II-L'analyse post-keynésienne de la finance, de
l'épargne et de l'investissement
Dans cette sous section, nous allons présenter
l'analyse de Sodokin (2004) et celle de Poulon (2000) qui montrent chacun,
respectivement, comment les politiques traditionnelles de libéralisation
financière et les Programmes d'ajustement structurel (PAS) n'ont pas
suffit à stimuler l'investissement par la logique néoclassique
(traditionnelle) qui les fonde, dans laquelle l'épargne apparait comme
la principale source de financement de l'investissement et de la croissance.
Ainsi, nous présenterons la logique
post-keynésienne de la finance, de l'investissement et de
l'épargne. Par la suite, un modèle stock-flux de Godley et Cripp
(1985) fondé sur le canal finance-investissement-épargne (FIE)
sera présenté.
II-1-La création monétaire, l'origine
logique de tout investissement dans un monde keynésien.
D'après les post-keynésiens, la « finance
» précède l'« épargne » dans le processus
du financement de l'investissement productif. Dans ce cas, comme
l'épargne n'est qu'un résidu, la question est de savoir quelle
est la source de financement de l'investissement. Pour les keynésiens,
c'est la création monétaire par les banques qui permet de
financer l'investissement.
Pour Keynes, effectivement la création monétaire
est l'origine logique de tout investissement. Pour lui, cette situation fait
peser sur les investisseurs une contrainte d'un nouveau type : les entreprises
qui s'endettent pour investir, sont en effet soumises à une contrainte
de remboursement qui les oblige à réaliser des profits
suffisants. Si cette contrainte n'est pas satisfaite, il en résulte un
déséquilibre : c'est la crise. Le chômage et l'inflation
s'analysent donc comme une conséquence de cet état de crise.
Quant aux post-keynésienes, le système financier
fait plus que la simple intermédiation financière entre
l'épargne et l'investissement: il crée l'épargne à
travers la finance (financement initial de l'investissement) aussi bien que
l'allocation de l'épargne à travers le financement (financement
définitif de l'investissement). Ces différents rôles sont
importants dans une économie monétaire de production5
: la finance crée les moyens de paiements qui permettent aux entreprises
de mettre en oeuvre leurs décisions d'investissement, le financement
permet au système financier de contrôler l'encaisse
monétaire des agents économiques et de prévenir ainsi la
fragilité de l'ensemble du système financier.
Dans une dimension macroéconomique, la
fonctionnalité de la structure financière peut être
évaluée par la manière dont elle assure les fonctions de
la « finance » et du « financement » ; en d'autres termes
comment elle garantit financièrement une croissance économique
stable.
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