CHAPITRE II : SPECIFICITES ET NIVEAUX DE DEVELOPPEMENT
FINANCIER DES PAYS DE L'UEMOA
La plupart des travaux antérieurs empiriques pour
mesurer les différents niveaux de développement financier des
pays ont utilisé des indicateurs financiers de façon
individuelle. Etant donné que ces indicateurs captent différents
aspects du développement financier, il n'est pas optimal de les utiliser
séparament. A cet effet, on a fait recours à l'analyse en
composantes principales (ACP), pour construire un indice synthétique.
Le chapitre a pour objectif de déterminer les
différents niveaux de développement financier des pays de
l'UEMOA. Pour cela l'indice de développement financier de l'UEMOA a
permis de classer les pays suivant les performances de leurs structures
bancaires, d'une manière générale mais également
dans le temps.
Mais avant tout cela, on a présenté les
spécificités financières de la zone UEMOA. Les
spécificités financières de la zone UEMOA résident
dans l'inefficacité du système financier et les échecs
relatifs aux réformes financières.
SECTION 1 : LES SPECIFICITES DU SYSTEME FINANCIER DE
L'UEMOA
Les pays de l'UEMOA ont entamé les politiques de
libéralisation financière à partir de1989. Elles se
caractérisent par : le retrait du contrôle quantitatif du
crédit, la privatisation des institutions financières publiques,
l'introduction de mécanismes de marchés dans la gestion de la
politique de crédit (instauration de la concurrence), la création
d'un organisme de surveillance et la libéralisation des taux
d'intérêt. Ces réformes de libéralisation du
système financier visaient à augmenter l'efficacité dans
la mobilisation et l'allocation des ressources financières. Cependant,
malgré toutes ces mesures, le système financier de la zone
demeure « inefficace ». Dans cette section, il convient donc de
présenter les éléments qui montrent l'inefficacité
8 du système financier de l'UEMOA et les échecs
relatifs aux réformes financières de la zone.
8 Inefficacité est vue ici en termes
de contribution des banques au financement des activités
économiques et leur prédominance dans l'environnement
financier.
I-L'Inefficacité du système financier
Selon la littérature un système financier est
efficace lorsqu'il dispose des instruments de financement de l'investissement
diversifiés. L'inefficacité du système financier se
traduit par la prédominance des institutions financières
bancaires qui n'offrent pas de services de qualité alors qu'elles
perçoivent de leurs clients des commissions, agios et
intéréts excessifs. Elles ne ressemblent méme pas à
des caisses d'épargne car elles n'assurent pas bien leur rôle de
gardiennes des épargnes des populations surtout les plus
vulnérables. Ces banques sont l'expression et le lieu où se
manifeste la discrimination entre les riches et les pauvres dont l'accès
est interdit à ces derniers. Bref, elles ne contribuent pas à la
croissance économique des pays de la zone UEMOA. En plus de cela on a la
mauvaise allocation des ressources bancaires et le poids important du secteur
public et le développement du système financier informel.
I-1-La prédominance des institutions
financières bancaires
En zone UEMOA, le système bancaire y est
prédominant puisque les institutions nonbancaires sont peu nombreuses,
voire inexistantes. La bourse des valeurs mobilières de la zone est
toujours à l'état embryonnaire. Dans ces conditions, les banques
sont les principaux intermédiaires dans le financement des
activités nationales et assurent la transformation des ressources de
court terme en emplois de long terme. Par exemple au 31 décembre 2009,
la zone comptait 118 établissements de crédits dont 99 banques et
19 établissements financiers (rapport commission bancaire, 2009).
Des compagnies d'assurance existent dans la zone mais leur
représentation dans le système financier reste marginale. En
effet, la plupart du financement des investissements est assurée par les
banques. A titre illustratif, en 2009 les crédits bancaires
s'élevaient à 421,9 milliards sur un total d'environ 500
milliards de FCFA dont 387,6 milliards au secteur privé et 34,3
milliards au secteur public.
Les institutions de microfinance (IMF) ont connu
également une évolution importante dans le financement des
activités. Elles sont passées de 150 en 1994, à 400 en
2000 et à plus de 750 institutions en 2007. Les IMF ont
réalisé d'importants efforts dans la couverture des populations.
En 1993, à peine 400 milles personnes bénéficiaient des
services des IMF dans l'UEMOA. Ce nombre a véritablement
progressé pour atteindre 2,5 millions en 2000 à 5 millions en
2007. Au titre d'intermédiation financière, les crédits
accordés qui étaient de 25
milliards de FCFA en 1994 dépassaient 100 milliards en
2000 pour s'établir à près de 400 milliards en fin 2007.
Quant aux dépôts, le volume collecté reste faible, il ne
représentait que 1,5% du PIB au Benin, 0,3% en Côte d'Ivoire et
0,6% au Mali9.
En outre le réseau bancaire de l'Union demeure
oligopolistique. Dans le rapport annuel 2006, de la commission bancaire de
l'UEMOA, on notait que « les principaux groupes
(étrangers10 ) contrôlaient 34
établissements de crédits installés dans la
quasi-totalité des pays de l'Union. Ils représentent 51,5% de
part de marché, 39,4% du réseau bancaire, cumulent 47,1% des
effectifs et 40,5% des comptes ouverts à la clientèle
»11.
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