4/ Une mortalité des jeunes enfants en baisse,
mais qui demeure importante.
Du fait d'un enregistrement lacunaire des naissances et des
décès au Burkina Faso, la mesure de la mortalité, et en
particulier celle des enfants, repose sur des enquêtes et des
estimations. A partir de là, on peut mesurer produire plusieurs
indicateurs. Les quotients de mortalité donnent la probabilité de
décéder entre deux âges. La mortalité
néonatale précoce correspond aux décès survenus
lors de la première semaine. La mortalité néonatale
correspond au décès survenus lors des premiers 28 jours, et la
mortalité post-néonatale aux décès survenus
après 28 jours et avant 1 ans. La mortalité infantile correspond
aux décès survenus entre la naissance et le premier anniversaire.
La mortalité juvénile, entre le premier et le cinquième
anniversaire. Et la mortalité infanto-juvénile, entre la
naissance et le cinquième anniversaire. Le quotient de mortalité
infantile correspond au nombre de décès survenus avant le premier
anniversaire, rapporté au nombre de naissances. Le quotient de
mortalité infantile a beaucoup baissé au Burkina
Faso, passant de 182 p. 1000 en 1960 à 91,7 p. 1000 en 2006. On note
toutefois une discontinuité de la baisse. En effet, de 93,7 p. 1000 en
1993, le quotien remonte à 107 en 1996, puis entame une nouvelle baisse
jusqu'à 81 en 2003, pour remonter en 2006. Les épidémies,
telle que celle de méningite, pourrait constituer l'explication.
Toujours estil que de manière globale, entre 1960 et 2006, la
probabilité de décéder avant un an a été
divisée par deux. Cette amélioration est due pour une grande
partie à l'augmentation de la couverture vaccinale. Mais si
l'évolution est positive, la mortalité infantile demeure trop
importante. La mortalité des moins de cinq ans, ou mortalité
infanto-juvénile, a elle aussi connu une baisse importante, passant de
360 p. 1000 en 1960 à 141,9 p. 1000 en 2006. Là aussi, la baisse
est discontinue, avec des remontées au début et à la fin
des années 90.
5/ Mortalité générale et
espérance de vie.
La mortalité générale est
représentée par le Taux But de Mortalité (TBM), les taux
de mortalité par groupe d'âge, la table de mortalité du
moment, et l'espérance de vie. Le TBM correspond au nombre total de
décès d'une année donnée, rapporté à
la population totale moyenne de la même année, et est
généralement exprimé pour 1000 habitants.
La mortalité générale au Burkina Faso a baissé,
passant de 32 p. 1000 en 1960 à 11,8 p. 1000 en 2006. Une
évolution positive, mais le taux de mortalité demeure
élevé, et recouvre d'importantes disparités selon le
milieux de vie. Ainsi, en 2006, le taux de mortalité est de 13,1 p. 1000
environ en zone rurale, contre 6,8 p. 1000 en zone urbaine [RGPH 2006]. De
même, l'espérance de vie à la naissance a connue une nette
hausse, passant de 33 ans en 1960 à 55,8 ans en 2006. Mais là
encore, il s'agit d'une moyenne qui recouvre des disparités.
L'écart entre les hommes et les femmes, très faible en 1960,
croît avec l'espérance de vie elle-même, et en 2006, elle
est de 57,5 ans pour les femmes et 55,8 ans pour les hommes. L'espérance
de vie varie aussi selon le milieu de vie, pour atteindre 64,3 ans en milieu
urbain, et tomber à 55,1 ans en zone rurale. Enfin, l'espérance
de vie varie aussi en fonction des régions, et dans la région la
moins favorisée (Centre-Est), la population vit en moyenne 15 ans de
moins que dans la capitale.
Evolution du TBM et de l'espérance de vie
à la naissance (Eo).
|
1960
|
1975
|
1985
|
1991
|
1996
|
2006
|
TBM (p. 1000)
|
32
|
24
|
17,5
|
16,4
|
14,8
|
11,8*
|
Eo (années)
|
33
|
...
|
48,2
|
52,2
|
53,5
|
55,8
|
Source : enquêtes démographiques (1960-61, 1991), et
recencements (1975, 1985, 1996, 2006) -
*les analystes du recensement de 2006 notent que le TBM obtenu
à partir des données brutes, en comparaison avec les recensements
précédents, traduit une sous-évaluation de la
mortalité. Le chiffre a donc été redressé à
l'aide de méthodes indirectes.
L'espérance de vie peut se calculer de deux
façons : pour une génération, que l'on suit de la
naissance à la mort, ou pour plusieurs génération,
à un moment donné. La seconde méthode est la plus
fréquemment employée, permettant de calculer l'espérance
de vie des générations actuelles. Ainsi, on fait comme si une
génération x, née l'année a, allait subir à
chaque âge les même probabilités de décès que
celles que connaissent à chaque âge les générations
vivantes durant l'année a. On peut ainsi construire une table de
mortalité. Et en déduire l'espérance de vie à
chaque
âge, et donc aussi l'espérance de vie à la
naissance, qui correspond alors au nombre d'années que vivraient, en
moyenne, les individus de la génération x, nés
l'année a, si les probabilités actuelles de décéder
à chaque âge, restaient inchangées durant toute la vie de
ces individus. Plus simplement, l'espérance de vie à la naissance
en 2006 correspond au nombre d'années qu'un enfant né en 2006
vivrait si les conditions sanitaires et les risques de mortalité restent
constant pendant toute la vie de cet enfant [PNUD]. L'espérance de vie
à la naissance n'indique donc pas le nombre d'année réel
d'années que ces enfants vont vivre, mais donne une idée de
l'état de santé d'une population à un moment donné.
