de causalité varie d'un pays
à l'autre.
La prise en compte du système financier dans
l'ajustement épargne-investissement nous a permis de mettre en
évidence l'impact du système financier dans la causalité
épargneinvestissement sur le plan théorique d'après les
théories d'inspiration néoclassique et keynesienne.
Le chapitre suivant analyse les spécificités
financières et détermine les niveaux de développement
financier des pays de l'UEMOA.
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