Ainsi, une espérance de vie faible, comme cela est
généralement le cas dans les pays en développement, comme
c'était le cas encore dans la France du XVIIIe siècle, traduit
avant tout l'importance de la mortalité avant cinq, ainsi qu'aux grands
âges. En revanche, une espérance de vie à la naissance qui
augmente, correspond, dans un premier temps, à une réduction de
la mortalité des enfants, et dans un deuxième temps, à un
allongement de la durée de vie.
Espérance de vie à chaque âge, Burkina,
2006
0 1 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85
Esperance de vie (annees)
40
70
60
50
30
20
10
0
âge (années)
Le graphique ci-dessus représente donc
l'espérance de vie à chaque âge en 2006. D'une
manière générale, plus les individus avancent en
âge, plus l'espérance de vie diminue. Ce qui somme toute semble
logique. Cependant, la courbe présenté une bosse entre 0 et 10
ans. Ainsi en 2006, l'espérance de vie à la naissance est de 55,8
ans, puis elle passe à 61,35 ans à 1 ans, 60,85 à 5 ans,
et retombe à 56,76 ans à 10 ans. Après 10 ans, elle
diminue de façon régulière jusqu'à 70 ans, et
diminue de façon un peu plus lente après. Ce
graphique montre l'impact de la mortalité des moins de 5 ans, et surtout
de la mortalité infantile (moins de 1 ans), sur l'espérance de
vie. La probabilité de mourir avant un an est très importante,
mais ceux qui ont survécu sont généralement les plus
résistants, et les risques de mourir par la suite sont moins importants.
Le graphique logarythmique suivant qui représente les
probabilités de décéder à chaque âge en 2006,
illuste bien ce phénomène. A la naissance, la probabilité
de mourir est très importante. Puis elle diminue jusqu'à 10 ans.
A partir de 10 ans, elle augmente à nouveau, de façon
régulière (avec un pic autour de 20 que l'on attribue
généralement aux prises de risque des jeunes, et des jeunes
hommes en particulier). Après 80 ans, la probablitité de
décéder augment plus rapidement. A 85 ans, elle est de 1000 p.
1000, tout le monde est mort.
Evolution du quotient de mortalité selon
l'âge, Burkina, 2006
0 1 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85
quotient de mortalite
1000
100
10
1
âge (années)
De la même façon, le graphique tiré de la
table de mortalité de 2006 (voir ci-dessous), met bien en
évidence le nombre important de décès qui ont lieu au
cours des cinq premières années, au regard de l'évolution
utltérieure. Ainsi, entre 0 et 5 ans, on passe de 100 000 à 85
807 individus. Puis entre 5 et 10 ans, de 85 807 à 84 495. Soit
près de 15 000 individus qui décèdent au cours des 5
premières années (dont 10 000 la première année),
et 1 300 au cours des cinq années suivantes. Après 5 ans, le
nombre de survivants diminue de façon lente et régulière
jusqu'à 45-50 ans, puis de plus en plus rapidement après,
jusqu'à ce qu'il ne reste aucun survivant. On peut comparer ce
graphique avec l'évolution de la mortalité en
France entre au cours des deux dernier siècles. En France, entre 1800 et
1950, la courbe de mortalité s'est progressivement décalée
vers la droit, jusqu'à former aujourd'hui quasiment un angle droit, ce
qui fait qu'on parle de rectangularisation de la courbe de mortalité. Le
graphique ci-dessous montrent que la courbe de mortalité du Burkina Faso
est en cours de rectangularisation. Elle correspond à ce que l'on
pouvait observer en France à la fin du XIXe siècle. La
mortalité des adultes se réduit. Mais la mortalité dans
l'enfance et après 50 demeure importante.
Source : à partir de la table de mortalité du
moment du RGPH 2006.
De façon générale, l'espérance de
vie à connu une constante augmentation depuis 1950. Le graphique
ci-dessous a été établi à partir des estimations
des Nations Unies. On voit toutefoi que les valeurs sont inférieures
à celles des enquêtes et recensements nationaux.
Evolution de l'espérance de vie à la
naissance, Burkina, 1950-2010
60
Esperance de vie (en annees)
|
55 50 45
|
|
|
Population totale Femmes Hommes
|
40 35 30
|
|
1950-
|
1955-
|
1960-
|
1965-
|
1970-
|
1975-
|
1980-
|
1985-
|
1990-
|
1995-
|
2000-
|
2005-
|
1955
|
1960
|
1965
|
1970
|
1975
|
1980
|
1985
|
1990
|
1995
|
2000
|
2005
|
2010
|
Suite à la conférence d'Alma Ata en 1978 sur les
soins de santé primaires, le Burkina Faso adopte la stratégie des
SSP comme stratégie de développement sanitaires. C'est donc sur
cela que sont basés les Plans successifs de développement
sanitaire (programme sanitaire national, 1980- 1990, réajusté en
1984, plans quinquennaux de développement sanitaire 1986-1990,
1991-1995). A partir de 1991, la stratégie des SSP est renforcée
par l'Initiative de Bamako. L'accent est alors mis sur la
décentralisation du système de santé basé sur le
district sanitaire. Mais peu d'améliorations sont observées au
niveau des indicateurs sanitaires. Les objectifs des plan sanitaires ne sont
pas atteints. Une Politique sanitaire nationale (PSN) est adoptée en
2000. Et un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) a
été élaboré sur la base de cette politique pour la
période 2001- 2010. Son objectif général est de
réduire la morbidité et la mortalité au sein des
populations. Si ce plan a été efficace dans une certaine mesure,
puisque la mortalité générale a beaucoup baissé,
comme la mortalité dans l'enfance, il reste néanmoins de grands
efforts à faire concernant cette dernière, qui reste une des plus
élevée du monde.
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